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Mali : Les sanctions de la CEDEAO contre la transition

10 janvier 2022, 09:39, par Sidpawalemde Sebgo

Hum... Soyons raisonnables...

Qu’aurions nous dit si la CEDEAO avait accordé au général Diendéré 6 ans et demi au pouvoir suite à son coup d’état ?

Combien de temps nous a-t-il fallu suite à l’insurrection pour réformer autant que possible nos institutions et organiser des élections ?

On peut avoir de la sympathie pour les maliens, et même pour la junte malienne, mais si on ne s’attache pas à un minimum de principes, tous nos pays seront bientôt gouvernés à vie par des militaires.

C’est plus facile et cela coute même moins cher de faire un coup d’état que de se faire élire, et les militaires en particulier disposent des armes et des hommes que l’état et les contribuables mettent à leur disposition. Seule la peur de la non reconnaissance internationale et des sanctions nous sauve de tous les aventuriers en uniforme.

D’autre part, évitons les contre-vérités : Dire que les pays africains, notamment ceux de la CEDEAO n’ont pas été solidaires du Mali est tout simplement faux.

Quand les djihadistes, profitant de la désorganisation du pays et des forces armées maliennes (FAMA) en raison du coup d’état de Amadou Haya Sanogo, se mettent à conquérir presque tout le Mali, la CEDEAO est la première à lancer une opération d’intervention de soutien.

Elle obtient en Décembre 2012 le soutient de l’ONU pour créer la MISMA ou AFISMA afin d’intervenir au Mali. C’est l’opposition farouche soit disant "patriotique" et "souveraine" du capitaine Sanogo à la présence de "toute troupe étrangère" qui a fait que les djihadistes sont arrivés à la porte de Bamako et que les français de l’opération Serval ont devancé les africains pour les stopper.

A noter que sur les 14 pays membres de la CEDEAO avec le Mali, seule la Cote d’Ivoire qui venait juste de se débarrasser de Gbagbo n’a pas envoyé de troupes. Les 13 autres pays de la CEDEAO ont réuni près de 6.000 hommes en urgence.

C’est la MISMA qui a été transformée en MINUSMA en fin 2013, avec là encore des troupes de 9 autres pays africains et 30 non africains soit 52 pays au total pour plus de 16.000 militaires et civils en fin 2019.

Malgré sa situation sécuritaire elle-même grave, le Burkina en particulier était alors le premier pays contributeur de troupes à la MINUSMA devant le Tchad, et 160 non maliens étaient morts pour le Mali, dont 13 Burkinabè.

Ces gens là disent aujourd’hui qu’ils n’ont pas fait tout ça pour que des militaires, au lieu de défendre l’intégrité de leur pays, prennent le pouvoir et s’octroient un septennat, quand chez eux mêmes les mandats légaux sont de 4 ou 5 ans.

Que certains ne soient pas d’accord, c’est leur droit. Mais dire que la CEDEAO n’a pas soutenu le Mali contre le terrorisme n’est pas la vérité.

En rappel, le Mali n’avait pas une situation sécuritaire meilleure quand ont été organisées les élections gagnées par IBK. Le Niger et le Burkina ont organisé des élections avec le terrorisme, pour ne prendre que des exemples africains proches. Le terrorisme et la guerre sont présents au Kanya, au Mozambique, au Nigeria, en Éthiopie, au Cameroun, au Tchad, etc... Et pourtant tout le monde organise des élections.

Dire donc qu’on ne peut pas organiser des élections à cause de l’insécurité est un prétexte pour rester au pouvoir. Quand c’est un civil élu, il a au moins la légitimité d’avoir eu l’onction du peuple dans le passé.
Si c’est un putschiste, il n’a aucune légitimité et on ne peut pas laisser faire. Même s’ils sont soutenus par tous ceux que la transition arrange parce qu’ils savent qu’il ne peuvent pas briller dans des élections. Point barre.


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