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Prix du carburant au Burkina : Le gouvernement autorise une augmentation de 100 francs CFA sur le litre

12 mai 2022, 16:13, par Sidpawalemde Sebgo

Pour tous ceux qui parlent d’augmentation des prix à l’international, sachez que depuis Blaise Compaoré, le Burkina ajuste ses prix aux variations internationales.

Cela se fait par un système de péréquation, et en évitant des chocs sur l’économie nationale. C’est pourquoi ce sont des sommes minimes (15F, 25F, 50F, etc) qui sont ajoutées ou enlevées. Si on a bien constaté une augmentation du cours du pétrole depuis la guerre en Ukraine et une hausse récente du dollar, la niveau de l’augmentation est sans rapport avec cela, car c’est la plus forte depuis des décennies et la plus forte de la sous région.

Pire, les raisons avancées par le gouvernement relèvent du prétexte sinon du mensonge pur et simple. Quelques exemples chiffrés :

Au Togo, les ajustement sur les prix ont été les suivants le 10 Mai :
Essence super : De 595F à 625F soit +30F
Gasoil : De 605F à 660F, soit +55F
A noter que c’est la deuxième augmentation en moins de deux mois, la dernière était survenue le 29 Mars 2022, et au total 120F ont été ajouté au litre de super depuis le début de l’année.

En Cote d’Ivoire, depuis le 31 Mars, les ajustements suivants ont été effectués :
Essence super : De 635F à 695F soit +60F
Gasoil : De 615F à 615F, soit +0F
Cette deuxième augmentation en deux mois se traduit par une augmentation totale de 80F sur le litre de Super.

Notons aussi que le gouvernement a justifié le maintien du prix du gasoil par la volonté de ne pas impacter le cout du transport de personnes et de marchandises, qui alimenterait une hausse générale des prix.

Au Mali, le 17 Mars dernier, les prix ont aussi changé :
Essence super : De 663F à 762F soit +99F
Gasoil : De 593F à 760F, soit +167F

Au Burkina, à compter du 12 Mai, les augmentations sont de :
Essence super : De 615F à 715F soit +100F
Gasoil : De 545F à 645F, soit +100F
Notons que le précédent arrêté conjoint de fixation des prix en vigueur au 21 Avril avait maintenu les prix.

1°) Première remarque : avant cet arrêté, le litre d’essence coutait donc 615F au Burkina, contre 635F en cote d’Ivoire et 595F Togo, soit des différences respectives de -20F et de +20F pour un trafiquant éventuel qui sortirait de l’essence du Burkina. Dans le premier cas, il perd, dans le second, cela correspond au différentiel du coût du transport entre Ouagadougou et une ville comme Koupéla, pas de quoi motiver une prise de risque.
Pour le Mali, il y avait bien une différence "incitative" de 48F sur le litre de super avant le 17 Mars, mais en tenant compte du différentiel de transport, cette différence est peu rentable.

De plus, si cet argument était valable, le gasoil au Burkina après augmentation reste moins cher de 15F par rapport au Togo (545F contre 560F) et le risque de trafic existerait toujours. La même remarque est valable pour le gasoil au Mali avec 645F contre 760F, soit +115F

Encore plus flagrant, avant leurs augmentations de Février et Mars 2022, les prix du litre de Super étaient de 615F en Cote d’Ivoire et de 505F au Togo contre 615F au Burkina. difficile de comprendre ce qu’auraient gagné les trafiquant à faire sortir notre essence "subventionnée" dans ces conditions.

2°) Deuxième remarque : Ces pays ont procédé à de précédentes augmentations en fin Mars rebut Avril, ce qui a "adouci" les choses pour les consommateurs, alors que nos autorités ont préféré faire du populisme en niant une éventuelle augmentation, qui semblait bel et bien prévue, et Ils en ont profité pour se débarrasser du DG de la SONABHY.

La preuve ? Le visa de passage de l’arrêté conjoint du 11 Mai au contrôle financier porte la même date (12 Avril) que celui du 19 Avril. En d’autres termes, cette augmentation a été visée le même jour que la "non augmentation" d’Avril dernier !

En résumé, nos "tatonneurs" ont voulu rattraper en une seule augmentation ce qui devait se faire en deux mais ne veulent pas l’avouer. Ils semblent avoir retenu que la politique, c’est mentir au peuple. Mais ce faisant, ils ont "oublié" les conséquences sur l’augmentation des prix du transport des personnes et des marchandises et donc de tous les autres prix. Autant dire qu’ils ont ouvert plusieurs autres fronts : Avec les boulangers, avec les transporteurs et avec les travailleurs.

Frédéric Guirma avait écrit "comment perdre le pouvoir" en référence à Maurice Yaméogo entre 1959 et 1966. On dirait que le MPSR veut réécrire sa version mais cette fois en termes de mois...


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