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Enquête à Orodara sur un conflit de parcelle (1/2)

2 juillet 2016, 10:32, par Jacques Zanga Dubus

L’internaute SIdkatoo pose des questions à laquelle je vais tenter de répondre :

1. Est ce que les musulmans sunnites de la localité ne sont-ils pas aussi des autochtones et ayant les mêmes coutumes ancestrales ? En majorité, en effet, (auxquels s’ajoutent des fonctionnaires "étrangers", pour la plupart enseignants), et c’est ce qui rend le conflit si délicat. Est-ce la peine d’ajouter que la plupart des musulmans pratiquent (en secret) les coutumes de leurs ancêtres ? Pourquoi les Sunnites refusent-ils la "promiscuité" des cultes ? Dans la mosquée de Diarradugu, à Bobo, se trouve un fétiche et les deux cultes cohabitent sans problème.

2- en dehors des informations reçues des sème, avez vous rencontrer l autre protagoniste dans le cadre de votre enquête ? Oui, et c’est par ses propres femmes que la date de construction de la mosquée a pu être déterminée avec précision, en recoupant la mémoire qu’elles ont de leurs grossesses. J’aurais aimé rencontrer d’autres Sunnites, surtout francophones, mais ceux que je connais, avec qui j’ai des rapports tout-à-fait cordiaux, sont devenus très discrets, éloignés de ma personne depuis que la procédure judiciaire a été engagée, comme si j’étais d’un seul coup devenu un "ennemi" potentiel !

3 - quels liens faites vous entre l’inculpation de Mr Zeba pour liens présumés avec djiadistes, le mouvement sunnite de Orodara, la mosquée, le CDP, Régime Compaore, BARRO DJIGUENABA, .... ?
Les liens sont complexes, loin d’avoir été tous mis à jours (l’enquête continue), et je suis très prudent sur ce sujet.
a / L’arrestation de M. Zeba est un fait, et le lien reconnu avec le mouvement sunnite local est qu’il les représentait auprès de l’administration (comme le dit l’article), en tant qu’intellectuel à la fois francophone et arabophone. Point. Ce sont les autorités qui ont déféré Mr Zeba pour liens présumés avec les djihadistes, pas moi, et je n’en tire aucune conclusion particulière : je ne suppose ainsi aucun lien particuler entre M. Zeba et le CDP, le régime Compaoré ou Barro Djiguenaba.
b / Par contre, le lien entre El Hadj Djiguenaba Barro, le régime de Compaoré et le CDP est public et bien connu. Ce qui l’est moins, ce sont les manoeuvres de Barro Djiguenaba à différents niveaux : économique quand il s’est approprié une partie des espaces commerciaux du marché central d’Orodara ; politiques, par les pressions exercées sur les maires CDP de l’époque à tous niveaux, mais aussi pour que la mairie d’Orodara soit transférée dans son village ! Et religieux pour l’expansion de l’islam sunnite dans la région. C’est pourquoi j’ai considéré qu’il était légitime de supposer que Barro Djiguenaba est en partie responsable de l’attribution de cette réserve coutumière à un mouvement sunnite, qui jusque là n’existait pas. Il y avait bien une petite communauté sunnite autour de Barro Diongwalé Siriki, mais pas organisée. Après la mort de ce croyant, et parce qu’une réserve demandée à l’administration (mairie) pour qu’y soit installé un lieu de culte ne peut être attribuée à un particulier, il devenait nécessaire qu’un "mouvement religieux", avec quelqu’un pour le représenter, se mette à exister. Et, formidable "hasard", c’est à ce moment-là que Traoré Kalifa est devenu musulman, sunnite, "président" du mouvement sunnite local, puis riche. L’enquête continue

4 - Votre enquête me semble être un reportage au profit des sèmè.
Pour être tout-à-fait franc, je considère qu’en Afrique, il ne faut rater aucune occasion d’en découdre avec les religions du Livre, pour l’érosion culturelle qu’elles imposent, aussi ne comptez pas sur moi pour faire un reportage sur l’islam ou le christianisme, catholique ou protestant ! Mais là n’est pas le propos ! C’est d’un affront fait par les Sèmè sunnites à leurs parents, auxquels ils doivent pourtant le respect, dont il s’agit. Et le respect "devrait" consister, en l’occurrence, a laisser cohabiter les deux cultes, ce que les Sunnites refusent.
La même question reviendra toujours : Pourquoi le choix de cette réserve-là, sinon pour détruire la coutume, et la culture sèmè par la même occasion ? En conséquence vient une autre question : La diversité culturelle DOIT-elle passer par l’islam sunnite ?

Jacques Zanga Dubus


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