Accueil > ... > Forum 827950

Au cours d’un point de presse ce matin, le Gal Diendéré a dit que les concertations, qu’il souhaite fructueuses, continuent, dans l’attente des conclusions du sommet de la CEDEAO. L’amnistie constituerait le point de blocage. Il a dit vouloir éviter les affrontements mais qu’ils se défendront s’ils sont attaqués

22 septembre 2015, 15:28

Courage et félicitations aux courageux burkinabè qui résistent à l’oppression (de la part d’une citoyenne française). Pour info., ci-dessous le courrier que j’ai envoyé à mon président Hollande :

"URGENT : BURKINA FASO, message personnellement destiné à M. Hollande,
Monsieur,
notre président,
Il y a un an, avant les événements des 30 et 31 octobre qui ont abouti au renversement de Blaise Compaoré, je me permettais de vous envoyer un 1er message afin d’attirer votre attention sur l’état de l’opinion d’un échantillon représentatif de la population burkinabè que je fréquente là-bas. Je ne prétends nullement détenir une quelconque vérité en la matière, cependant, dans la mesure où vous êtes notre représentant à l’étranger, il me semblait opportun pour nous, Français, et pour eux, amis Burkinabè, de vous apporter un éclairage sur l’état de crispation de la société, majoritairement opposée au tripatouillage de l’article 37 de leur Constitution (devant permettre à Blaise Compaoré de se représenter aux élections présidentielles). Il s’agissait de vous dire combien nos amis burkinabè seraient sensibles et attentifs aux positions que la France adopterait en de telles circonstances pour soutenir l’aspiration, notamment celle des jeunes, à la démocratisation de leur régime. (...)

Le Burkina Faso, contrairement aux idées reçues, évolue plus vite qu’on ne le croit : sa population, et, particulièrement sa jeunesse, sont plus éduquées et mieux informées qu’il y a 10 ans seulement. Et, ces 11 mois de gouvernement de Transition soulevaient l’immense espoir de voir enfin aboutir un processus démocratique. Quoique les peuples de ce pays aient fait jusque là preuve d’une grande capacité de résilience, les affres de la colonisation et de la France-Afrique pèsent néanmoins encore, et légitimement, sur le regard qu’ils posent sur nous : un regard souvent paradoxal fait tout à la fois d’attentes et de méfiance, pour ne pas dire de défiance.
Les événements politiques de ces derniers jours rendent encore plus aigües, exigeantes et urgentes leurs attentes quant à la position de la France face à ce qu’il convient de qualifier, ce que vous-même avez fait, de "coup d’état" anti-démocratique de la part de militaires du RSP, mené par un Général (Diendéré) honni par sa population pour être notoirement impliqué dans nombre de crimes de sang depuis son accession (années 80) au pouvoir en compagnie de Blaise Compaoré. Attente donc d’une position ferme de votre part, sans ingérence dans les affaires de politique intérieure...
Hier soir, la CDEAO s’est hélas encore tristement illustrée : les médiateurs ont rendu publique une proposition de sortie de crise en 13 points reçue (hormis les soutiens du CDP, partisans de Blaise Compaoré), au Burkina Faso, mais aussi par tous les démocrates du monde, comme une véritable provocation. En effet, au-delà du contenu scandaleux (car excepté le maintien au pouvoir de M. Kafando, elle accède à toutes les revendications politiques du RSP, lequel, de surcroît, s’exonère de ses crimes), le fait même de négocier autre chose que le retrait du RSP en n’imposant pas un retour à la Transition telle qu’avant le putsch, est inconcevable pour tout légaliste, respectueux du droit ! N’est-ce pas ce que nous sommes en France ?

Or, il m’a été donné de lire ce jour sur France 24 l’annonce suivante, je cite : "HOLLANDE MET EN GARDE CEUX QUI S’OPPOSERAIENT AU RETOUR AU PROCESSUS DE LA TRANSITION". Transition d’avant le putsch ?
Ou Transition version médiation CDEAO ?
Ce flou est pour beaucoup de Burkinabè, qui me l’ont fait savoir, insupportable , et de ce fait, appelle une clarification, d’autant plus urgente que la proposition de la CDEAO sera examinée demain au Nigéria.
Monsieur le président, si pour des raisons de principe, nous ne négocions pas avec les terroristes, comment pourrions-nous justifier le fait de conseiller le contraire à d’autres qui n’aspirent qu’à la paix et à la sécurité que confère la démocratie à venir ? Nous savons aussi que cette démocratie à venir au Burkina Faso sera facteur de développement, alors pourquoi ne pas clairement, haut et fort, soutenir ses partisans qui en ont plus que jamais besoin dès aujourd’hui ?
C’est là un tournant historique que vit le Burkina Faso, aussi je souhaite de toutes mes forces que mon pays, la France, soit à la hauteur de ce Rendez-Vous, et, sans ingérence de politique intérieure, se montre digne et respectueux de ce peuple ami en le soutenant fermement en ces moments douloureux de lutte contre l’oppression. Notre seul soutien efficace sera celui de rappeler aux forces politiques rétrogrades notre détermination à faire valoir ici, comme là-bas, les valeurs de justice, de droits et de devoirs qui fondent toute démocratie.
Merci d’en être notre porte-parole."


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés