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Audit du Conseil supérieur de la communication : Nathalie Somé, maillon faible et bouc émissaire de Marius Ibriga

14 juin 2017, 12:41, par Onymes

Monsieur Kalmogo, est ce que vous avez lu le rapport ? Venez lire ça aussi ajouter et vous allez vous calmer.
Le rapport de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE/LC) qui a défrayé la chronique il y a quelques semaines, n’a concerné que les élections couplées de novembre 2015. Et voilà que d’autres révélations à propos des municipales du 22 mai 2016 tendent à éclabousser le Conseil supérieur de la communication.

Six marchés fractionnés de 28 825 780 de francs CFA en hors taxes octroyés, de gré à gré, à la même entreprise « Le Passoré ». Et ce n’est pas tout.

La stratégie ? Fractionner les marchés pour ne pas faire d’appel d’offres ouvert mais plutôt du gré à gré. Et favoriser ainsi une entreprise donnée. Et ici, c’est l’entreprise « Le Passoré » qui en a profité. Et généralement, dans ce cas de figure, explique un spécialiste du domaine, les surfacturations ne sont pas exclues. Il y a d’abord eu deux contrats de livraison de consommables informatiques. Chaque marché a coûté 4 915 000 FCFA, soit un total de 9 830 000 francs. Ensuite, deux contrats d’acquisition de fournitures de bureau de 4 839 500 chacun. Donc au total 9 679 000 francs CFA. Le troisième contrat fractionné en deux marchés concerne l’acquisition d’équipements de monitoring pour la station de Fada. Montant total : 9 316 780 FCFA ; soit une première commande de 4 713 500 francs et une deuxième de 4 603 280 FCFA. « Tous ces marchés ont été passés mais il n’y a pas eu de livraison. Cependant, l’argent a été payé à l’entreprise », confient des sources qui suivent de très près le dossier. A Fada, où le matériel est supposé avoir été envoyé, on est formel : la délégation régionale n’a jamais reçu d’équipement de monitoring en 2016. Le matériel actuel de monitoring est un vieil équipement installé, il y a bien longtemps dans la capitale de l’Est, parce que le CSC avait acquis, à l’époque, du matériel neuf.

Selon un spécialiste des marchés publics, la technique est bien rodée. « On fractionne les marchés à moins de 5 000 000 de francs CFA pour ne pas procéder à un appel d’offres public ; ce qui permet d’attribuer le marché à qui l’on veut. Et tous ces marchés ont été attribués à la même entreprise « Le Passoré », dirigée par Salamata Yoda/Séré, grand-sœur du Directeur de l’administration et des finances du CSC, Souleymane Séré. A la création de l’entreprise, le DAF a sollicité à l’un de ses collègues de l’instance de régulation des médias, Serge Tiaho, de lui proposer un logo pour l’entreprise de sa sœur. Ce dernier affirme avoir fait trois propositions. Les logos en question ont été réalisés le 7 avril 2015. Tout cela a fait penser à certains acteurs du CSC que le DAF serait le vrai propriétaire de l’entreprise « Le Passoré » et que sa grand-sœur n’est, en réalité, qu’un prête-nom.

Visiblement, l’entreprise semble avoir été créée pour capter les différents marchés publics du CSC, affirment des sources bien averties de la question. Des exemples ? Il y en a à la pelle ! A ce jour, de nombreux marchés publics (consommables informatiques, fournitures de bureau, équipements de monitoring, appareil de mesure de champ) ont été octroyés à l’entreprise « Le Passoré ». Selon nos informations, face aux gendarmes enquêteurs, le Directeur de l’administration et des finances du CSC, Souleymane Séré, a reconnu le fait de favoritisme. Sa sœur a fait les mêmes aveux à la gendarmerie. Elle n’a pas pu, cette fois, se dérober comme elle avait réussi à le faire face aux contrôleurs de l’ASCE/LC.

Mais la présidente du CSC, Nathalie Somé, ne désarme pas après la publication du rapport d’audit sur la gestion financière et comptable des fonds publics alloués pour l’organisation des élections. Elle a d’abord adressé une correspondance au président du Faso pour demander une contre-expertise. Quelques jours après, ce sont des organisations de la société civile de Bobo Dioulasso qui prennent la même rengaine. Le rapport de l’ASCE/LC serait partisan et à charge. Il faut donc privilégier la contre-expertise. Pourtant loin de la lumière, les jours n’ont pas été d’un sommeil paisible pour la présidente de l’institution. Après le dépôt du rapport de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption, les gendarmes ont pris le relais et au moins 20 personnes ont été entendues. Forage fictif à Fada, conditions d’octroi des marchés de gré à gré, entente directe, explication sur les dépassements de ligne budgétaire… Devant les enquêteurs, la présidente du CSC, son DAF, son directeur des marchés publics, Salifou Koula, sa nièce Portio Nadine Traoré et la grand-sœur du DAF Salamata Yoda/Séré ont été auditionnés et se sont expliqués sur les soupçons de détournement qui pèsent sur eux. Face aux officiers de police judiciaire de la gendarmerie, Nathalie Somé a prétexté du contexte difficile de la Transition pour justifier le non-respect, à des moments donnés, des procédures et des réaménagements du budget sans l’avis technique du ministère de l’Economie. Elle se réfugie derrière le fait que l’organisation des élections a été une réussite. Et sur le fait que l’institution qu’elle dirige a été félicitée. Elle affirme d’ailleurs n’avoir rien inventé et que ce sont des pratiques qui ont toujours eu cours au sein de la maison. Face à certaines questions, Nathalie Somé rejette la responsabilité sur son directeur de l’administration et des finances et son directeur des marchés publics. Son argument ? Elle n’est pas technicienne et n’a fait que signer les contrats après l’étude technique. Son DAF, Souleymane Séré, lui, a reconnu que les procédures n’ont toujours pas été respectées et cela a entrainé des gouffres financiers à combler. En vue de combler le déficit, il dit avoir sollicité la nièce de la présidente du CSC afin qu’elle établisse une facture fictive à hauteur de 25 000 000 de francs CFA comme frais de pause-café et de déjeuner. Ainsi, Portio Nadine Traoré, propriétaire du maquis-restau « Ambassade », situé à Bobo Dioulasso, a fourni une facture fictive au nom de son maquis-restau. « Cette opération » a rapporté à la nièce de la présidente du Conseil supérieur de la communication entre 1 et 1 500 000 francs CFA selon des aveux du DAF auditionné trois fois par les gendarmes. Souleymane Séré reconnait qu’on peut lui reprocher l’infraction de favoritisme pour avoir « donné » des marchés à l’entreprise de sa grand-sœur, mais rejette les accusations de détournement sur plus de 80% du budget des élections couplées de novembre 2015 alors que les activités se sont tenues.

Avalanche de soupçons

Après des jours d’audition à la gendarmerie, la présidente du CSC, le directeur de l’administration et des finances, le directeur des marchés publics, la directrice générale de l’entreprise « Le Passoré », Salamata Yoda/Séré, sont soupçonnés de détournement de fonds publics, de faux et usage de faux, de complicité de faux et usage de faux, de favoritisme, de conflit d’intérêt et de malversation. La nièce de la présidente du CSC, Portio Nadine Traoré, elle, est soupçonnée de complicité de détournements de fonds. Au regard de la gravité des soupçons, il a plané, un moment, la mise aux arrêts des cinq personnes selon des sources sécuritaires. Mais le Procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou, Laurent Poda, serait intervenu pour éviter cela. Faux, rétorque l’intéressé qui souligne qu’il a été informé par le Procureur du Faso de ce que la gendarmerie menait une enquête complémentaire à la suite du rapport de l’ASCE/LC. « Si, après cette enquête, les faits sont avérés, un juge d’instruction sera saisi. Il appréciera les faits, procédera à des inculpations et décernera des mandats de dépôts s’il l’estime nécessaire », affirme le PG. Et Laurent Poda de marteler qu’il est « sans état d’âme dans le traitement des dossiers », mais estime qu’ « il faut sérier les choses ». Il précise que les mesures de garde à vue sont possibles lorsqu’il s’agit d’une enquête pour flagrant délit. Et en la matière, une enquête complémentaire permet au parquet d’apprécier les faits, d’ouvrir une information judiciaire s’il y a lieu et de confier le dossier à un juge d’instruction. Le dossier est pour sûr dans les mains de la Justice et une suite est attendue. Au CSC, le climat de travail est délétère. Et pourrit de plus en plus.

Par Atiana Serge OULON


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