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L’ultimatum du Chef d’Etat-major général des Armées : Les personnels du RSP invités à déposer les armes et à se mettre sous ses ordres

21 septembre 2015, 22:14, par Laafi Bala

Choisir entre la réconciliation et le péril national

La menace imminente d’une guerre civile pèse désormais sur la nation burkinabè comme l’épée de Damoclès. Il est encore temps de faire le bon choix pour éviter les conséquences désastreuses d’une telle guerre pour un pays pauvre, aride et enclavé : pertes de milliers de vies humaines, cortège de de réfugiés et de déplacés internes par dizaines de milliers, insécurité et violence généralisées, destructions de biens et d’infrastructures acquis à la sueur de plusieurs dizaines d’années de travail, destruction du tissu social qui prendra des générations à se ressouder, décroissance économique avec aggravement de la pauvreté et du chômage. On sait quand on commence une guerre, mais on ne sait pas quand on l’arrête, car une fois lancée, la guerre devient comme une pieuvre difficile à maîtriser et à arrêter.
Peu importe qui a raison et qui a tort. Peu importe que ce telle ou telle partie a fait soit inacceptable ou crée un précédent dangereux. Peu importe ce que d’autres penseront ou diront. Nous avons aujourd’hui un choix à faire : la réconciliation nationale par le pardon mutuel pour reconstruire ensemble la famille nationale ou la confrontation violente qui nous laissera tous perdants d’une manière ou d’une autre. La guerre n’est jamais une fatalité, inévitable ; elle est le résultat d’une faillite du dialogue, le choix d’une liberté assumée.
Il est vrai que ce que telle ou telle partie a fait est inacceptable. « Trop, c’est trop », dirons-nous. Mais n’est-ce pas faire preuve de grandeur d’esprit et de sagesse que d’accepter parfois l’inacceptable pour éviter un plus grand mal qui détruirait le bien commun qui nous est cher à tous ?
Il est vrai que l’on ne peut pas permettre à un groupe d’individus de prendre en otage tout un peuple et que l’on peut se sentir humilié par les comportements de certaines personnes ou par des décisions « injustes » prises à notre encontre, mais n’est-ce pas faire preuve de force d’âme que de laver l’affront et de réparer l’injustice par la résistance nonviolente ( boycott, désobéissance civile, argumentation, recours au droit…) plutôt que par le recours à la force brutale, fratricide ?
La justice pénale des tribunaux qui punit, humilie le bourreau pour assouvir la soif de vengeance de la victime serait-elle la seule et la meilleure façon de rendre justice aux victimes de crimes, d’abus de gouvernance, et d’injustices perpétrés par certaines personnes ?
Ne peut-on rendre justice et construire des relations fraternelles entre bourreaux et victimes en créant un espace de réconciliation par une justice restauratrice, qui n’exclue personne, qui refait les relations blessées et brisées entre Burkinabè, non pas par l’oubli, mais par la repentance des bourreaux et par le pardon des victimes ?
Loin de nous l’intention de faire l’avocat du diable, de promouvoir l’impunité et de défendre ceux qui ont commis des crimes et des injustices dans ce pays. Nous voulons simplement inviter les Burkinabè à prendre un peu de recul et de réfléchir avant de prendre la grave décision d’engager une guerre. On sait quand on commence une guerre, mais on ne sait pas quand on l’arrête. Car, comme nous le disions plus haut, la guerre, une fois déclarée, devient comme une pieuvre difficile à contrôler et à arrêter, et ses conséquences, même s’il y a un vainqueur, laisse des séquelles qui prendront des générations à disparaître.
Il est encore temps de se ressaisir, de réfléchir et de choisir : que perdrons-nous, que gagnerons-nous en allant en guerre par rapport à ce que nous gagnerons et perdrons en essayant patiemment de trouver une solution négociée au conflit qui nous divise ? Une solution négociée, par définition, est un compromis, le moindre mal pour tous ; elle n’est jamais parfaite.
Nous en appelons donc à la conscience et au sens de la responsabilité des leaders politiques, militaires et religieux du Burkina ainsi qu’à tous les Burkinabès, hommes épris de paix et travailleurs courageux, à prendre un temps de recul, à réfléchir, à se retrouver encore pour dialoguer et chercher à se comprendre avant de se décider à engager la guerre fratricide qui nous laissera tous plus pauvres. Malgré les torts commis de part et d’autre, nous sommes encore des frères et non pas des ennemis et il y a plus à perdre qu’à gagner dans une guerre !


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