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Cité universitaire de Kossodo : Des dizaines de véhicules incendiés ou saccagés, des étudiants arrêtés

3 août 2013, 13:00, par Souly N. Stéphane

Pays des « Hommes intègres », ou pays « d´Ingrédients pour un cocktail explosif » !
Une seconde révolution menace notre pays. Encore faut-il peut être redéfinir ce que ce que j´entends ici par cette « révolution » ? Il ne s´agit pas ici du stade suprême du progrès, mais plutôt d´un retour en arrière,-en comparaison avec la relative paix vécue jusqu´ici-. Il s´agit d´un cycle de turbulences et de violence politico-sociale à venir. Il s´agit de lendemains incertains, avec en prises deux camps s´affrontant, sans pitié et sans remords. D´une part presque tous les groupes sociaux, manifestant brillamment, sous toutes les formes de contestation, leur refus des mesures prises par les autorités en place. A ceux-ci il faut ajouter ce qui ressemble ces derniers jours à une simple rébellion de notre jeunesse estudiantine, laquelle rébellion peut devenir un soulèvement. En face d´eux un pouvoir aveugle à la misère du peuple et sourd aux cris de tout un pays. Cependant il faut noter qu´il y a encore une inconnue déterminante dans cette situation : La réaction de l´Armée Nationale ou de ce qui en reste. Tous ces facteurs réunis peuvent aboutir à un changement de régime dans la violence. Jusque là les divers groupes sociaux ont tout simplement exprimé une colère qu´ils ont depuis quelques années du mal à contenir. Mais je dis que cette contestation peut s´accompagner à la longue d´une volonté de prendre le pouvoir. Les signes annonciateurs sont là, et personne ne semble vraiment s´en préoccuper. Dès lors que la majorité du peuple Burkinabè ne fait plus confiance aux institutions en place, alors un changement s´impose. Au lieu d´ouvrir les yeux et de vouloir ce gros éléphant qui a de la peine à se déplacer dans le couloir du pouvoir, on préfère l´ignorer. Les maux qui rongent le quotidien des Burkinabès sont nombreux et connus, qu´il s´agisse de l´injustice ou de la corruption. Les petits faits divers, insignifiants au départ se transformeront très vite en scandales d´état. Le dernier exemple est le déguerpissement musclé des étudiants de la cité universitaire de Kossodo. Qu´on se le dise. C´est injuste. C´est même très injuste.

Comment peut accepter que ceux qui grâce aux moyens de l´état ont mis leurs progénitures en sécurité en Europe et ou en Amérique…á l´abri des moustiques, de la maladie, de la faim et de la galère, envoient les CRS bastonner ces jeunes garçons et ces jeunes filles sans ressources ?
Quelle raison humaine peut justifier une telle attitude ?
Qu´on me cite un seul principe de gouvernance qui l´autorise !

Toute loi doit d´abord tendre à la protection de l´être humain, encore plus quand il s´agit des plus fragiles ou de ceux constituant l´avenir du pays. Dans mon pays, j´ai l´impression que les lois sont faites pour protéger les riches et les puissants. Malgré l´accroissement des inégalités sociales, la montée en puissance de la pauvreté, du chômage et de la précarité, les lois votées dans mon pays permettent aux riches de se la couler encore plus belle. Comment peut-on museler autant l´avenir de tout un pays ? Nous sommes peut être tous coupables de n´avoir pas dit non en octobre 1987. Nous sommes peut-être coupables de n´avoir rien dit en septembre 1989. Nous sommes peut-être coupables de n´avoir pas terminé la lutte en décembre 1998. Nous avons laissé la situation pourrir. Nous avons permis à un méga parti, le CDP d´instaurer un rassemblement de toutes les démagogies, dans le seul et unique but de conserver le pouvoir d´état et de jouir des différents privilèges que cela génère. En face de ce pouvoir une opposition désunie, réduite au seul exercice de rédaction de simples communiqués et la tenue de quelques meetings protestataires, sans aucun véritable projet politique. De tout ceci, la plus grande bêtise politique de beaucoup de Burkinabès est peut-être d´avoir pensé ou cru que le Front Populaire en tuant le président Thomas Sankara allait partager le pouvoir avec les partis politiques.

Du printemps arabe et de ses répercutions sur le continent.
L´actualité récente devra nous donner des leçons et nous enseigner. Trois exemples de fin de règne chaotique et brutal, trois hommes et pas les moindres ont dû abandonner le pouvoir parfois dans des circonstances inimaginables.
- En Tunisie tout est parti d´un petit fait divers après l’immolation de MOHAMMED BOUAZIZI à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010. Cela a abouti á la fuite du président Ben Ali le 14 janvier en Arabie Saoudite, pour autant la contestation se poursuit.
- En Egypte tout est parti d´un petit rassemblement á la place Tahrir, en janvier 2011, suivi de protestations gigantesques dans les grandes villes du pays. Le régime du président Hosni Moubarak n´y a pas survécu. En effet le 11 février il devait face à la colère populaire démissionner.
- En Libye dès le 13 février 2011, les manifestations sporadiques se sont vite transformées en émeutes pour finir en insurrection armée. L´indétrônable colonel Mouammar Kadhafi fut capturé, et exécuté le 20 octobre 2011.
Hé pourtant, ces hommes étaient non seulement les plus riches, les mieux protégés mais aussi et surtout les plus craints. Nul n´est irremplaçable. Et c´est justement ce que ce pouvoir n´a pas encore compris. La volonté manifeste, exprimée clairement ça et là pour beaucoup au sein du CDP, de passer outre les avertissements des leaders d´opinion et d´aller en contre sens des intérêts de la majorité du peuple Burkinabè va indiscutablement créer une situation de conflits et violences politiques. Si l´économie Burkinabé a fait des progrès, les richesses ont été très mal reparties. Nos performances économiques tant louées par les institutions internationales n´ont en réalité profité qu´à une infime partie de la population. Le modèle social de type libéral a permis l´émergence d´une économie de marché mais aussi et surtout de consommation. Il aurait fallu repenser ce modèle social en profondeur et développer une politique de production à même de permettre à tous de pouvoir s´assurer un minimum vital. Il n´y a eu aucun pacte républicain. Sans pacte républicain, pas aussi d´état moderne. La survie de l´état se trouve menacée dès lors que les inégalités sociales -déjà arbitraires- deviennent notoires et insupportables. Depuis 1987 les prix de toutes les denrées alimentaires et matières énergétiques ont presque doublé, quand les salaires stagnent.
Des solutions à la crise.
Jamais nous n´avons prôné l´égalitarisme. Nous voulons une juste répartition des revenues de nos ressources. Jamais nous n´avons renoncé au débat d´idées, nous voulons seulement le réajuster. Nous sommes convaincus qu´il y a au CDP des hommes et des femmes épris de paix et de justice sociale. A ces hommes et femmes nous lançons un dernier appel : -Nous voulons un véritable pacte républicain, lequel va réduire les inégalités sociales, mettre les voleurs en prison, juger les auteurs de crimes économiques et de sang, accorder une bourse d´études à nos jeunes frères et sœurs inscrits dans les universités, éloigner la chefferie traditionnelle de la politique, supprimer le sénat, laisser l´article 37 de notre constitution en son état actuel, rétablir un véritable état de droit, équiper nos hôpitaux et nos CSPS, construire des routes et des écoles, permettre á tout Burkinabè de se vêtir se nourrir et de se soigner, réhabiliter le président Thomas Sankara. Enfin il nous permettra de vivre libres mais surtout égaux et différents sur la terre sacrée de nos ancêtres. Alors Messieurs les politiques et les tenants du pouvoir si ceci n´est pas trop vous demander, prenez garde car bientôt il risque d´être tard, sinon même trop tard.

Souly N. Stéphane, Pharmacien Allemagne


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