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A propos d’une prétendue sécurité islamique : "Il faut défendre ce qui est juste", prévient Sayouba Traoré

26 mars 2018, 13:31, par Sanko

Bonjour OUATTARA !
Je pense que votre intervention dépeint le mal même que nous autres musulmans ou chrétiens craignons : "n’exagérons pas de sorte qu’ils ne puissent tuer le bon en cherchant à tuer le ’mal’."
C’est pour cette raison que tout musulman sera contre cette initiative de "sécurité islamique", et surtout dans un contexte comme celui du Burkina actuel.

Juste une parenthèse, (ne la prenez pas mal, ma réaction qui suit, prenez plutôt la peine de chercher à la comprendre, ce ne sera pas non plus grave si vous n’y parvenez pas.)

Pour expliquer ma citations plus haut, je pense que ce sont ces genres de réactions, comme la votre, que nous craignons. Si les religions exagèrent, les politiques et autres ennemie des religions aurons des raisons légales de les priver de certains de leurs droits. Par exemple, vous proposez que L’État stoppe la vie religieuse dans les campus suite à cette initiative de "sécurité islamique".
Je déplore vraiment cette initiative, pas pour vous plaire, mais par intime conviction que cela fera plus de mal que de bien, mais je n’y trouve aucun lien avec votre intervention. Vous-en voulez peut-être aux les religieux dans les universités, je ne pense pas !? Alors pour moi c’est une intervention sans réelle analyse et nous devons éviter cela. Nous nourrissons des tensions inutiles pour le Burkina juste parce qu’il faut répondre à un article, tout le monde n’a pas la bonne compréhension (bien sûre que nous ne devons pas non plus tolérer des écarts pour cette raison, mais il faut qu’il y ait vraiment d’écart).

Nous, africains, sommes religieux et nous en accordons un intérêt particulier (musulmans, chrétiens,...), pourquoi ne pas nous les enseigner, nos religions, avec la méthode de la science ? L’université est le temple du savoir et nous ne pouvons pas écarter les sciences religieuses et espérer vivre un climat social sain, combien estimons nous le nombre total de religieux au Burkina, presque 100% !? Des gens que l’on pouvaient satisfaire en formant nos propres savants religieux dans nos universités. Ainsi, notre pays (c’est valable pour l’Afrique) ne serait pas la synthèse ou le lieu d’expérimentation de milliers de courants religieux avec le risque d’endoctrinements dangereux. Et même si cela n’était pas évité, ils serait formés pour faire rationnellement face à ces courants. Les personnes cherchent des voies et moyens pour apprendre et pratiquer leur religion.

J’ouvre là une autre parenthèse (pour dire que ceux qui ont créer ce soit disant "sécurité islamique", s’ils avaient suivit une méthode scientifique ils s’apercevront que l’idée n’est pas la bonne et ne sera pas acceptée, et l’abandonneront. Au fond, les gens sont animés par le désire de faire le bien pour leur pays..?)

Vous proposez de boutez les religions hors des temples de savoir et espérez une bonne compréhension et une bonne pratique de ces religions ?
Proposez alors que l’on n’enseigne pas le droit ou l’économie à l’université ? Et pourquoi c’est nécessaire d’enseigner ces disciplines ? La réponse que vous donnerez sera valable pour la raison pour laquelle les religions ont leur place dans les universités.
Et si ces disciplines étaient enseignées, les activités comme "les 72H de la promotion xy1 l’UFR xy", la "grande conférence de ...", ..., ne seraient pas acceptées à l’université ?
Vous enseignerez l’islam et empêcherez aux étudiants qui veulent de prier (en choisissant bien sûre des lieux fixes qu’ils soumettent à l’approbation de l’UFR) ?
Vous enseignerez le christianisme à l’université tout en empêchant aux étudiants qui le désirent d’y faire leur prière matinale avant la classe ?

Beaucoup de choses seraient pires que les religions en matières de radicalisme si elles n’étaient pas enseignées à nos enfants par la méthode scientifique dans les écoles et universités, la mauvaise compréhension est un mal.

Alors, ces religions ne sont pas enseignées, il n’y a pas d’UFR de "Théologie" dans nos universités, mais des futures cadres se sont constitué légalement en société civile au tour des initiatives pour s’approprier leur religion et l’enseigner au tour d’eux. Ces associations se regroupent même au tour des thématiques transversales dans des cadres comme le dialogue interreligieux.
Vous demandez que ces gens soient combattus ? non, je suis d’avis que vous pouvez plaider qu’ils soient mieux organisés et encadrés. La bonne compréhension des religions, c’est le travail que font bon nombre d’associations à l’université et leur absence sera aujourd’hui un réel danger. Si vous savez ce que ces gens investissent pour lutter contre l’extrémisme, les sacrifices qu’ils bravent pour former leurs militants et sympathisants à la bonne compréhension, si vous savez les menaces dont sont victimes ces gens (et qui serait normalement gérées par l’administration), vous retirerez tous ce que vous avez dit. Excluez ces gens de l’université et nos enfants y vivront la loi de la jungle.

Pour prendre l’exemple des musulmans dont vous avez brandi, excluez ces gens à l’université et vous n’aurez plus de mosquée bien organisée certes, mais chaque espace de l’université deviendrait une aire de prière ’légale’ pour eux et ils y accompliront chaque heure de prière. Et il n’y aura aucun responsable pour vous répondre.

Un autre exemple, les Burkinabè aiment se faire former au Sénégal, et je le témoigne, il font vraiment de l’exploit dans la sous-région. Allez-y me citer une seule université sans au moins deux grandes mosquées (je ne parle pas de mosquée d’UFR ou de cité universitaire qu’on ne peut dénombrer).
- Est ce que nos enfants s’en plaignent quand ils reviennent ?
- Est ce que leurs universités sont pour autant des universités non laïques ou moins laïques que celles de la France ?
- Est qu’ils croient aujourd’hui que c’est un danger pour eu cette situation ?
C’est ça la laïcité en Afrique, celle dont vous faites référence est surnommée "Laïcité à la Française". Celle promue au Burkina est plutôt une acceptation de tous dans tous les espaces publics sans discrimination de quelque sortes que ce soient, DANS LA LIMITE DU RESPECT DES TEXTES EN VIGUEURS. Renseignez vous, il y a eu pas mal de forums sur la laïcité au Burkina. Je suis ravis que même dans certaines écoles confessionnelles au Burkina, la laïcité comme promue dans notre pays est appliquée quand bien même ces écoles sont dans leur droit de refuser les symboles des autres confessions. Je vous invite à faire autant, ce n’est pas ça notre mal, il est ailleurs.

Vu de dehors ça parait vilain et inacceptable les mosquées et associations dans les universités, mais je pense que quand vous serez nommé Président de l’université, vous aller comprendre comme ces gens sont d’un grand soutien ! Et je vous promets que vous ne manquerez pas de parrainer certaines de leurs activités.

Vous vous êtes déjà demandé le rôle de ces gens, qui ont eu la chance de fréquenter ces associations, dans l’avancée de la bonne gouvernance au Burkina ? J’en connais un certain nombre (musulmans, chrétiens et protestants), dont leurs militants, s’ils pouvaient remplir les administrations et institutions, seraient une fierté pour les Burkinabè, des gens à qui on peut faire entièrement confiance (même si dans votre monde laïc ce mot est mort et enterré ; et affirmé son existence devient utopique, et même dénoterait d’une certaine faiblesse d’esprit ou inexpérience).

Non, ils existent ces gens issus des associations à l’université qui fond aujourd’hui la fierté du Burkina et dont les soient disant laïcs font tous pour ne pas les avoir à leur coté, parce que sinon, pas de deal...


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