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« Le PAREN ne va pas se faire sans Barry, ça c’est clair. Mais, pas avec Carlos … », déclare le fondateur du parti, Laurent Bado au sujet de la crise

22 août 2016, 08:52, par Désiré personne

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Le Parti de la renaissance nationale, le « plus grand parti d’idées du Burkina Faso » ? Mais sa seule idée (celle du fondateur Laurent Bado) depuis quelques années est de faire des homos des boucs émissaires, comme si ça pouvait régler tous les problèmes du pays, et au passage ceux de “son” parti moribond qui n’a eu d’autre choix que d’entrer dans le lit du parti au pouvoir pour survivre, après ses scores décevants aux élections couplées présidentielles et législatives.

Cette idéologie négative du bouc émissaire est commune aux pouvoirs totalitaires, et passe par la théorie du complot, l’existence de comploteurs qu’il faudrait neutraliser au profit d’une parole unique, “la vérité”. Un propos de la conférence tenue ce samedi 20 août par Laurent Bado illustre cette thèse : "Notre pays ne va pas avancer, s’il y a une espèce rare qui passe le temps à parler mal, à parler de choses qu’elle ne connait pas, dit-il de ses détracteurs qui le prennent pour un dictateur", car, bien sûr, les détracteurs ne connaissent rien, d’ailleurs ils ne devraient même pas avoir droit à la parole, pour que Laurent Bado soit le seul à dire la vérité, sans débat contradictoire.

Et la liberté de parole devrait être restreinte aux seuls connaisseurs, mais qui va décider de qui connait et de qui ne connait rien ? D’évidence, les propos du Pr Laurent Bado sont contraires à l’article 8 de l’actuelle Constitution du Faso qui garantit la liberté d’opinion, et le droit à l’expression de toutes les opinions, quel que soit leur niveau de “connaissance”, car une dérive de la liberté d’opinion serait de la restreindre aux spécialistes et aux intellectuels de “haut rang”, qualité parfois acquise par de faux diplômes, dérive qui serait discriminatoire.

Après avoir largement conchié son poulain Tahirou Barry, non seulement dans un mémorandum qui aurait soit disant dû rester secret, mais aussi dans les deux articles consacrés à cette conférence de presse, vilains procédés pour remettre le Paren sur le devant de la scène, car si en effet cette affaire aurait dû se régler en famille politique, quel besoin d’une conférence de presse relayée par deux articles, une simple note aurait suffi pour se ”retirer en famille” ! Cette conférence de presse est, après le mémorandum, le meilleur moyen pour attirer l’attention.

Puis, après avoir fait de Carlos Toé un bouc émissaire, comme si ça pouvait suffire pour remettre de l’ordre dans ce parti qui part en couille, dont Laurent Bado est le dictateur fondateur (il n’y a pas d’autre mot que dictateur, car Bado dicte ses volontés, et de ses propres dires les dirigeants du parti sont tenus de rendre compte et d’obtenir son agrément pour toute décision, quand bien même il a quitté la présidence de “son” parti) et dont les principaux dirigeants ont démissionné les uns après les autres, à cause (selon Bado) de Barry à qui il faudrait pourtant pardonner (car Laurent Bado est le grand pardonneur) ; pourtant, selon le Professeur fondateur, « au-delà de vouloir s’approprier le parti, (il, Tahirou Barry) a voulu sa tête ».

Et voilà que Bado nous ressort son couplet sur la restriction des libertés qui, au moins, et cette conférence de presse a l’avantage de le dire sans ambigüité, trouve sa source dans une religion importée, une religion occidentale, celle dans laquelle son éducation l’a baigné, pour ne pas dire noyé, puisqu’il fait « de la politique par principe religieux » ; occident qui aurait par ailleurs une "mauvaise" conception de la liberté.

La liberté, Monsieur Bado, la Constitution du Burkina Faso la définit en deux endroits ; dans son préambule, par l’engagement “à préserver… la liberté, la dignité, la sûreté, le bien-être, le développement, l’égalité et la justice comme valeurs fondamentales d’une société pluraliste de progrès et débarrassée de tous préjugés », et en son article 1 du Titre I : “les discriminations de toutes sortes (ici, il serait temps que l’orientation sexuelle soit ajoutée à la liste des “notamment”), sont prohibées”.

Entendez-vous, Monsieur Bado, vous qui cherchez le soutien des homophobes de ce pays, de ceux qui ont peur (faut-il le rappeler, la phobie, c’est la peur !) qui fantasment sur leur peur par méconnaissance, et aussi pour camoufler leurs propres désirs, qu’ils vont stigmatiser en “sales” désirs, entendez : une société débarrassée de tous préjugés, et dans laquelle les discriminations de toutes sortes sont prohibées !

Monsieur le Professeur Laurent Bado, si en effet vous ne dites que la vérité, et sans attendre d’être président, commencez par faire ce que vous demandez à deux “pédés” de faire : couchez avec une femme devant tout le monde, et on verra si vous n’avez pas honte ! Il n’y a que les professionnels du sexe qui peuvent s’accoupler en public sans gêne ni honte ! Et les “pédés”, comme vous dites, insultant au passage les homosexuels, ne sont pas tous des travailleurs du sexe, loin de là. Mais les travailleurs du sexe, quel que soit leur genre, sont plus visibles que ceux qui s’aiment et s’accouplent derrière quatre murs, comme vous et moi.

Professeur Bado, vous êtes un extrémiste, et comme tous les extrémistes au monde, vous êtes le seul à détenir la vérité, la vôtre, et au nom de cette vérité, et pour détourner le regard du chaos qui secoue votre parti exsangue, vous nous ressortez votre infâme soupe sur le bienfait de s’en prendre à des boucs émissaires, contre les valeurs fondatrices du christianisme, de tolérance et d’acceptation de l’autre, que vous prétendez défendre, et aussi et surtout contre les valeurs fondamentales défendues par le texte fondateur du Burkina Faso ! Il est interdit de faire de la discrimination au Faso !

PS : Pour ceux qui ne connaîtraient pas la définition du mot homophile, la voici : Le suffixe, « -phile », vient du grec et signifie l’amour. On le trouve, par exemple, dans le mot philosophie : l’amour de la sagesse. Il a d’emblée l’intérêt de ne pas réduire l’homo à sa préférence sexuelle, mais de prendre en considération les sentiments amoureux qu’il éprouve pour son semblable. Quant à moi, je suis avant tout homophile parce que j’aime mes semblables, et c’est mon éducation chrétienne qui veut ça. Un sens plus contemporain de l’homophilie peut se comprendre par l’expression « gay friendly » qu’on peut traduire par « qui a de la sympathie pour les gays, les homosexuels ». J’ai de la sympathie pour les homos par empathie (il m’arrive d’avoir cette “faculté intuitive de me mettre à la place d’autrui et de comprendre ses sentiments et ses émotions”), dans la mesure où ils représentent sans conteste à mes yeux un danger moins grand que les intégristes, les fondamentalistes de tous bords. Et j’ai d’autant plus de sympathie pour les homos s’ils sont victimes de discrimination et qu’il faut les défendre contre les dérives populistes d’un Laurent Bado.


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