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Tourisme au Faso : Dioulassoba, un village en ville !

22 septembre 2017, 12:39, par Kôrô Yamyélé

- Que ceux qui veulent des informations sur les bobos et leur histoire aillent discuter avec Monseigneur Tatianman Anselme SANOU ou le Dr Doti Bruno SANOU au lieu de s’entredéchiqueter sur la toile ici !

Moi aussi le Kôrô Yamyélé, je connais parfaitement les deux personnages et j’ai souvent échangé avec eux. Et j’ai hautement apprécié leurs analyses très profondes, pertinentes et très averties des changements sociaux et leurs grandes et vastes connaissances des cultures bobos et de l’Ouest en général.

- Dr Doti Bruno SANOU est Historien-Chercheur. Je me rappelle encore de cette interview de Sidwaya du 22 novembre 2013 du Dr Doti Bruno SANOU. Lorsque le journaliste lui a posé les questions, voici ses réponses dont je me rappelle encore aujourd’hui :

Question 1 : Comment peut-on définir un bon citoyen et quel est le degré de citoyenneté des Burkinabè ?
Réponse : Le mot citoyen vient de civisme et est lié à la ville, la cité. Etre citoyen, c’est être capable de vivre dans une cité dans laquelle on a des droits et des devoirs. Le citoyen, c’est celui qui assume en premier lieu ses devoirs vis-à-vis de la société, notamment les devoirs de production, c’est-à-dire être capable de produire des biens pour la cité. Il a le devoir du respect du bien commun notamment la vie humaine, le respect des autres. Il doit faire la promotion des richesses naturelles. En plus de ses devoirs, il a le droit d’être respecté, d’être considéré par la société, de bénéficier des retombées de toutes les activités menées par la cité et de faire des choix politiques. Le citoyen a également le droit de réclamer ses droits s’ils ne sont pas respectés.
Question 2 : Jusqu’où le citoyen peut-il réclamer ses droits, pour ne pas faillir à ses devoirs qui consistent également à préserver la quiétude dans la cité ?
Réponses  : Le bon citoyen, lorsqu’il estime que ses droits sont bafoués, doit d’abord se demander pourquoi c’est le cas. Si c’est parce que l’Etat ou son voisin citoyen n’a pas, pour le moment, les moyens de respecter ces droits ou de les lui accorder, il doit être en mesure de comprendre et d’attendre. C’est là, toute l’importance de la patience et de l’espérance. Il faut être capable d’espérer que si mes droits ne sont pas respectés aujourd’hui pour une raison valable, ils le seront demain. Au cas où le citoyen découvre que ses droits n’ont pas été respectés sans aucune raison, en ce moment, il peut user de moyens légaux pour revendiquer, mais sans violence. Il peut organiser des marches, mais surtout éviter de casser, de brûler, de molester et même de tuer, sinon il s’éloignerait de ses droits. La violence ne peut qu’entraîner la violence. Je pense qu’il faut repenser la cité tant du côté de la société que du côté de l’autorité.

- Monseigneur Titianman Anselme SANOU est socio-anthropologue. Il est titulaire d’un doctorat en théologie obtenu en 1970 à la Sorbonne à Paris. A sa naissance ses grand- parents se sont entendus pour lui donner le prénom ‘’Titianma’’ qui signifie une devise, une prière, celui qui est pour la vérité. En Dioula Tian c’est la vérité et lui est bobo-dioula. Normalement, on devrait aussi lui ajouter le prénom ‘’Zézouma’’ parce qu’il est né un vendredi du mois de septembre de l’année 1937. Ainsi est la tradition chez les bobos mandarè.

Lui aussi, je me rappelle de son interview réalisée le 12 Novembre 2008 à l’archevêché de Bobo-Dioulasso par Irène TAPSOBA. Voici ses réponses à 2 questions dont je me souviens encore :

Question 1 : Un être absolu est-ce un être surnaturel ?
Réponse  : Nous sommes aussi piégés par la pensée occidentale qui fait allusion au naturel et au surnaturel. Quand j’ai terminé ma formation en théologie, j’ai mis une croix sur ces termes. Vous avez la nature qui a une forme animale ou végétale, la nature intellectuelle, mystique. La pensée occidentale montre qu’il faut les deux alors qu’en réalité on n’en a pas besoin. Vous avez l’aspect humain des choses et dans l’humain il y a des étages pour atteindre le mystique. Pour moi c’est la relation avec la nature qui fait le nœud. Il y a 2 roues d’inégales grandeurs. Une pensée rationnelle ne peut pas admettre qu’il y ait une disproportion. La dimension de l’être et vous venez de le dire c’est le surnaturel, le naturel, le spirituel, le mystique. Il y a tout un combat, voire un débat d’école autour de ces termes.

Et c’est exactement ici que sa pensée et celle du Dr Doti Bruno SANOU se croisent sur les relation entre l’Homme et la Nature !

Dans une autre interview du 19/01/2010 réalisée par Valentin YAMYBKOUDOUGOU, il disait ceci :

Question 2 : Le peuple burkinabé a certainement besoin de justice et comme le dit l’adage, pour faire des omelettes, il faut forcément casser des œufs. Certains peuples sont passés par là et ont eu gain de cause.
Réponse  : L’histoire n’est pas un rocher, elle bouge. On fait l’histoire à partir de ce qu’on sait de l’histoire. C’est justement ce que j’espère du cinquantenaire de l’Indépendance de notre pays. L’histoire doit servir de leçon. Vous voyez, mon aîné l’Abbé Robert Ouédraogo l’avait dit au président Thomas Sankara quand ce dernier parlait de faire des omelettes. ‘’Qui fait les omelettes ?’’, lui avait- il demandé en substance avant d’ajouter : ‘’Faites attention car toute révolution est omnivore’’. Quatre ans après, Thomas Sankara est mort. Quand il y a de la violence dans l’air, le violent et le non violent sont tous des victimes possibles.

Par Kôrô Yamyélé


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