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Table ronde sur le financement du PNDES : Paul Kaba Thiéba présente les résultats à la presse

21 décembre 2016, 08:00, par Sabari Sidibé

Dix huit mille milliards de francs CFA ! Et si commençait par chercher à sauver l’année 2017
Le gouvernement du Burkina est rentré triomphalement de Paris avec 18.000 milliards de francs CFA de promesses de financement et la fièvre s’empara des burkinabè. Cela se comprend. Avec 18 millions de Burkinabè nous aurions eu chacun un (01) million de francs CFA si cet argent nous était partagé, mais sur cinq (05) ans soit en moyenne deux cent mille (200.000) francs CFA par an sur la période du PNDES est-ce significatif ?
Le Premier a avoué être comblé. Il avouera plus tard par des propos à peine voilés son immense angoisse et il n’a pas tort pour plus d’une raison.
Son gouvernement a voulu tester l’attractivité et la fréquentabilité du Burkina après la restauration des institutions démocratiques. Le test, contre toute attente est réussi. Mais cela n’est point l’apanage du PNDES. L’histoire récente de notre pays y est pour beaucoup dans la manifestation d’intérêt observée.
La communauté des bailleurs de fonds et des sociétés internationales a égrené ses promesses et ses engagements pour le Burkina mais encore contre toute attente, le gouvernement n’est pas prêt. En effet, par exemple, sur la fiche de manifestation d’intérêt pour le type de financement par le partenariat public privé (PPP) et/ou Partenaires Techniques et Financiers (PTF), vingt (23) sur quarante-neuf (49) projets ne disposaient pas d’étude de faisabilité, après tenez-vous bien, un an de préparation.
L’équipe marketing expérimentale du gouvernement (seize (16) ministres et le premier ministre) n’a exercé aucun contrôle sur les propositions de financement qui ne constituaient pas forcément des priorités pour notre pays. Les sociétés privées présentes ont manifesté leur intérêt à travailler au Burkina en indiquant leur seuil de soutenabilité contractuelle et cela a vite été assimilé à des promesses de financement.
Les bailleurs traditionnels bilatéraux et multilatéraux ont remis un exercice d’arithmétique au gouvernement. Le financement de l’union européenne qui s’est engagé pour un financement d’environ 8.000 milliards correspond à la somme des financements des cinq prochaines années sur la base de son niveau de contribution actuelle. Ce qui est intéressant c’est que l’écart entre le niveau des financements de l’UE pendant la période du régime Compaoré (600 milliards l’an) et les promesses ramenées de Paris (800 milliards l’an) n’est pas si énorme au regard de la progression régulière annuelle. La France quant à elle a simplement multiplié soixante (60) milliards par 5 ans pour s’engager sur 300 milliards de financement. Le sentiment se fait de plus en plus précis que les bailleurs sérieux n’ont que diplomatiquement « adhéré » à notre PNDES.
Le premier ministre et son équipe ont peut être compris cela dans l’avion du retour d’où leur stress post marketing politique. Il faudra se mettre au travail pour lever ou relever les conditionnalités de toutes ces structures qui ont indiqué sérieusement ou un peu moins leur prédisposition à nous financer. Il faudra, dit le Premier Ministre :
-  créer un secrétariat en charge des projets et programmes,
-  trier les offres de financement,
-  boucler les études de faisabilité,
-  rendre concrètement attractifs les projets les PPP,
-  … bref c’est en effet maintenant que le travail commence.

Il commence maintenant parce que tout simplement au départ, le PNDES n’a pas été conçu pour être un référentiel effectif de travail. Il avait le double destin de reprendre et corriger le programme du Président élu et ensuite de marquer la rupture d’avec les anciens instruments de pilotage des régimes de Blaise Compaoré, dont essentiellement la SCADD. C’est pour cela qu’au départ, en dehors du Premier Ministre et du Ministre des finances aucun autre membre du gouvernement n’assurait la promotion et/ou la propagande du PNDES. Ils ont d’ailleurs eu le bienveillant secours du Président du Faso himself (mais tient c’est son PNDES !) pour mobiliser les partenaires techniques et financiers autour de la fameuse table ronde sur son financement.

Maintenant la fièvre va vite tomber. Le gouvernement n’est pas prêt les projets et programmes non plus. On ignore la structure des promesses de financements. Quelle sera la part des dons programmes, des aides budgétaires ou des emprunts ? Quelles en sont les modalités concrètes ? Sont-elles soutenables pour notre économie ?

Bref c’est autant de questions que nous nous posons maintenant et le plus dur ce sera de déterminer dans combien de temps nous aurons des réponses précises. Mieux, de combien de temps dispose le gouvernement pour se recentrer sur les forces et les capacités essentiellement internes de notre pays pour fournir des réponses appropriées aux préoccupations réelles de nos citoyens ?
Nous avons dépensé du temps et de l’énergie à courir derrière ces hypothétiques financements. Nous avons perdu l’année 2016. Nous sommes en passe de perdre 2017 au regard des défis dont nous sommes allés nous charger à Paris. Ce sera peut-être l’année de trop que la jeunesse burkinabè acceptera de perdre.
Je sais maintenant pourquoi son Excellence Monsieur le Premier Ministre Paul Kaba Thiéba est là. C’est pour un voyage en …enfer pour sauver le Burkina. Je lui avais demandé ce qu’il était venu chercher sur cette galère. Il m’a donné une réponse et je note qu’il est toujours et peut être encore cohérent avec sa réponse. Il s’est apprêté à souffrir et il va souffrir. Bon courage mon cher frère Thiéba.


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