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Présidentielle 2015 : Le MPP prêt à accepter les résultats des urnes

21 novembre 2015, 14:56, par Boinzem

Dans un bateau, il ne peut y avoir deux capitaines. Pourquoi ? Parce que le bateau risque de sombrer à cause des conflits de leadership et des décisions contradictoires des capitaines. Or, quand le bateau va couler, tout le monde va se laver les mains et personne on trouvera difficilement le coupable.

Dans un parti, il ne peut pas y avoir plusieurs leaders. C’est ce qui est arrivé à notre pays sous la gestion du CDP à plusieurs leaders (Blaise, Salif, Roch et Simon). Le bateau Burkina a sombré à cause de cet attelage incongru dont Blaise occupait le fauteuil présidentiel en laissant la gestion des affaires (business et deals) aux autres leaders. C’est cette cacophonie savamment orchestrée dans la gestion (à plusieurs leaders) de l’Etat pendant 26 ans qui nous a conduit dans la situation pitoyable où nous sommes actuellement. En effet, dans cette gestion à plusieurs têtes, chaque leader avait ses hommes à placer dans l’appareil d’Etat (ministres, DG, DAF, coordonnateurs de programmes) et ses intérêts claniques à défendre (marchés publics, contrats gré à gré). Lors de la composition des membres du gouvernement et des conseils des ministres, chacun proposait ses hommes à nommer aux postes clés. Avec un tel dispositif de gestion à plusieurs clans, on a abouti à un pillage généralisé des biens publics car chaque clan voulait s’approprier le maximum de richesses de l’Etat.

Aujourd’hui, on parle seulement du clan Compaoré en oubliant qu’il y avait aussi un clan Salif, un clan Rock et un clan Simon. Les membres de chaque clan sont bien connus au sein du CDP et dans l’administration publique et privée. L’expérience de la gestion du CDP à plusieurs personnes et plusieurs intérêts antagonistes montre donc que finalement c’est un mode de gestion irresponsable de l’Etat. Nous voyons bien les conséquences aujourd’hui avec tous les dégâts monstrueux pour le pays. Or, personne ne se sent coupable et n’assume ses responsabilités pour ce qui nous arrive comme nation. Juste comme des mauvais garnements qui gâtent quelque chose ou commettent une bêtise, ils s’accusent mutuellement ou font porter la faute à un seul (ex : Blaise). Difficile de savoir qui sont les vrais coupables car ils se rejettent la responsabilité. La seule solution pour les empêcher de recommencer est de les punir tous. Dans notre société, c’est comme cela qu’on gère les fautifs irresponsables.

A défaut de le faire, cette cacophonie se retrouve encore dans la gestion du MPP comme parti et avant les élections. Avec le MPP au pouvoir, on va assister exactement à la remise en place du même scenario de gestion que sous le CDP, avec seulement Blaise en moins. Cela va se reproduire à coup sûr au sommet de l’Etat si le MPP gagne les élections et que le trio va cogérer. Pour moi, que les mêmes personnes qui ne sentent pas responsables de leur gestion pendant 26 ans, veuillent encore revenir au pouvoir est leur droit, surtout si la loi les y autorise. Mais, qu’ils veuillent refaire exactement les mêmes erreurs est criminel et incompréhensible. Visiblement, ils n’ont pas du tout tiré les leçons de leurs erreurs passées en matière de co-gestion politique. Ils se vantent seulement d’avoir l’expérience de la gestion du pouvoir mais, ils n’ont pas fait leur bilan et tiré les leçons de leurs propres insuffisances.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le clan Compaoré est bien chassé du pouvoir avec honte et chatiment, mais les trois clans demeurent aux affaires et sont déjà entrain de nettoyer l’administration des pro-Compaoré pour les remplacer dans les postes de décision. Faites un tour à la MOAD pour voir comment le nettoyage systématique et féroce qui y est fait par les pro-Roch (dont son cousin Hamado Kaboré ancien préfet, et Alpha le fils de son parent Saogl Naaba). Il n’y aura pas d’Aéroport à Donsin à cause de l’incompétence du nouveau directeur et de la gestion gabegique en place. Et le peuple paiera pendant 40 ans les dettes des multinationales et autres bailleurs qui financent ce projet pharaonique.

Salif ne laissera pas longtemps les mains libres à Roch et son clan pour imprimer une gouvernance selon leurs seuls intérêts. Après les élections, les pro-Salif vont certainement se signaler avec force et rapidité. Ils veulent d’abord la victoire coûte que coûte, et n’envisagent pas la défaite. Les règlements de compte entre alliés politiques circonstanciels viendront après. Pour le malheur du peuple, la majorité des jeunes insurgés n’appartenait à aucun clan. Ils ont manifesté leur ras-le-bol d’être des exclus de la gestion du pays. Depuis l’insurrection, ils d’assister en spectateurs affamés au festin gargantuesque de la République.


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