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Diaspora : Le président de la Transition, Michel Kafando, à cœur ouvert avec ses compatriotes vivant en France

7 juin 2015, 02:07, par Sidpawalemdé Sebgo

Internaute 15/16 :
Nous apprécions votre volonté de paix et de réconciliation, mais il faut aussi rester réaliste. Ce serait vraiment idéal de tous s’embrasser et pleurer de joie à la réconciliation des frères Burkinabè. Mais gardez à l’idée qu’il y a réconciliation parce qu’il y a eu séparation. Cette séparation a t-telle cessé, quand et comment ? Et tout le monde veut-il la réconciliation ?

Vous parlez de "préserver la cohésion nationale", et la nous ne vous suivons pas, car il s’agirait plutôt de "restaurer cette cohésion", mise à mal par des années de gabegie, de clientélisme, d’injustices et de "diviser pour régner". Vous parlez d’union nationale autour du président Kafondo, en oubliant que certains contestent même toutes les institutions de la transition y compris le président Kafando, et réclament le retour de "leur président". Vous parlez "d’arrêter l’hémorragie", mais alors même que l’impossible est fait pour payer la dette intérieure pour relancer l’économie et assurer le fonctionnement, d’autres narguent l’austérité en étalant leurs biens mal acquis, qui pour lancer des campagnes coûteuses, qui pour financer des OSC fantoches, et d’autres simplement par défi. Ils veulent rendre le pays ingouvernable par des agitations incessantes et ne s’en cachent même pas ! Ils ne regrettent ni l’enrichissement illicite, ni les morts, ni les injustices et ne se sentent coupables de rien. Mieux, ils exigent de garder leurs privilèges, de ne pas être jugés et de revenir au pouvoir. Vous pensez qu’il s’agit la d’une attitude de réconciliation ?

Enfin, en déniant au "pouvoir de substitution" qu’est la transition le pouvoir de réformer et celui de juger, c’est la substance même de l’état que vous remettez en cause, tant il est vrai qu’un état c’est celui qui légifère, autorise ou interdit, juge, régule et organise. Comment donc voudriez vous que notre état fonctionne, sans que les délits soient jugés ni punis, ni des lois votées ? Sur quelles bases affirmez-vous que toutes les arrestations sont arbitraires ? Faut il laisser impuni celui qui s’approprie des centaines de parcelles pendant que les démunis n’ont pas de toit au nom de la "réconciliation" ? Sans loi électorale, quelles règles vont donc guider les élections à venir ? Faut-il laisser en place le sénat et l’article 37 qui ont été à la base de la contestation ? Le budget même n’est-il pas une loi qu’il faut voter ?

Mais surtout, surtout mon frère, comment voulez vous que des gens mènent une insurrection (au prix de la vie de certains), contre un ordre qu’ils rejettent, et une fois le dirigeant de cet ordre parti, garder exactement le même ordre, les mêmes lois, les mêmes personnes et admettre que les lieutenant de ce dirigeant prennent la direction pour continuer la même politique ??? Cela a-t-il un sens ?

Vous pointez du doigt, avec raison, la stagnation de l’économie nationale. Mais vous oubliez de voir que cette stagnation dure depuis plus de deux ans, les velléités de s’éterniser au pouvoir des Compaoré ayant entrainé de l’attentisme des acteurs économiques et de nos partenaires extérieurs. Vous oubliez aussi de dire que la dette intérieure accumulée pénalisait les acteurs économiques "normaux", pendant que cet argent était utilisé à d’autres fins. Et que si les "amis d’affaires" du pouvoir fonctionnaient à plein régime, les autres étaient au régime sec depuis des années. Alors vouloir mettre tout cela sur le dos de la transition n’est pas très fair play.

En définitive, si c’est cette tentative de changer ces choses (dénoncées par la majorité des Burkinabè et qui ont justifié l’insurrection) que vous appelez "Sankarisation", alors il faut reconnaitre que la Sankarisation est une bonne chose. Car elle prône la redevabilité, la justice et la non impunité, et plus généralement le changement par rapport au système établi ces dernières années au profit d’une minorité.


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