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Prolifération des dos d’âne : Nos routes sont-elles plus sures ?

14 octobre 2018, 17:15, par Issouf

Salut à Woni l’Ingénieur,
Je me permets d’intervenir sur la problématique des ralentisseurs que nous avons sur nos routes nationales, régionales et urbaines.
Il faut le dire tout de suite, globalement cela ne se justifie pas !
Il faut le dire tout de suite aussi, ce n’est pas une approche viable…donc pas du tout une bonne politique.
Si on doit persister dans cette démarche, une solution simple : arrêtons de mettre des milliards pour aménager les voies, les routes...là les usagers motorisés n’iront plus en vitesse !!!

Il y a un problème fondamental de compréhension de la fonction à attribuer à une voie, à une route dans notre pays. Dans nos communes urbaines, ce sont les mêmes difficultés.
Vous avez abordé le problème dans une seule perspective...l’usager vulnérable dans l’agglomération traversée ou le quartier traversé. C’est vrai, il doit être protégé...valeur cardinale en mobilité comme domaine scientifique.
Quand vous prenez la peine de jeter un coup d’œil sur les pratiques et usages qui ont cours sur les emprises des routes nationales, vous comprendrez qu’il y a aussi à travailler dans le sens de l’éduquer pour qu’il comprenne que la route est pour tout le monde : faibles et forts, un espace public. Nous disons dans le jargon, route complète. Aussi fort soit-il, il ne peut tout se permettre sur la route. Aussi vulnérable soit il, il ne peut tout se permettre sur la route. Que chacun respecte les règles édictées en la matière et l’autorité se charge de les faire respecter !
Aujourd’hui des routes nationales, des voies principales ont des LOS ( level of service) qui plongent vers des D ou E, c’est à dire médiocres. Le meilleur indicateur de la performance d’un service de transport public ( bus et autres) ou interurbain reste la vitesse commerciale. Aujourd’hui les compagnies de transport interurbain(bobo-ouaga) ont des temps de parcours avoisinant 7h pour juste 360km. Pas vraiment terrible !
Au niveau institutionnel, il faut que le ministère en charge des transports et de la mobilité urbaine rentre dans la plénitude de ses prérogatives : la planification de la mobilité et des transports. En termes simples, ce n’est pas au ministère des infrastructures de décider de faire la route, c’est au transport et mobilité d’exprimer ses besoins ( type de voies ou routes avec les aménagements souhaités) et les infrastructures mettent en oeuvre. Après pour l’exploitation de la route, c’est le ministère des transports et mobilité. Peut-être que là les exploitants se feront mieux entendre . Sinon tel que fait, on a juste déplacé les problèmes : en diminuant la charge émotionnelle (moins de morts sur place) pour aller vers ce qui tue aussi à petit feu peut-être les automobilistes, les exploitants et leurs clients...enfin l’économie du pays.
Coté exploitation, l’apaisement de la circulation ne se fait pas automatiquement parce qu’on a fait appel à un outil, fut-il celui qui oblige à diminuer la vitesse ponctuellement. C’est une approche globale alliant l’infrastructure, le matériel roulant aux humains : faire un peu d’accidentologie pour mieux cerner les causes probables et agir, donc d’avoir des données. Je suis convaincu qu’une telle analyse ne manquera pas de pointer du point la fuite de responsabilité de l’autorité publique : incapacité à faire respecter les lois et autres textes règlementaires. Incapacité à éduquer les populations sur la circulation et plus globalement sur les pratiques et usages admis sur la voirie...
Le sujet est long...ma conviction est que le décideur a choisi la facilité...il a fait du court-termisme. Pour le long terme, le développement de nos villes, de nos régions et du pays... on est dans les mains de Dieu. Pour s’en convaincre, regardez comment notre capitale est inefficace…elle tourne largement en deçà de ses potentialités, elle aurait pu permettre de créer plus de richesses...mais non ce n’est pas ce qu’elle fait, plutôt le contraire.


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