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Défense et sécurité nationale : « Nous avons décidé de prendre le taureau par les cornes », dixit Roch Kaboré

18 mai 2018, 07:44, par Ultima R2

CUBA : UN PAYS QUI SAIT FAIRE FACE AU TERRORISME
Un peuple et ses dirigeants, ensemble (oui, ça surprend)

Les événements tragiques que le Burkina a connus ces derniers mois doivent nous inciter à regarder comment et avec quel succès d’autres pays ont géré des circonstances analogues. A cet égard Cuba est emblématique car ce pays vit depuis 56 ans sous la menace d’attentats terroristes. Alors voyons simplement comment vivent les Cubains confrontés à cette menace permanente. Il ne s’agit évidemment pas de prendre Cuba comme un modèle que le Burkina devrait copier, car chaque État doit faire face selon sa propre histoire, sa culture politique, ses institutions et ses lois. Mais en matière de sécurité aussi, il faut se garder de s’inféoder à une pensée unique souvent guidée par la peur, le court-termisme et le marché. Le texte qui suit n’a pas pour but de donner des recettes pour combattre le terrorisme, il évoque un exemple parmi d’autres …

Rappel historique

En janvier 1959, la révolution castriste a renversé et chassé le dictateur Batista ; révolution qui rendit furieuses les classes dominantes cubaines... Furieuses par la perte de leurs prérogatives, mais aussi et surtout par le dangereux exemple que donnait cette révolution aux yeux de millions de personnes dans le monde. Pour les riches exilés cubains réfugiés ailleurs, il fallait donc à tout prix renverser ce régime honni et ils ont toujours eu certain soutien pour mener ces tentatives de déstabilisation.

En avril 1961, 1500 mercenaires entraînés et armés débarquent à Cuba dans la baie des Cochons afin d’envahir l’île et de renverser le gouvernement. En moins de 72 heures les envahisseurs sont mis en déroute et la plupart sont fait prisonniers. Cette victoire est celle du peuple cubain bien organisé dans des milices populaires, une armée et une police révolutionnaires.

Entre 1959 et 1965, une campagne de sabotages et de terreur cause des centaines de morts dans la population cubaine. Environ quatre mille “bandidos” ont incendié des champs de canne à sucre, dynamité des entrepôts à la Havane, torturé et assassiné des paysans qui bénéficiaient de la réforme agraire, mené des centaines de tentatives d’assassinats contre Fidel Castro.

En 1976 la terreur atteint son point culminant : un avion de ligne cubain est abattu et 73 passagers y perdent la vie. Dans les années 90 – alors que Cuba tente de développer son secteur touristique pour contrer l’aggravation du blocus économique – ce sont cette fois des hôtels, des centres touristiques, autobus, aéroports et autres installations de vacances qui deviennent la cible d’une série d’attentats à la bombe.

La réponse cubaine

Malgré toutes ces attaques, le gouvernement castriste est toujours en place et les Cubains ne vivent pas dans la peur. Curieusement, on ne voit pas de tanks ni de véhicules militaires dans les rues, pas de soldats armés patrouillant à l’aéroport, pas de vigiles aux entrées des bâtiments publics… On aurait pu s’attendre à ce que les autorités proclament régulièrement l’état d’urgence pour des semaines ou des mois, ou qu’elles mettent régulièrement à l’arrêt les transports publics, qu’elles interdisent les compétitions sportives, ferment temporairement les écoles, suspendent en permanence les libertés… Non, les Cubains vont et viennent librement alors que la menace terroriste n’est jamais très loin même encore maintenant.

Ce n’est pas que Cuba prenne la menace terroriste à la légère ou fasse preuve de laxisme envers les actes terroristes potentiels. Bien au contraire, depuis 1959, la lutte anti-terroriste reste la priorité absolue du gouvernement cubain. Pour ce faire les autorités cubaines ont actionné quatre leviers : l’éducation, la vigilance, le renseignement et l’infiltration.

L’éducation est un secteur privilégié et même pendant la dure « période spéciale » (1) les budgets de l’éducation et de la santé n’ont pas été diminués. Chaque enfant cubain peut accéder à l’éducation qu’il souhaite, aller aussi loin qu’il veut dans ses études. L’enseignement de l’Histoire et de l’éducation civique tient une place importante, l’amour de la patrie est exalté mais ce patriotisme est humaniste et populaire. Les jeunes accomplissent deux ans de travail au service de la Nation (service social ou service militaire). On voit encore écrit sur les murs : « La PATRIE ou la MORT », slogan scandé pendant les premières années de lutte révolutionnaire.

La vigilance de tous les citoyens : Les CDR (Comité de Défense de la Révolution), organisation de masse qui regroupe plus de 7 millions de Cubains, ont été créés le 28 septembre 1960 par Fidel Castro. Ces CDR ont permis de déjouer des sabotages, des attentats à la bombe. Ils ont aussi prouvé leur efficacité dans d’autres situations graves. Ainsi cette implication citoyenne rigoureuse fait que l’on déplore très peu de victimes lors du passage des cyclones, phénomènes fréquents et dévastateurs.

Cuba s’appuie sur sa population pour défendre le pays d’une éventuelle invasion militaire. Aujourd’hui, aux côtés de l’armée régulière, le système défensif peut compter sur deux millions de Cubains qui sont sur le pied de guerre dans les 48 heures. Ces volontaires reçoivent un entraînement annuel et savent où aller s’armer le cas échéant.

Enfin le renseignement et l’infiltration : c’est précisément ce que « les Cinq de Cuba » ont accompli pendant les années 90. Ils ont infiltré les groupes anti-castristes les plus violents afin de collecter le maximum d’informations et de pouvoir déjouer des attentats. Ils ont ainsi pu en empêcher une bonne centaine. Ce genre d’infiltration est particulièrement risqué, les terroristes n’hésitant pas à assassiner renégats ou infiltrés. De plus, s’ils sont démasqués, les infiltrés risquent de lourdes peines de prison.

Conclusion pour le Burkina Faso ???
Pourquoi aller chercher très loin dans la forêt la plante ou le remède qui a poussé et qui pousse devant sa propre porte ?

note : Merci à Lefaso.net de ne pas censurer ce post, qui est inspiré d’un article et adapté au contexte du Burkina Faso dans sa recherche de solution à la lutte contre le terrorisme.


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