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Abdoul Karim Saidou : "Avec la mort de Salif Diallo, on passe d’un gouvernement à deux têtes à un gouvernement à une tête"

24 août 2017, 06:12, par Eric de KOURIA

Chapeau à Mr Abdoul Karim SAIDOU pour la profondeur de ses analyses. Je les partage entièrement. Dans une de mes réactions, aux premières heures de l´annonce du décès du président de l´ Assemblée Nationale, j´avais écrit ceci :

« La disparition de Salif DIALLO, douloureuse soit elle-pour sa famille et ses amis politiques, est aussi une chance inespérée au président Roch Marc Christian KABORÉ de reformer pacifiquement nos institutions, de faire le grand nettoyage autour de lui et de se consacrer sans « politique politicienne » aux problèmes de tous les Burkinabè. Gorba n´a jamais fait l´unanimité. Il a su nourrir de la controverse quand cela servait ses intérêts. Un pilier du trio vient de tomber. Les cartes doivent être redistribuées. Le système de gouvernance doit être revu et corrigé. Le président en est-il conscient !? Les hommes changent au contact du pouvoir. Ils sont des centaines sinon des milliers, ces politiques maintenant orphelins, parce qu´ils devaient leurs carrières à la seule volonté de Gorba. Et c´est dans la redistribution des cartes que le MPP risque d´imploser. Les inconditionnels de Gorba risquent maintenant de faire les frais de la colère latente mais visible du peuple, mais aussi de l´entourage de l´humaniste Rock. Lequel entourage perdait souvent patience face aux humeurs de Gorba ».

Si les choses n´ont pas véritablement bougé depuis l´élection de Rock, c´est le fruit des luttes intestines, c´est le manque de coordination de l´action gouvernementale. C´est aussi le fait d´un gouvernement à deux, sinon á trois têtes où chacun veut garder son influence. Il faut le dire sans avoir peur ! Le président bien que « bien élu » par le peuple n´était pas totalement libre. Il devait partager ses prérogatives avec quelqu´un qui se disait incontournable et si indispensable qu´il se permettait de menacer tout le monde. Salif inspirait à tous les niveaux plutôt la crainte que le respect. Beaucoup au gouvernement lui doivent d´ailleurs leurs postes. Ce type de gouvernance doit prendre fin. Le président doit prendre en compte l´aspiration du peuple Burkinabè à avoir des institutions fortes et non des hommes forts, faiseurs de rois et de princes. Le messianisme et le machiavélisme politique doivent disparaitre de notre univers politique. Les séquelles des mauvaises décisions des années 87, 89 et 91 et les crimes commis sous le long règne de Blaise Compaoré nous suivent toujours encore aujourd´hui. La brutalité verbale et physique, l´arrogance, le clientélisme et le subjectivisme, l´achat des consciences, la politique politicienne doivent désormais être bannis. Le président a le choix. Ou il fait table rase sur le passé, et il aura tout un peuple derrière lui pour l´accomplissement de son agenda, ou il continue sur la même lancée, c´est à dire la méthode Salif Diallo, et là il finira comme Blaise Compaoré. Le Burkina de 2017 est bien différent de celui de 1987. Les mensonges et les contrevérités historiques doivent á jamais disparaitre. En somme le président a les mains libres pour se constituer une équipe á lui, une équipe débarrassée des considérations malsaines et de ces alliances d´intérêts égoïstes. Seul doit maintenant prévaloir le langage de la vérité. Pour exister le pouvoir a besoin d´un contrepouvoir fort, c´est à d´une opposition qui exerce pleinement son rôle et qui peut à tout moment interpeller le gouvernement. Mettre l´opposition en difficultés et la torpiller parce que l´on veut juste garder le pouvoir est une pratique révolue.
La Patrie ou la Mort, Nous Vaincrons !


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