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Bruno Jaffré, biographe de Thomas Sankara : « Le gouvernement actuel ne veut pas de justice pour Thomas Sankara ni de jugement pour Blaise Compaoré »

5 septembre 2016, 18:51, par Mechtilde Guirma

Mon cher ka, cette fois je n’ai pas eu le courage de finir de vous lire, qu’une question se suspend à mes lèvres : « Pouvez vous me dire combien de personne le Général Saye Zerbo a tué pendant et après son coup d’État ? »

Moi je peux vous dire mieux. Après le coup d’État du Général, Son Éminence, le Cardinal Paul Zoungrana, s’est présenté pour le féliciter d’avoir agi sans effusion de sang. C’était la moindre des choses que le vieux prélat pouvait faire pour encourager à ne jamais verser de sang. Ce que vous ne saviez pas, c’est que Son Éminence entendait déjà depuis quelques temps de bruits de bottes de révolutionnaires marxiste-léninistes, dont des éléments violents (que peut-être vous connaissiez aussi bien que moi, dans le MlN du professeur Ki-Zerbo) faisaient courrir. Ces éléments violents qui débordaient du cadre du parti dans lequel ils étaient, nous affirmaient tout de go : « Pour que les choses changes à Ouaga, il faut de la violence rien que de la violence ». De toute façon, jusqu’à sa mort Sankara a-t-il pardonné à Son Éminence ? Jamais. Le vieux prélat aurait même évité de justesse un attentat-guet-à-pend. Mais bien que cela soit de source sûre, pour moi cela reste des rumeurs difficile à vérifier. Pour se venger alors il est allé à Yagma détruire la Statue de la Vierge. Là il y a des preuves puisqu’il a signé de ses noms Noël Isidor. Mieux dites-moi, Combien de personne Jean-Baptiste a tué ? Il a tout simplement usé de la simple stratégie de mise à l’écart plutôt que celle qu’utilise l’armée, dans ces cas d’espèce des pronunciamientos, du système du « Mat » (un règlement entre armée) qui vous fait taire pour de bon. Il pouvait le faire, avant même que Sankara le fasse pour les Yorigna Gabriel. Bref, je ne vous dis pas plus, mais c’est tout simplement pour vous dire de respecter la mémoire des victimes de la Révolution de Sankara, car les orphelins et les veuves vivent encore et avec toute cette publicité (mensongère) sur Sankara, ils se sentent de plus en plus victimes d’exclusion comme des rejetons de bannis de la société burkinabé. Moi je refuse qu’on me traite comme tels, mais les victimes de quelle voix disposent-elles pour ne pas subir vos foudres et les injures des autres ?

« Tönd Moss maana eb yelbundi ti Sid Sob ka yé, ya sugr baala m’bé ». Ce qui veut dire qu’il n’y a que la « Vérité, la justice et la réconciliation » depuis 33 ans de pouvoir sans partage pour nous départager.


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