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Le premier ministre Isaac Yacouba Zida, jusqu’ici lieutenant-colonel dans l’armée burkinabè, a été nommé ce vendredi soir au grade de général de division à titre exceptionnel par le président Michel Kafando.

28 novembre 2015, 13:19

A internautes 55 et 57 qui veulent défendre la promotion de Zida, je vous informe de ce qui suit. Yacouba Isaac Zida a été interrogé par Fasozine le 17 novembre dernier qui lui a posé cette question : « Il était question que vous passiez général. Ce sera pour quand ? ». Voici ce qu’il avait répondu : « Bientôt, Dieu voulant. A mon sens, ce sera la reconnaissance de la nation à mes efforts déployés pour ramener la démocratie au Burkina Faso. Vu ainsi, cela ne peut pas intervenir avant la fin de cette mission dont l’effet majeur est l’organisation des élections réussies » (interview exclusive dans le Fasozine N°60 et le Notre Afrik N° 61 bientôt en Kiosques). Sur la base de cette déclaration et tenant compte de la date à laquelle le Grade de Général de Division lui a été attribué, j’avance les raisons objectives suivantes contre l’élévation de YIZ :

1) Nous sommes toujours dans la transition et ce jusqu’au jour de la passation de charge entre Kafando et le nouveau Président élu. Ce dernier appréciera alors le travail abattu par Zida. Il décidera de récompenser Zida au nom du peuple burkinabè, s’il le juge méritant et sans reproches graves sur sa gestion calamiteuse de l’équipe gouvernementale pendant la transition. En ce moment, il s’agira d’une reconnaissance de la Nation.
2) L’organisation réussie des élections qui sert de justification à Zida pour demander sa promotion fulgurante n’est pas encore acquise. L’organisation des élections peut se faire à deux tours, Zida ne peut donc pas déjà anticiper pour recevoir ce titre de Général de division pour la simple organisation des élections. Et les autres qui l’ont fait PM avant lui ?
3) De deux choses l’une, soit Zida a accepté sa promotion par anticipation avant d’avoir fini la mission parce qu’il connait les résultats des élections à l’avance (ce qui ne serait pas démocratique) soit il n’a pas confiance que le futur Président élu lui reconnaissant au point de lui décerner ce grade envié. Alors, il anticipe pour que Kafando le sénile le lui donne.
4) Or, comme il le dit lui-même, ce n’est pas tant l’organisation des élections le problème, mais le retour effectif de la démocratie au Faso qui doit lui valoir son grade de Général de division. A ce sujet, qui peut encore prédire, à la veille des élections, la remise en place des institutions républicaines (Assemblée Nationale à reconstruire), le retour définitif de notre pays à une vie constitutionnelle normale d’ici un mois, un an ou 5 ans ? C’est un processus long et difficile que nous allons devoir engager en commençant par la révision de la Constitution pour réorganiser les modalités de notre vivre ensemble, détruites par le gouvernement de transition de Zida avec ses lois et mesures discriminatoires ;
5) Ainsi, Zida ne peut pas à ce stade se prévaloir de façon honnête d’avoir ramené la démocratie au Burkina Faso, parce qu’il n’y a personne de sensée qui peut attester aujourd’hui que le Burkina Faso est redevenue une démocratie. Lors de la fête des Etats-Unis en début juillet 2015, Mushingi appelait de ses voeux le retour rapide de notre pays à une vie constitutionnelle normale. Gilles Thibaut, l’Ambassadeur de France, a fait de même à Koudougou lors de la formation des membres du Conseil Constitutionnel. Nous sommes donc en état d’exception depuis plus d’un an et non sous la démocratie. Zida ne l’a pas ramenée comme il le prétend. Qui a pu bien lui mettre cela dans la tête ???
6) Nous ne savons pas encore comment les élections vont se terminer et si le vainqueur des urnes va être celui qui sera proclamé président. Du reste, le chef de gouvernement Zida a décrété la fermeture des frontières de notre pays et demande à la population de ne pas manifester pour contester les résultats, nous sommes donc bel et bien sous un régime transitaire d’exception et non en démocratie ;
7) Qu’on le veuille ou non, c’est Blaise COMPAORE qui a réinstauré la démocratie au Burkina en 1991 et mis en place les institutions républicaines. Il a été chassé avant la fin de son mandat de président démocratiquement élu avec la complicité de Zida et ses acolytes de l’ombre. Blaise a tellement cru à la démocratie au point de laisser à ses adversaires politiques toutes les libertés, y compris celle de le chasser du pouvoir, en plein midi, avant la fin de son mandat légal. Mieux que Zida, j’affirme que Blaise COMPAORE devrait recevoir le grade de Général, lui qui a jeté les bases institutionnelles de la démocratie au Faso après la révolution et garanti toutes les libertés essentielles aux citoyens. Au lieu d’un grade de Général de division, il a été traité comme un malfrat, un criminel, un renégat, un apatride.
8) Ce sont les hommes de Zida qui ont tiré sur les manifestants en route vers Kossyam pour déloger le Président COMPAORE car Zida était encore chargé de la sécurité du Chef de l’Etat. C’est pourquoi, l’enquête sur les martyrs d’Octobre 2014 piétine avec des chiffres contradictoires sur le traitement des dossiers. Le gouvernement a annoncé 9 dossiers entièrement traités en juin 2015 (lors d’un point de presse) et ensuite 5 dossiers lors de l’Anniversaire de l’insurrection (sur une trentaine de morts).
9) Zida est allé avec de jeunes éléments du RSP pour confisquer le pouvoir au Général Honoré Nabéré, pourtant Chef d’état major général des armées, et donc son supérieur hiérarchique. C’est un geste qui doit être puni sévèrement selon les règles de l’armée burkinabè. Il ne mérite plus d’être militaire. Au lieu d’une sanction disciplinaire, il est récompensé par un grade spécial qui le met au-dessus de toutes sanctions, tandis qu’on ignore ce qu’il a fait de ses jeunes camarades du RSP après le putsch monté.
10) Sur le plan militaire, le grade attribué le 27 novembre 2015 à Yacouba Isaac Zida est illégal. Il n’est pas justifié car la mission à lui confiée par le peuple n’est pas encore terminée, à savoir l’organisation des élections. Dans aucune armée sérieuse du monde, on ne peut promouvoir au grade supérieur et à titre exceptionnel un soldat, avant qu’il n’ait réussi la partie la plus difficile de la mission qu’on lui a confiée ?
11) Par sa réponse, et en disant que son élévation au grade de général ne peut pas intervenir avant la fin de sa mission, Zida condamne Kafando de l’avoir tout de même récompensé par complaisance, sans mérite et sans preuves de ses réalisations.
12) Tout au plus, Zida méritait une décoration civile symbolique le 11 Décembre et pouvait être élevé au grade de Commandeur de l’ordre national si le Président Kafando estime qu’il a bien joué son rôle politique à ses cotés. Cette prérogative revient pleinement au président Kafando.
13) En acceptant tout de même cette élévation indue au Grade de Général de division malgré ce qu’il a dit lui-même à Fasozine, Zida prouve définitivement qu’il n’est pas du tout intelligent, réfléchi et sage. Il est juste tombé dans le panneau comme Sanogo du Mali, un farfelu ambitieux et facile à manipuler. Il a succombé à la tentation comme Judas. Ses barrettes de Général seront pourtant des fardeaux très lourds sur ces épaules et il ne pourra pas les porter avec fierté, pendant longtemps. J’entends déjà les moqueries de la troupe. Il n’y a pas plus moqueurs les militaires et les hommes de rang vont se défouler grave.
14) Zida n’ignore pas que les militaires ont contesté la nouvelle loi sur le statut général des forces armées qu’il a modifiée pour rendre son élévation possible. C’est donc un acte prémédité et préparé d’avance. Cette entorse flagrante aux règles militaires a déjà provoqué des remous et continue de susciter la désapprobation et le mécontentement au sein de l’armée. Comment compte-t-il retourner vivre au sein du corps ?
15) Grâce au soutien indéfectible de Gilbert Diendéré, Zida a gravi les échelons dans l’armée sans jamais se fouler la rate. Maintenant, il veut s’octroyer par lui-même, le galon qui lui permettra d’être l’égal de son maître. Mais, après avoir liquidé le RSP, trompé et humilié Blaise et Gilbert, Zida sera honni à coup sûr dans l’armée parce que les vrais militaires intègres ne lui rendront pas les honneurs auxquels il s’attend. Il ne mérite pas ces honneurs car il a tout fait pour usurper le grade de Général de division.
16) A moins que, comme une marionnette, Zida ait été utilisé et jeté en pâture comme un vulgaire objet hors d’usage par quelqu’un de plus intelligent que lui. Celui qui lui a fait ça est vraiment cynique et méchant, mais il a juste exploité les points faibles de l’homme. A malin, malin et demi.

Toutes mes Admirations, mon Général de pacotille !!!


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