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Aux origines du lwili-péendé, le foulard aux hirondelles

13 août 2018, 16:06, par Kariyon Somé

Bonjour,
Je suis vraiment ravi de pouvoir participer à cette réflexion sur le lwili-pende et vous apporter ce que j’ai appris d’un patri-âge de Gaoua et militant de la première heure du RDA révolutionnaire de la fin des années 40 à la moitié des années 50.
D’emblée, disons qu’il n’y a pas de contradiction entre les origines soudanaise et sénégalaise de ce foulard devenu emblématique au Burkina Faso.
En effet la version sénégalaise pourrait être tout simplement une réplique de la version soudanaise compte tenu du succès que cet accessoire vestimentaire connaissait déjà.
Pourquoi le lwili-pende et quand est –il devenu un emblème au Burkina Faso ?
Le foulard porte une hirondelle : Cet oiseau fut pendant longtemps le symbole de la renaissance et de la relance, du nouveau départ dans les sociétés ouest africaines et voltaïques des années 60. Chaque année, après la longue saison sèche, le retour d’une flopée d’hirondelles se fait avec les premières pluies et le retour du tapis herbacé du couvert végétal.
Enfant dans les années 70 au sud-ouest du Burkina Faso. Nous chantions le retour de cette multitude d’oiseaux que nous voyons voler les matins et les soirs au moment même ou nous quittions nos domiciles pour aller à l’école où quand nous étions en train d’y revenir.
L’arrivée des hirondelles déclenchait ou confirmait le début des semis et l’installation de la saison des pluies. A leur apparition les familles procédaient aux sacrifices propitiatoires pour solliciter une bonne saison pluvieuse et des récoltes abondantes à la fin de celle-ci.
Les hirondelles marquaient ainsi le point de départ d’un nouveau cycle de vie traditionnel dans les communautés ancestrales, un cycle de vie aussi perçu comme un cycle de rédemption et de renaissance : Production (semis-entretien-récolte) ; Évaluation, remerciements et célébrations rituelles ; Préparation au nouveau cycle de production.
A l’indépendance de la Haute-Volta en 1960, cette notion de rédemption et de renaissance que revêt l’arrivée des hirondelles va symboliser le retour du pays à une certaine souveraineté, la fin de la férule coloniale et l’opportunité d’une renaissance complète à partir des valeurs ancestrales des peuples voltaïques de l’époque.
En plus de l’hirondelle les trois couleurs (noir, blanc, rouge) du lwili-pende (et là mon informateur ne m’a pas signifié si les couleurs ont été adoptées pour célébrer l’indépendance en 1960) symbolisent les trois volta qui sillonnent le pays : la Volta noire, la volta blanche et la volta rouge.
Le cocktail hirondelle et couleurs voltaïques a généré le foulard lwili-pende que de nombreuses femmes voltaïques de l’époque ont fièrement portés lors des cérémonies de l’indépendance et qui depuis lors va traverser l’histoire du Burkina Faso et maintenir une certaine popularité jusqu’à nos jours.
En somme le lwili-pende est l’expression de la renaissance des peuples burkinabè à la suite de l’occupation et de ‘exploitation coloniale.
Kariyon Somé


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