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Burkina Faso : Légalisons plutôt les coups d’Etat en Afrique

7 février 2022, 12:44, par SOME

Mon frère Il convient déjà de se poser la question de savoir c’est quoi la légalité et sur quoi elle repose. De quel droit on parle du droit ?

Oui effectivement il faut « …En finir avec le mythe tenace d’une neutralité de l’armée. ». Nulle part dans aucun pays à aucun moment de l’histoire de l’humanité cela n’a existé. Et c’est bien là où se trouve le mensonge et l’arnaque et la manipulation. Et les africains ont tout singé en fainéants intellectuels que nous somes. Et le tour est joué. Tout est dans la semantique.

« Pour l’instant les putschistes ne proposent rien, si ce ne sont des postes entre lieutenants-colonels, ou se donnent du temps avant de nous proposer leur plan pour mieux lutter contre les terroristes (mais demandent de les soutenir et suivre) … alors que c’est l’urgence insécuritaire qui les a fait prendre le pouvoir. Si le MPSR n’a pas déjà ses orientations et plans sécuritaires à nous proposer, voire imposer, mais attend que des concertations et autres « conseils » lui viennent des idées, alors nous sommes perdus… »

Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Pourquoi d’ailleurs s’impatiente t on ici et la d’un délai de retour à cette sempiternelle soi disant « ordre constitutionnel normal » ? Que recouvre réellement cette expression et qui sont derrière ? Interrogeons les mots, les concepts et les auteurs. Déconstruisons pour reconstruire et nous reconstruire. C’est cela la révolution.

« Cela voudra dire que pour vaincre le terrorisme il ne faut pas seulement être militaire, mais à la fois militaire et dirigeant politique. C’est ce déplacement du statut du militaire, voire de son identité que nous désignons aussi et interrogeons comme piège pour les militaires eux-mêmes, ainsi que l’enjeu de ce déplacement : devoir être moins militaire en devenant dirigeant politique pour gagner une guerre… »

Y a t-il déplacement ? Non ! car il y a toujours eu coalescence entre le politique et le militaire. Seuls les naïfs se laisseront prendre à ce piège, pièce clé d’une certaine idéologie.

« …mais de quel droit (quid juris) cela est interdit. félicitations mon frère ! J’attendais cet angle de réflexion. Oui de quel droit parle-t-on du droit, et de quel droit parle t-on ? Toi, en tant que philosophe, tu sais ce qu’est la philosophie du droit ! Oui mon frère, nous voyons certains venir gigoter sur lefasonet parce qu ils ont accès à internet, et c’est une bonne chose. Mais agitons nous pour y apporter quelque chose de solide ?

« Donc s’élever contre les sanctions ou s’en indigner sans interroger la légitimité de l’interdiction elle-même est peine perdue. » telle est la vraie démarche que l’intellectuel doit apporter à ses frères pour les éclairer et aider à se prendre en charge. Cette démarche a manqué et explique nos errements depuis longtemps.

Contrairement à toi, je soutiens qu’il n’y a nul besoin de légaliser « constitutionnellement » le putsch militaire car c’est déjà le cas : le militaire à le devoir de défendre la nation et la patrie jusqu’à donner sa vie. Alors c’est quoi défendre la nation ? Qu’est ce qui définit l’état nation ? Si un bon politique (pas politicien) le sait, un militaire (les officiers) le sait encore mieux.

Mais la posture de la CEDEAO ou union africaine pourrait s’apparenter à un biais cognitif mais n’en est pas un en réalité : c’est un choix idéologique et politique. Je reviendrai pour dire que nous ne pouvons mettre sous le tapis cette nécessité de questionner les concepts et mots. Qu’est ce la gouvernance, à fortiori affublée du qualificatif « bonne ». Qu’est ce la démocratie ?

Ce que tu appelles « illusion d’optique » c’est ce que moi j’appelle « choix idéologique ». Ne dit on pas au Burkina que tout est politique et que si tu ne fais pas la politique elle te fera. Au moins c’est clair ! Reste à savoir ce que recouvre le mot « faire ».

« …c’est précisément parce qu’elles ne sont pas anticipées par une légalisation des putschs qui en fixe la durée à l’avance  ». Mais non ! Tu escamotes ici l’élément essentiel qu’est le temps : et le temps dans ce contexte-situation est dynamique et ne peut être tributaire d’un temps momifié. Et justement cette différence de rapport au temps chez les militaires maliens et burkinabe découle de leur situation respective : les militaires burkinabe se trouvent au même stade que les maliens au début (le 1er coup d’état). On comprend alors le courroux de la CEDEAO et de leurs maîtres Macron, Le Drian et compagnie vis à vis du 2e coup des militaires maliens et qui leur fait perdre toute intelligence des choses et ce faisant démontre et renforce la position du Mali. Le « « délai raisonnable » pour le MPSR » leur éviterait d’avoir à faire un 2e coup d’état, si d’aventure ils sont venus pour sauver et restaurer le pays.

Donc il n’y a pas d’armée neutre ! ah ! Merci mon frère ! Quand nous comprendrons cela en Afrique, alors on pourra commencer à avancer. Thomas Sankara a dit que le militaire est un civil en arme et le civil un militaire en permission. On est tous citoyens et êtres humains. Sortons de ce schéma mental à voir en le militaire la brute soldatesque qui n’a rien dans la tronche et ne connaît que son muscle. J’oserai même dire que le militaire serait plus humaniste que leurs critiques.

Effectivement « Faire un choix n’est pas être neutre ! Encore faut-il que la neutralité existe ! Mais dans ces choix que tu appliques à l’armée, tu oublies un tiers exclu : l’armée ne fait pas de coup d’état parce qu’en réalité elle détient déjà le pouvoir d’état, même dans ce qu’on qualifie de démocratie. Effectivement d’accord avec toi pour dire, il n’y a d’armée neutre et il ne saurait y en avoir : c’est un mythe. Et on sait la fonction d’un mythe.

Dans les armes pour conquérir la démocratie tu cites les urnes, la rue, et l’armée. Tu oublies une autre arme (et des plus puissante aujourd’hui) : l’outil technologique. En occident qui se prétend maître à penser de la démocratie, la rue et l’armée ont été plus ou moins disqualifiées et éliminées au bénéfice des urnes. Mais on sait bien comment ces urnes sont gérées. En Afrique on le voit a la caricature (comme toujours quand on singe le maître !).

Oui le comportement différent du peuple burkinabe face à deux coups d’état (en 2015 et 2022) démontre qu’il n’est pas besoin de légaliser constitutionnellement un coup d’état car il y est déjà inscrit : il appartient au peuple de décider de qui préside à son avenir. C’est là la très grande leçon que nous donnent aujourd’hui le peuple malien et l’armée malienne. Il n’appartient à personne, ni à la CEDEAO, ni à l’union africaine, encore moins à la France ou soit disant communauté internationale, de dicter quoi que ce soit au peuple malien.

Le peuple burkinabe ferait mieux de s’inspirer de l’exemple du peuple malien, exactement comme le peuple malien a su tirer profit des errements de la transition au Burkina. An laara, an saara c’est clair. Et le peuple malien a décidé de se réveiller et monter au front des barricades yerewolo
plus que jamais le peuple a mis en pratique LA PATRIE OU La MORT NOUS VAINCRONS
SOME


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