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Mali : « Faux départ » pour la junte militaire

19 avril 2012, 10:17, par borntowin

En lisant les differentes interventions, je suis choqué de constater jusqu’à quel point nous les africains continuons à nous laisser transporter facilement dans la locomotive des politicards, pour ainsi parler.
Il faut analyser le changement d’attitude de la CEDEAO pour y décéler un attentisme qui en dit long. En tant que juriste je ne suis pas un adepte du désordre. Mais si je dois qualifier le coup d’Etat de Sanogo de désordre, je me dois aussi, en toute sincérité, de reconnaitre que si l’équipe ATT s’était comportée en bon père de famille, en politiciens adeptes de l’ordre moral basé sur les valeurs ancestrales du Mali, il n’y aurait pas de raison pour l’apparition d’un bandit nommé Sanogo. Justement, ATT était sensé incarner cette vertue morale. Fin de commentaire sur ce point.
Par ailleurs, il faut se dire que la situation présente au Mali a créé subitement un miroir par lequel chaque chef d’Etat Africain doit se découvrir. Ce miroir c’est bel et bien Son Excellence Amadou Toumani. La CEDEAO doit avoir le courage de définir clairement quel genre de démocratie elle veut servir à ses peuples. Il n’y a que deux alternatives : 1)une démocratie fallacieuse, mal alignée sur le temperament de l’Occident et qui généralement, dans le contexte des pays pauvres, sert toujours le plus puissant et le plus malicieux, car tout le monde n’est pas Julius Nyereré, pour le citer comme exemple ; et
2)une démocratie réelle qui sert les peuples et qui oblige tout dirigeant à rendre compte d’abord à sa propre conscience, ensuite à son peuple, et enfin à la CEDEAO qui devrait, dans ce cas, créer un organe juridique chargé d’imposer des comportements d’adulte à ses propres membres.
Si la démocratie doit signifier la confiscation du pouvoir par le moyen fallacieux des urnes en usant de tous les tours que peut contenir le sac stratégic de la campagne électorale connue de tous en Afrique, alors, le supporteur de circonstance qui a voté aujourd’hui juste pour assouvir sa faim de l’heure sera le même qui va vous maudire dès que la famine revient s’installer dans l’estomac comme un locataire permanent. Et s’il doit fermer la gueule parce que s’exprimer pourrait l’envoyer au cimetière (ou en prison s’il est chanceux), alors s’impose la troisième alternative :
le banditisme à la Sanogo. Car il y a encore beaucoup d’africains qui souffrent de toutes les faims de l’univers : faim physique, faim morale, faim psychologique, etc. Par expérience, je sais que beaucoup de chefs d’Etat ne connaissent même pas les réalités quotidiennes de leurs peuples.
Comme je l’ai dit plus haut, la CEDEAO doit cesser de se comporter comme un mineur politique et se rendre à l’évidence que l’Afrique n’est pas l’Occident. Si les conditions de rassurer le citoyen ne sont pas réunies, alors on arrive à une troisième alternative : l’exemple du Mali peu avant Sanogo où la situation ressemblait, comme dans bien d’autres pays, à un circuit éléctric sans fusibles. Le seul destin possible d’un tel circuit est de péter.
Dans la même suite d’idées, il faut peut être interpréter le changement de vitesse du Médiateur Compaoré et de la CEDEAO en général comme une prise de conscience de la situation réelle sur le terrain. Il n’est pas hasardeux de penser que les fameux bandits aient réussi à prouver aux médiateurs le bien fondé de leur action, obligeant chacun à se mirer à travers Son Excellence ATT.


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