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« Le Mali et la CEDEAO, père et fils », le cours d’histoire du Premier ministre malien Choguel Maïga

16 janvier 2022, 14:21, par Fasovision

Qu’une autorité d’un pays affirme, aussi explicitement et avec autant d’autorité, cette sorte de ras-le-bol face à certains agissements de la France, voilà qui est clair. Le même Premier Ministre a dit, en d’autres circonstances, qu’ils disposent de preuves concernant le jeu, on ne peut plus, opaque de la France dans la lutte contre le terrorisme dans son très vaste et immense pays. On ne criera plus alors à un quelconque "anti-francité" primaire à tout va !
On n’aurait moins à redire sur l’attitude de cette même France dont une partie de l’élite politicienne et des soldats se comportent comme étant en terrain conquis sur les terres africaines.
Pour étayer ce dernier point, un petit rappel de l’histoire très récente. Juste après son élection, le Président français actuel a effectué un voyage, son tout premier voyage officiel au Mali. Tenons-nous bien, au lieu d’aller à la capitale malienne pour y rencontrer les premières autorités du pays, il est allé directement à Gao, où est postée la force Barkhane et c’est là que le Président Ibrahim Boubacar KEITA (IBK) s’est déplacé pour venir à sa rencontre... Un détail qui en dit long sur la condescendance que nous décrions dans l’approche de cette même élite française dans ses rapports à notre Afrique. Génération après génération, il semble que cette façon de faire, devenue habituelle, ait été érigée en coutume politique. Dans la même veine, pourrait-on oublier cette convocation expresse, adressée, il y a deux ans, par le même Président français à nos Présidents du G5 Sahel pour, soutenait-il devant des médias, les entendre, à Pau, sur la montée d’un "sentiment anti-français" qui le chagrinait, visiblement ?

Le Premier Ministre malien montre, là, une posture digne et responsable qui devrait inspirer tout Africain face aux autres peuples du monde. L’hypothèse d’une infériorité de l’Africain face aux autres, longtemps martelée et secrètement entretenue dans certains milieux, a, malheureusement, nourri, dans une certaine mesure, les cultures du monde occidental en général et, en particulier chez notre plus proche ami, la France. Oui, le mépris de l’Africain, aiguisé par un racisme socialement convenu en Occident, est ce qui explique la prise de hauteur systématique, dans le discours et dans les gestes, de cette élite politicienne française, elle qui ne s’en gêne pas du tout, bien au contraire.

De l’autre côté, la tradition africaine du respect de l’autre, de l’hospitalité envers l’étranger, au lieu d’être pédagogique pour nos amis, a plutôt été parfois perçue comme une faiblesse, de la naïveté, de l’immaturité, autrement dit comme un manque de civilisation, qui consacrerait ainsi à jamais le mythe du "moi et mon Blanc". Ce sont les survivances de ce mythe qui explique l’attitude actuelle de la France vis-à-vis du Mali.

Heureusement que l’histoire ne s’arrête pas. Le monde évolue, les hommes aussi, à leur niveau personnel et dans leurs rapports aux autres. Tout comme le processus naturel de croissance d’un individu (naître, grandir et terminer ses jours sur la terre des vivants). A chaque étape, une réalité différente de celle de l’autre. C’est en cela la beauté de la vie. Une compréhension de cette vérité, en la rapportant aux relations entre peuples ou entre États, aurait pu aider à éviter les avatars auxquels on assiste, en ce moment même, entre la France et le Mali.

Du COURAGE, peuple du Mali. L’adversité qui ne tue pas vous renforce et vous construit, à coup sûr. Pour peu qu’elle soit l’occasion de saisir le bon bout de la réflexion pour tirer les leçons du parcours et repartir des deux pieds affermis sur les chemins de la vie, en l’occurrence sur la voie du développement et du progrès.


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