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Affrontements intercommunautaires de Bouna : La version des faits et l’analyse de WANEP Côte d’Ivoire

31 mars 2016, 11:19, par Mahamoud Aoudi

Pour résoudre durablement un problème, je pense qu’il faut commencer par dire la vérité sur ce problème. Le conflit de Bouna a été bien préparé par ses organisateurs depuis plus de trois mois (formation de dozos). Les dozos qui ont attaqué Bouna sont venus de plusieurs localités même du Burkina (Gaoua, Batié…) et ils étaient armés de fusils militaires. La cause principale avancé c’est la destruction des champs, de quels champs s’agissent-ils en cette période de saison sèche ? Est ce que des dégâts de champs doivent être à l’origine d’une tentative d’extermination de toute une communauté (mobilisation de plusieurs localités de lobis armés de calaches à la sache aux peulhs et de leurs biens) ? puisque c’est de cela il s’agit en réalité. Est-ce que les peulhs sont les seuls éleveurs ? Ce type de conflit persiste parcequ’on l’a toujours réduit à un simple conflit entre agriculteurs et éleveurs, alors que quand il arrive c’est des peulhs qui sont tués, c’est leurs biens qui sont détruits.
Depuis début mars les autorités ivoiriennes ont été alertées sur un risque de conflit dans la zone de Bouna. Moi-même, j’ai écrit aux directeurs de publications de trois journaux ivoiriens (Notre Voie, Le patriote, Fraternité matin) et le consul général du Burkina en RCI pour leurs dire ceci « J’ai été informé par mes parents qui vivent dans le nord de la RCI précisément dans la région de Bouna que depuis deux semaines les familles des éleveurs (Burkinabès et maliens) installées dans la zone, depuis plusieurs décennies, sont victimes d’exaction et de déguerpissement par les populations autochtones au vu et au su des autorités locales. Plusieurs maisons sont saccagées et des biens détruits laissant des centaines de ménages (enfants, femmes et hommes) sans logement et sans matériel.

Conscient de l’intérêt que votre institution a toujours accordé à la protection des droits et des biens des populations vivant sur le sol ivoirien, je viens par la présente attiré votre attention sur cette situation grave d’atteinte aux droits humains et vous prie d’agir pendant qu’il est encore temps afin que des solutions efficaces et pérennes soient trouvées. Je suis disposé à vous donner des contacts des personnes sur place pour plus d’information.
Tout en souhaitant une réaction rapide et efficace de votre part, je vous prie d’agréer, monsieur, l’expression de ma profonde gratitude ! ». Mais personne n’a réagit et voilà où ça nous a conduit.
La solution à ce problème n’est pas de s’accuser mutuellement mais c’est d’accepter de voir la réalité en face et de chercher les solutions idoines. Les faits sont : il y a eu un affrontement entre plus de 1000 dozos (venus de plusieurs localités et armés de fusils militaires) qui ont affronté des peulhs, des koulangos, des malinkés et des forces armées ivoiriennes. Le bilan sur le terrain serait de : (i) environ une centaine de morts (plus de 20 peulhs, plus de 40 dozos, environ 5 forces armées ivoirienne et 10 des autres groupes), (ii) plus de 1000 bœufs tués, des maisons et des engins détruits. Voici la triste réalité selon les informations que j’ai sur le terrain.
On aurait pu éviter ce drame si chacun de nous se disait que j’ai les mêmes droits que l’autre, ma vie a la même valeur que celle d’autrui et si les autorités avaient pris plus au sérieux les informations qu’elles avaient reçu, hélas !!! Un champ détruit ou un bœuf tué ça se remplace, mais une vie ôté, ça ne se remplace jamais.
Cultivons tous un esprit de tolérance, d’amour du prochain, de justice et de paix sociale pour le bonheur de tous !


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