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Attaque du Groupement des forces anti-terroristes : Le gouvernement appelle les populations à dénoncer tout mouvement suspect

26 septembre 2017, 12:07, par Kôrô Yamyélé

- A Son Excellence Mr RMCK, Président du Faso ;
- A Son Excellence Mr PKT, Premier Ministre ;

Nous voici à l’aube des rentrées scolaires. Ce que je vous dirai ici n’est nullement de la provocation à l’égard de qui que ce soit, ni de créer la polémique inutile. Loin de moi cette idée. Je me base simplement sur un fait qui commence à prendre de l’ampleur dans le pays : il s’agit du port outrancier du voile intégral ou niqab ! J’ai toujours alerté sur ce phénomène et j’ai toujours soutenu qu’il y a probablement des ‘’usines’’ de conversion au fondamentalisme qui marchent à pleins gaz dans les quartiers périphériques et dans les habitations spontanées ou non-lotis. Je n’ai jamais été écouté !

Mr le Président du Faso, Mr le PM, je viens de dire que nous sommes à l’aube des rentrées scolaires, et bien que notre pays le Burkina Faso soit un État laïc, sous avons le droit de protéger nos écoles contre la percée du fondamentalisme dans son milieu. Je sais que même les pays développés ne sont pas à l’abri puisque depuis le commencement la religion a toujours téléguidé les hommes. Mais ce que je vois dans nos universités et grandes Écoles commence à dépasser l’entendement ! Il y a des étudiantes de plus en plus voilées qui prennent d’assaut les salles de cours au grand dam des enseignants et enseignantes. Il y a également des coins de prière partout dans les enceintes de nos universités et grandes Écoles, souvent délimités par des alignements de cailloux ! Qui a autorisé ces faits ? Est-ce le silence des autorités de ce pays qui encourage la progression insidieuse de ces actes dont les auteurs se croient tacitement autorisés ? Pour moi, il faut attaquer ces actes sous trois angles :

1/- Les enseignants devraient se liguer contre ces pratiques qui finiront par instrumentaliser nos universités et écoles. Ils doivent se donner le devoir de respecter les exigences pédagogiques et doivent prendre en compte le fait que la religion a ses lieux de culte, et ne doit donc pas se pratiquer ni à l’université, ni à l’école. Biensûr qu’il n’appartient pas aux enseignants d’interférer dans la liberté de celles qui portent la niqab, mais il est de leur devoir de leur expliquer que cette attitude empêche les exigences de la pédagogie ;
2/- La Société civile doit bien veiller et rester vigilante pour faire respecter la loi et l’État laïc, et préserver nos Écoles de l’instrumentalisation par le religieux et le politique. Il faut pousser la société à se mobiliser pour défendre et protéger les idées des lumières ;
3/- Édicter une loi qui précise clairement les missions de l’école qui ne sont ni religieuses, ni politiques. Cette même loi doit interdire totalement et fermement les pratiques religieuses et les ports de tenues à identité religieuse ostentatoires à l’école. C’est à prendre ou à laisser ! En Tunisie, quand les salafistes ont commencé à infiltrer l’école par leurs pratiques, Habib Kazdaghli, le doyen de l’université de la Manouba en Tunisie a clairement soutenu que ‘’Le voile intégral empêche la communication, et à l’école, on ne cherche pas à respecter Dieu, on respecte le savoir’’.

Je sais que beaucoup vont s’en prendre à moi et m’insulter même. Mais je les rassure que moi aussi je crois en Dieu autant qu’eux sinon plus qu’eux. Il faut simplement être réaliste et empêcher à temps les dérives, sinon pourquoi ne pas aussi créer des universités pour étudiants mossis, des universités pour étudiants peuls, des universités pour étudiants samos - pour ne pas oublier notre PM -, des universités pour étudiants dagaras et que sais-je encore !?

Mr le Président du Faso ;
Mr le Premier Ministre
 ;

Regardez ce qui se passe au Nord de notre pays, le Burkina Faso ! Pourquoi les islamo-terroristes s’attaquent-ils à l’école et aux symboles de l’État et de la force publique que sont les Brigades de Gendarmeries et Commissariats de Police ? C’est parce qu’ils cherchent à détruire la légitimité de l’école dans la livraison du savoir et détruire et fragiliser l’État laïc !! Ce qui les permettra de s’infiltrer partout et de maîtriser tout !

Le Burkina Faso n’est pas plus religieux que la Tunisie. Et pourtant là-bas des lois sont prises et appliquées fermement pour protéger les Écoles et Universités contre le fondamentalisme et le conservatisme. Dans notre pays cela est bel et bien possible d’autant plus que les musulmans de notre pays ont tous affirmé de vives et audibles voix qu’ils ne sont pas des supporters des islamo-terroristes qui se cachent derrière l’islam, une religion de paix et de tolérance, pour commettre leurs forfaits. Et je suis sûr qu’ils applaudiront si de telles lois sont édictées pour protéger nos Écoles et Universités contre l’infiltration des fondamentalistes.

Chers Mrs le Président et Premier Ministre, Habib Kazdaghli, doyen de l’université de la Manouba en Tunisie que je viens de citer plus haut a affirmé qu’il faut combattre toute tentative rétrograde, et qu’il faut donc que les écoles établissent des lois strictes et claires pour cela. Son université à lui a établit son règlement en juillet 2012. Les islamistes qui voulaient que la Constitution tunisienne soit inspirée de la Charia et que le principe de de l’égalité entre hommes et femmes soit remis en cause, l’ont combattu naturellement. Il faut s’y attendre dans tels cas évidemment. Mais il a tenu et leur conseil a voté un règlement qui interdit le niqab en cours. Et il affirme en plus que : ’’Quand une étudiante se présente sous cet accoutrement, l’enseignant lui dit qu’il n’est pas en situation pédagogique et qu’elle doit l’enlever en vertu du règlement interne. Si elle refuse, il est alors obligé d’arrêter le cours et d’écrire un rapport destiné à la direction. C’est ainsi que nous avons pu abolir le niqab dans notre université. Par simple application de la loi, mais il faut bien qu’elle existe’’.

Excellences ;

Je m’excuse de vous avoir importuné, et je m’excuse auprès de tous ceux et celles qui seront frustrés par cet écrit, mais en conclusion, je reviens à Mr Habib Kazdaghli pour lui emprunter une fois encore ses termes : ‘’L’État peut s’affaiblir. C’est le cycle de l’Histoire. Mais chaque corps doit continuer à défendre ses exigences’’.

Par Kôrô Yamyélé


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