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Nestor Samné au Président du Faso : « Les sciences humaines ne sont pas des sciences « amorphes », ennemies du développement »

12 mai 2016, 13:06, par Mechtilde Guirma

Mon cher Kôrô Yamyéllé, je viens de voir votre post. Tout justement, l’écrit de SAMNÉ est très profond. J’explique à quoi cela nous a amené en mettant l’accent à fond sur le gain. Moi qui vous parle d’une société américaine, c’est que précisément la formation ici braque l’enfant, depuis le primaire sur un seul objectif : Gagner l’argent pour pouvoir se passer de la solidarité familiale. D’où le développement d’une idéologie individualiste et d’État-providence. Donc dans les systèmes scolaires, il n’y a pas le système de la culture général comme en France. L’enfant est orienté dès le primaire vers ce qu’il sera : pompier, bâtiment, pont et chaussée etc. Alors que dans le système français, c’est l’enseignement général (du moins à notre temps) jusqu’au baccalauréat qui était le premier diplôme universitaire préparé au secondaire et permettait ainsi une fois à l’université de faire son choix. Tandis qu’ici, le baccalauréat se prépare encore pendant deux ans à l’université. Donc l’étudiant est déjà braqué sur la compétition contre le partenaire de sexe opposé. Et c’est là qu’on comprend les exigences surtout du côté des féministes qui deviennent plus acerbes. D’où l’élaboration du concept de leadership, d’entrepreneuriat féminin qui n’ont rien à voir avec la complémentarité telle que nos pures traditions africaines la connaissaient et qui aurait pu aussi, si elle n’avait pas été perverties dès le début, nous permettre de l’actualiser et d’avancer dans le développement. Au lieu de cela, nous sommes en train de copier servilement ce modèle américain qui ne sied pas du tout à nos sociétés burkinabé. J’ai compris tout cela lorsque je faisais les investigations pour la décentralisation. Le roi Yoabli de Fada Gourma et les coutumiers mossé et bobos m’en ont également expliqué. Le moro-naba Baongho en revanche m’a présenté un beau tableau vivant de la triade : Père, Mère, Enfant, en me recevant de façon traditionnelle, son épouse et de leur jeune enfant en bas âge dans ses bras à côtés de lui. Le hic dans tout cela, c’est que le système colonial l’a largement utilisé nous valeurs pour nous spolier. Ce n’est pas moi qui le dit, Joseph Ki-Zerbo, en a fait plusieurs fois mention dans ses recherches. Son épouse Jacqueline, nous a refilé quelques rudiments. Première femme intellectuelle je peux dire de l’Afrique de l’Ouest Madame Ki-Zerbo était restée profondément traditionnelle, parce qu’elle trouvait que la femme africaine n’avait rien à envier à la femme occidentale, ni à apprendre grand-chose d’elle. Tout au contraire. Mais voyez comment la mondialisation avec son système économique, l’avait réduite presqu’à l’anonymat et toutes ses initiatives récupérée jusqu’à sa mort. Le deuxième hic c’est le modèle capitaliste qui tente par le néo-colonialisme de nous faire oublier ce que nous avons appris de ses valeurs positives surtout dans le domaine des Sciences humaines et qui pouvaient avec les analogies des nôtre nous permettre aujourd’hui que nous avons l’indépendance, de nous développer. Tout au contraire nous sommes maintenant braqué sur l’aspect économique qui lui permet de régner sur nos systèmes. Voilà l’astuce mon cher Kôrô. Bien sûr quand on est né avec « une cueillir dans la bouche », il n’est pas certain ni aisé de saisir ces nuances.


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