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In memoria : El Hadj Ousmane Sibiri OUEDRAOGO

11 décembre 2022, 09:37, par Mechtilde Guirma

Une icône de la communauté musulmane de la Haute-Volta. C’était la belle époque. Tenez écoutez-moi cela : Il était un adepte-bâtisseur du dialogue inter-religieux aux côté de Son Éminence le Cardinal Paul Zoungrana. Voilà l’histoire que j’a vécu de ces deux très hautes personnalités religieuse de Haute-Volta : C’était sous le Pape Paul VI. Ce fut ce Pape même qui a créé Cardinal l’Archevêque de Ouagadougou : Paul Cardinal Zoungrana. Nous avons ensuite eu droit au film du rapport de la cérémonie à la Basilique Saint Pierre de Rome.

Tout d’abord la délégation officielle de la Haute-Volta était composé du Président Maurice Yaméogo et son chef d’État-major le Général Sangoulé Lamizana et d’autres officiels de l’armée et civils, mais ce fut la délégation de la communauté musulmane qui ravit la vedette à Rome : Président donc de la communauté musulmane de l’époque, Ousmane Sibiri Ouédraogo avait conduit la délégation (dans laquelle on ne peut oublier de mentionner un autre figure également emblématique, j’ai nommé son Excellence El Adj. Triandé Toumani) pour accompagner le cardinal à Rome pour son Sacre. D’après les rapports et le film qui nous a été projeté après, nous avons vu la délégation musulmane conduite par son Président, suivre le chef de protocole du Vatican qui leur désigna les places d’honneurs, tout juste derrière leur frère le Cardinal. À la surprise générale, ils refusèrent et allèrent à la nef où était le Cardinal, et s’assirent par terre, les pieds croisés, de chaque côté, gauche et droite près de leur frère le Cardinal Paul Zoungrana. C’est ainsi que par ce symbolisme fort, à la manière des Africains en général et de notre pays en particulier, comme si c’était devant un roi ou une personnalité étrangère qui leur parlerait (et il ne faut pas oublier que c’est aussi une figure biblique du Christ parlant à ses apôtres), ils furent les premiers à manifester leur joie et accord pour le dialogue inter-religieux. Ce dialogue, d’ailleurs, était déjà en vogue de façon naturelle dans le comportement des Peuples Voltaïques, bien des années auparavant, avant les travaux du concile de Vatican II. En plus c’était aussi et déjà les réflexions, du Cardinal, consignées dans ses travaux et soumis à son évêque lorsqu’il n’était encore que Curé de paroisse dans une région de Bobo-Dioulasso (ou même simple prêtre à Bobo ?). Il avait remarqué que les pratiques ancestrales de la région, étaient analogues aux coutumes des Mossé, et ailleurs en Afrique. Ensuite il jouissait également d’un grand respect de la part de la population qui l’aimait et l’écoutait attentivement comme on écoute en effet une bonne nouvelle. Mieux, il se rendit compte que s’il y avait de l’écoute, c’est qu’il y avait dans les coutumes ancestrales des analogies avec l’Ancien Testament. C’était le Pape Pie XII à l’époque qui était encore sur le trône de Saint Pierre à Rome, et par l’évêque de Ouagadougou, Monseigneur Johnny Thévénoud, Rome suivait déjà son cheminement. C’est ce dernier qui l’a ordonné prêtre avec deux autres de ses camarades. Ce fut une grande joie, car avec cette première moisson l’Église catholique africaine venait d’être implantée comme l’aurait voulu le fondateur de la Congrégation : Le Cardinal Charles Lavigérie.
Ces souvenirs méritent donc d’être évoqués pour que la jeunesse sachent que nous avons des Saintes Personnes dans l’au-delà, des Ancêtres qui peuvent nous souffler leur sagesse en ces temps troubles si nous le leur demandons.

Chers parents et aînés reposez dans la paix du Seigneur. Vous avez bâti notre pays, je suis sûre que vous ne le laisserez détruire. Ameen.


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