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Burkina Faso : Les élections de 2020 ont coûté 21 milliards de Fcfa

27 juillet 2021, 02:15, par Sidpawalemde Sebgo

Mes chers amis internautes, on est tous d’accord que les résultats sont décevants par rapport aux sommes dépensées. Mais de là à déclarer les élections inutiles, il faut savoir raison garder.

Au lieu de demander ce que cela a changé en bien, Demandez-vous plutôt ce qui se serait passé de mal si elles n’avaient pas eu lieu ?

1°) Sans élections, dès Janvier 2021, nos "opposants" tels qu’on les connait auraient déclaré l’assemblée nationale caduque, et le mandat de Roch Kaboré arrivé à son terme.
Chacun, y compris ceux qui n’ont pas eu 50 voix, et ceux qui vivent hors du pays allaient se déclarer d’office co-gestionnaire du pouvoir d’état, peut être même plusieurs allaient se déclarer président.

2°) Avec l’organisation prévisible de manifestations de rue et les appels qui auraient été lancés aux institutions, aux syndicats et à l’armée le risque de Somalisation du pays était grand.
Si jamais dans le jeu partisan, des institutions, corps constitués et composantes des FDS prenaient des partis différents, c’était la fin du Burkina Faso.

Ne nous y trompons pas : Le consensus qui a prévalu lors du départ de Blaise Compaoré pour une transition pacifique, était une chance rare, due à la responsabilité des acteurs politiques du moment, notamment ceux de l’armée.

Même avec ça, on se rappelle des épisodes de Saran Sérémé ou du général Lougué qui ont failli se déclarer "Président du Faso" à la télévision parce que le pouvoir était dans la rue. On a évité le pire de justesse. Il ne faut pas croire que si le pays se retrouve sans élus reconnus par tous (donc des élections) on aura toujours cette chance.

Et puis, tout en fustigeant nos dirigeants, vous leur faites une confiance aveugle mal justifiée. Vous croyez vraiment que si vous permettez au président et aux députés de prolonger leurs mandats sans limite claire et hors de toute loi "pour raisons sécuritaires", ils vont gentiment laisser le pouvoir quand la situation va s’améliorer ?

Pour mémoire, quand Idriss Déby est entré dans N’Djamena le 1er Décembre 1990, il promettait une transition et des élections en 1993, le temps de "sécuriser le pays", une nouvelle constitution avec la limitation des mandats présidentiels à deux de 5 ans.

En pratique, les premières élections ont eu lieu en 1996, quand il a été sûr de gagner, et après sa ré-élection en 2001, le verrou des deux mandats a été sauté en 2004 de sorte qu’il reste.

Déby est mort au pouvoir en 2021, après 30 ans de pouvoir et un nombre incalculable de coup d’états ratés, laissant un pays divisé et pauvre malgré le pétrole et un héritage dynastique à son peuple.

Si vous laissez quelqu’un au pouvoir sans règles claires et verrouillées, sachez qu’il écrira lui-même les règles de façon à y rester ! Et que ses adversaires politiques feront tout pour l’en déloger, quitte à bruler la moitié du pays.

N’infligeons pas cela au Burkina déjà meurtri par la pauvreté et le terrorisme...
Organisons des élections moins chères mais organisons les...


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