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Proposition de loi sur le droit de grève : L’Unité d’action syndicale fermement opposée

11 mai 2017, 13:11, par SYNDICAT

-  Les aberrations économiques : là aussi retenons trois éléments sur plusieurs

D’abord, les inexactitudes et les grossièretés financières dans cette proposition de loi. En effet, dans la présentation des motifs, il est écrit : « Par ailleurs, force est de constater que les augmentations salariales consécutives aux nombreuses grèves sont en passe de déséquilibrer de manière structurelle notre économie. En effet, pour le cas du Burkina Faso, les traitements et salaires des fonctionnaires et agents publics absorbent environ 54% des recettes annuelles de l’Etat contre un critère de convergence estimé à 35% au sein de l’UEMOA.
Le ratio 54% (salaires et traitements divisés par l’ensemble des recettes) attribué aux traitements et salaires des fonctionnaires est inexact pour les raisons suivantes :
-  Au niveau du numérateur : Parmi les salaires et traitements il y a les émoluments des ministres et autres accessoires, ceux des députés, présidents d’institutions, les caisses noires non justifiées (Présidence, AN etc.). Donc que ces techniciens nous disent quelle est la proportion de cette masse financière dans les traitements et salaires ? Et si la gouvernance était vertueuse avec une transparence irréprochable dans la gestion, ce numérateur va donc se réduire énormément.
-  Au niveau du dénominateur : parmi les recettes, il faut noter qu’il manque les fonds pillés ou détournés, les pertes liées à la fraude fiscale, aux exonérations dans l’ombre, aux prêts non remboursés par les dignitaires etc. Et si tout ceci était aussi récupéré, le dénominateur s’agrandira considérablement. Donc si tous ces éléments sont considérés, on verra que le Burkina Faso se retrouvera avec un Ratio qui sera même nettement en dessous de ce « critère de convergence estimé à 35% au sein de l’UEMOA ». Donc les salaires peuvent bel et bien être augmentés.

Ensuite, quand on écrit dans les motifs de cette proposition de loi que : « Dans un contexte où le taux de mobilisation des recettes reste encore faible, la satisfaction indue des revendications du fait de certaines pressions syndicales contribue à aggraver ce déséquilibre. Si cette régulation n’est pas opérée dans des délais raisonnables, la détérioration constante de cet indicateur pourrait compromettre à terme la solvabilité de l’Etat et hypothéquer les chances de développement du pays. » ; Cela est inacceptable. En effet, quand les pouvoirs publics annoncent que « l’apurement de la dette est nécessaire pour maintenir la crédibilité de l’Etat », il est bien de savoir que les créances sociales (salaires, indemnités …) font parties des 4 types de créances qui composent la date intérieure et qui sont : les créances sociales (salaires, indemnités …) ; les créances commerciales (fournisseurs de marchés de l’Etat non payé, …) ; les créances fiscales (crédits de TVA,…), et les emprunts obligataires. Donc, dans une économie sérieuse et viable on ne porte pas une vision étriquée, restrictive et négligente sur l’agent consommateur, encore qu’il n’est démontré nulle part que le fonctionnaire ne fait pas partie des investisseurs au vu de son rôle social dans nos communautés. L’ignorer c’est être un dirigeant sans vision, donc programmant un réveil douloureux à son peuple !
Mais, parlant de développement du pays, il faut que les dirigeants nous disent aussi, quand il y a un retard dans le mandatement d’un agent de l’Etat et qui est obligé d’attendre des mois voir un an, ou bien quand l’agent a une décision de justice en sa faveur et qui n’est pas appliquée, ou quand un agent fait des avancements pendant des années et sa situation n’est pas régularisée à temps, n’y a-t-il pas un frein à son développement ? Entre l’Etat et cet individu isolé, qui doit donner le bon exemple à l’autre ?
Donc, ce qui « pourrait compromettre à terme la solvabilité de l’Etat et hypothéquer les chances de développement du pays. », ce ne sont pas les mouvements de résistance dont la grève, c’est plutôt le manque de gouvernance vertueuse et de transparence. En effet, voyez-vous comment la presse au quotidien révèle des tas de cas de malversations diverses. C’est dans ce contexte que le régime va à vive allure dans une mise en place d’une Caisse de Dépôt et de Consignation (CDC) sans jusque-là informer le mouvement syndical encore moins l’impliquer. Comment utiliser les ressources des Caisses de retraite (CNSS, CARFO) et de Caisses d’Epargne (CNE) sans adjoindre aux prises de décisions ni les syndicats, ni les retraités. Ce sont ces genres de pratiques qui vont nous amener dans des zones de turbulence. Pour la CGT-B, il n’est pas question qu’on traite des questions sur les ressources de retraite et d’épargne sans transparence et bonne gouvernance. Nous suivons cette situation de très près et nous mettons en garde contre des pratiques qui pourraient nous réserver des lendemains douloureux. Je rappelle que dans le temps il y a eu une Caisse de ce genre mais qui a été annulée par insuffisance de résultats. Pourquoi ne pas tirer leçons de l’histoire ? A moins que les autorités ne visent autre chose au vu du flou dans lequel les choses se passent jusque-là !

Enfin, pour qu’il y ait un bon rendement au travail, le facteur motivation de l’agent occupe une place importante. Voilà pourquoi il est bien de savoir que pour un agent économique comme le fonctionnaire, le niveau de sa rentabilité pour un équilibre économique de son pays est fonction du niveau de motivation, donc de la satisfaction de ses besoins ; Et je ne pense pas que le psychologue Maslow sur la motivation dans les années 1940 ait décrit autre chose ! En effet, selon la Pyramide des besoins de MASLOW nous avons du bas en haut :
1. Les besoins physiologiques (manger, boire…) ; 2.les besoins de sécurité ; 3.les besoins d’amour et d’appartenance ; 4.les besoins d’estime des autres ; 5.les besoins d’estime de soi ; 6.les besoins d’accomplissement personnel.
Donc, tout dirigeant qui refuse de réunir pour ses travailleurs les conditions de la position N°1 (manger à sa faim) et il s’attend à les retrouver à la position N°6, ce n’est pas seulement aberrant, c’est même de la criminalité.


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