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Assassinat de Thomas Sankara : L’UNIR/PS commémore le 15 octobre 2018 à Koudougou

12 octobre 2018, 11:10, par l’Intègre

Source : Afrique Asie N°308 datés du 07/11 1983.
* On a souvent dit que le capitaine Sankara a acquis sa popularité en Haute-Volta par son attitude sur le « champ de bataille », lors des escarmouches de 1974-1975 à la frontière voltaïco-malienne. Qu’en est-il ? Que pensez-vous de cet épisode de votre carrière politico-militaire ?
Thoma.S. — J’étais, à l’époque, lieutenant de l’armée de mon pays et je commandais une unité ; celle-là même dont on parle beaucoup aujourd’hui et qui est dirigée par mon camarade et ami, le capitaine Blaise, à Pô. En 1974-1975, je faisais mon devoir ; celui d’un officier qui se trouve à la tête d’une troupe et qui se doit de la protéger, de veiller à la sécurité des hommes dont la responsabilité lui a été confiée. Pour parler de « popularité », je n’ai fait qu’appliquer la’ tactique militaire connue des armées du monde entier et qui implique des attitudes offensives et défensives. En somme, j’ai accompli mon devoir. J’espère l’avoir bien fait. Mais je dois ajouter que, en marge de cet aspect militaire, j’avais l’âme en peine. Certains moments m’avaient alors profondément troublé et convaincu davantage que, Voltaïques et Maliens, nous étions dans un combat inutile et injuste vis-à-vis de nos deux peuples. J’étais d’autant plus peiné qu’avant même d’aller au front, je contestais la nécessité politique et humaine de cette « guerre ». J’estimais que le conflit pouvait et devait être rapidement résolu par nos chefs d’Etat. J’étais encore peiné à la vue de ces soldats qui ne comprenaient pas pourquoi Ouagadougou les avait envoyés là, qui cherchaient en vain le Malien et à qui il arrivait souvent de rentrer « bredouilles » de patrouilles longues et harassantes. Des soldats qui, progressivement, comprenaient pour qui et pourquoi ils risquaient de Mourir et pourquoi ils mouraient — car il y avait aussi des morts. Cela m’était d’autant plus pénible qu’en tant que « chef », je devais les maintenir là.


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