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Situation nationale : Voici les membres du cadre de concertation de sages

10 juillet 2015, 18:24, par le conciliateur

EXIGENCE DU DEPART DE ZIDA A SEULEMENT 3 MOIS DES ELECTIONS : Que cache cette revendication ?
La démission du Premier ministre de la Transition, Yacouba Isaac Zida, est exigée par ses anciens camarades d’armes du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et la hiérarchie militaire. L’ex-majorité a formulé la même exigence. Mieux, elle exige le départ de tout le gouvernement. Quels que soient les motifs qui font que le RSP, la hiérarchie militaire et l’ex-majorité réclament son limogeage, et c’est le terme qui sied à la situation, et sans préjuger de la qualité de ces motifs, l’on peut se risquer à faire les observations suivantes.

L’argumentaire des détracteurs du PM a de fortes chances de plaider pour la cause de Zida

D’abord, l’on peut faire la remarque que de toutes les forces politiques du pays, seul l’ex-majorité et alliés se sont rangés derrière le RSP et la hiérarchie militaire pour exiger le départ inconditionnel de Zida. A l’appui de cette exigence, l’ex-majorité et alliés, par la voix de leur porte-parole, Hermann Yaméogo, a dit ceci : « Nous soupçonnons que la Transition roule pour une des parties, avec comme manipulateur Zida. Or, cette transition doit travailler pour tous les Burkinabè. Donc, nous exigeons sa démission, et aussi celle de tout son gouvernement pour le bien de la nation ». Les choses sont, on ne peut plus claires. Yacouba Isaac Zida doit partir parce qu’il prêcherait uniquement pour la chapelle des formations politiques et des organisations de la société civile qui, les 30 et 31 octobre 2014, ont envahi la rue et ont obtenu la chute de leur mentor. Il serait donc ce « manipulateur » qui a suscité le vote du nouveau Code électoral qui consacre l’exclusion de certains de leurs camarades des échéances électorales à venir. Cet argumentaire a de fortes chances de plaider pour la cause de Yacouba Isaac Zida au sein de l’opinion nationale, voire internationale, en ce sens qu’il vient révéler que le Premier ministre Zida ne s’écarte pas de l’esprit de la transition. Et cet esprit veut, faut-il le rappeler, que tous ceux qui ont travaillé en toute conscience à soutenir Blaise Compaoré dans sa forfaiture avec les conséquences que l’on sait, en paient le prix. Et cette décision, il faut le dire, n’est pas le fait de Zida. Elle émane de l’ensemble des forces politiques et morales qui, certainement, ont voulu par là, amener les acteurs politiques à assumer leurs actes et propos posés et tenus pendant ces moments difficiles de l’histoire de notre pays. C’est cette dimension pédagogique du nouveau Code électoral qui peut contribuer à donner à la politique toute sa noblesse.

C’est pourquoi, l’on peut dire que la bronca de ce que l’on peut appeler l’axe RSP-ex-majorité contre Yacouba Isaac Zida, en plus de plaider pour la cause de ce dernier, vient apporter de l’eau au moulin de tous ceux qui soutenaient la thèse selon laquelle les partisans de l’ancien président ne sont pas étrangers aux agissements des anciens camarades d’armes de Yacouba Isaac Zida.

La deuxième observation que l’on peut faire à propos des exigences de la coalition RSP-ex-majorité est la suivante et l’on peut la formuler sous forme d’interrogations. Quelles pourraient être les conséquences d’un éventuel départ de Zida et de son équipe et ce, à quelques encablures de la tenue des élections ?

Il revient au président de la Transition de prendre toutes ses responsabilités

Quels sont les acteurs politiques à qui le scénario pourrait profiter ? A ces questions, l’on pourrait apporter les éléments de réponses suivants. Le processus de sortie de la transition s’en trouvera gravement affecté. Les délais de la tenue des élections pourraient être renvoyés aux calendes grecques, avec le risque d’exaspérer les Burkinabè et la communauté internationale. Un tel scénario est, de toute évidence, pain bénit pour l’ex-majorité et alliés pour davantage tirer à boulets rouges sur la transition et pour peut-être in fine demander à l’armée, son allié de circonstance, de mettre fin à la recréation. En réalité, l’attitude de l’ex-majorité et alliés cache mal leur dépit d’avoir perdu la poule aux œufs d’or. Par ailleurs, elle est dictée par leur appréhension de se voir déboutés par la Cour de justice de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) auprès de laquelle ils ont déposé une plainte contre la transition, au motif d’avoir été exclus du jeu électoral. Ils sont d’autant plus fébriles à l’approche du verdict de la CEDEAO qu’ils savent que cette structure ne peut pas contraindre le Burkina à revoir sa copie. Elle peut tout au plus infliger une sanction. Sentant donc la fin des haricots se profiler à l’horizon, et cela Zida ne se prive pas de le marteler, les partisans de l’ancien président donnent l’impression de faire feu de tout bois pour mettre des bâtons dans les roues de la transition. Zida n’est donc qu’un bouc émissaire. Ces tensions à répétition entre RSP et Zida maquillées aujourd’hui en un problème entre l’armée et le PM offrent une occasion en or pour le CDP et alliés de prendre leur revanche sur les insurgés des 30 et 31 octobre derniers. Le contraire peut difficilement être démontré. C’est pourquoi l’on peut dire que l’exigence du départ de Zida est suspecte. Il revient, par conséquent, au président de la Transition, chef suprême des armées et garant de l’intérêt supérieur de la nation, Michel Kafando, de prendre toutes ses responsabilités pour ne pas laisser les Burkinabè languir dans cette situation de ni paix, ni guerre. Car tous ses compatriotes et le monde entier ont les yeux rivés sur lui. Et c’est en pareil moment que les hommes d’Etat savent se déterminer de la manière qu’il faut, pour être utiles à leur patrie. Vivement donc qu’il parle, et bien.

source : édition « Le Pays »


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