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Bali Nébié, écrivain : « Au village, il arrive que les autorités coutumières brûlent des fétiches »

5 mai 2021, 13:29, par Ka

Dans ce forum, j’ai toujours cité une célèbre phrase du feu, l’honorable Koffi Annan qui disait a la tribune de l’ONU que ’’’c’est l’ignorance, et non la connaissance, qui dresse les hommes les uns contre les autres, et FHB d’ajouter que la paix, ce n’est pas un vain mot, mais un comportement.’’’

Ici je dis chapeau bas à Bali Nebié pour cette Belle analyse, impartiale et simplement citoyenne.

Je retiens cette partie de son analyse qui m’interpelle : "... l’idée que la population se fait du sorcier est complètement erronée. Personne n’est friand de la chair humaine ; personne n’est doué d’un quelconque pouvoir surnaturel lui permettant par exemple de voler comme un oiseau, de se volatiliser à volonté, de se transformer en un animal ou en tourbillon, d’exercer un contrôle sur le vent ou la foudre, etc. Une telle perception du sorcier est de la pure fiction.’’

Avant de développer mon vécu comme tout mossi de ma génération, je confirme que je n’ai pas lu aucun ouvrage de Mr. Nebié, pourtant je suis un affamé des ouvrages sur notre histoire. La première question dont je peux poser à Mr. Bali Nébié ’’’à part ce qui se passe dans le monde Gourounsi, que pense-t-il de ce qui se passe dans d’autres ethnies de notre pays, ou ailleurs avec les vaudous du Benin, des Yourebas du Nigeria ou les Goros de la Cote d’Ivoire ? Quelle est la religion du Pr. ? Oui, une telle perception du sorcier est de la pure fiction, et j’ajouterai de la pure illusion.

Sinon, comme expliquer le jour de la première fête de notre indépendance devant les invités d’honneurs du père de la nation de la Haute- Volta, qui a invité les féticheurs de la région de prouver ce qu’ils peuvent faire devant le monde entier : Et l’illusion de ces féticheurs que j’ai retenu en tant qu’élève d’honneur assis devant les chefs d’états, a ne citer qu’Houpouët, c’est que ces derniers devant les invités, ont dépêcher un crapaud, enlever sa chaire en laissant la tête et la peau, et remplacer cette chaire aux yeux de toutes et tous de la terre dans la peau, quelques instant après, le crapaud sautait avec de la terre dans le corps, et sa chaire dans une calebasse d’eau, qui reste une illusion pour moi.

Tous les sacrifices que faisait Abraham et ses descendances sur les autels se font toujours de nos jours. Les phrases du st coran écrites sur du papier parchemin, deviennent de talisman qui existe de nos jours. Ou sont les nôtres ? Pourtant hormis 10 % de la population Burkinabé qui était chrétien ou musulmans en 1950, tout le reste était de la religion traditionnelle à laquelle chacun s’y attachait profondément, l’animiste se manifestait par respect de nos traditions à commencer par les sages qui tiennent les secrets de nos fétiches, les bonnes ou les mauvais : Que Mr. Bali Nebié sache que chez les gourounsis ce n’est pas totalement comme chez les Dagara ou les Mossi, ainsi de suite dans toutes les ethnies de notre pays.

C’est pourquoi, avant de continuer, je peux confirmer en ayant lu le Coran, la Bible, ’’que si ça tenait qu’à moi, né dans une famille animiste et converti au christianisme, ces affaires de religion ne devraient pas exister : Car, la Foi ou la Croyance est une affaire strictement personnelle et chacun devrait s’accommoder de ses propres relations avec Dieu, ou la conception qu’il a de son ou de ses dieux, sans se laisser influencer par d’autres personnes, éventuellement manipulatrices, surtout ne pas tourner totalement le dos aux enseignements de ses parents. Oui une commuté de sages qui connaissent les mauvais fétiches et les bons peuvent se permettre de les bruler, mais pas celui qui n’est pas de ce milieu, et les premiers missionnaires l’ont compris à une époque, car il y a eu une vraie institution de régulation sociale.

De nos jours, faute d’une institution de régulation sociale, comme il en existait dans nos sociétés traditionnelles dans les années 1960, nos traditions se meurent à petit feu. " Pourtant, quand on voit souvent des hommes politiques aux petits pieds ou des gradés de notre armé escaladés le mur du palais du Moogho-Naaba pour avoir la vie sauve quand ils ont le feu sur les fesses, nous pouvons dire que nos sociétés traditionnelles ne sont pas encore mortes, elles vivent, dictent nos réflexions et comportements, et elles sont un réservoir de sagesse encore utilisable pour redresser la barre de nos errements et de la mauvaise imitation du modèle occidental. Quand vous voyez la poche du boubou du Moogho-Naaba rempli, ne vous étonnez pas, il y a de vivant devant.’’

Un peuple sans culture est un peuple sans âme : Et nos vrais sages représentent notre culture. La preuve, ‘’’organisons un concours national pour faire appel de propositions d’amélioration de notre démocratie sur la base des principes transversaux des différentes sociétés traditionnelles. Je parie que nous serions agréablement surpris. Un peuple en soi, renferme l’intelligence du grand nombre. Et a l’image d’autres civilisations, notre culture contient beaucoup d’aspects positifs et certains négatifs. Nous ne perdons absolument rien à supprimer ce qui déshumanise nos comportements pour renforcer les aspects positifs, c’est pourquoi on voyait nos sages refusé un fétiche et l’enterrer ou bruler. Refuser cette façon de voir les choses revient tout simplement à dire que nous sommes dans la perfection et que nos coutumes sont parfaites. Mais comment notre vie peut-elle être parfaite alors que par définition l’être humain est l’expression même de l’imperfection ? A commencer par les prêtres ou pasteurs alimentaires qui se prennent pour le centre du monde.
Je pense qu’Ici, il ne faudrait plus parler de sorcier, mais avant tout de citoyens Burkinabé illusionnistes ou de citoyens Burkinabé animistes" extrémistes à faire du mal, qui ne représentent pas les féticheurs du pays a ne citer les dozos ou chez de Ganzourghou ou ailleurs qui surprennent le monde qui croit au l’illusionnisme.

Conclusion : Je ne saurais terminé ce que j’avance sans souligner que nous devons avoir l’honnêteté de constater que, si les "blancs" sont bien à l’origine de nos misères, ils ne peuvent aujourd’hui nous y maintenir que grâce à la complicité de nos propres frères aveuglés, et sont prêts de tout détruire sur leurs passages, oubliant l’avenir de nos racines. Regardons-nous en face et essayons de changer les choses chez nous en évitant d’avoir systématiquement recours au même bouc émissaire. Leurs comportements est tout à fait contraire aux continuités de nos coutumes. Croyez-moi, que l’illettrisme de nos sociétés primaires n’est pas signe de crétinisme, tout comme l’instruction n’est pas forcement signe d’intelligence ... il en va de même de la pauvreté et de la richesse. Je connais des villageois sans aucune instruction lumineux dans leur réflexion, et des intellectuels bardés de diplômes mais sans aucun relief d’intelligence créatrice. Nous devons veiller que nos continuités des coutumes restent le socle de notre vie pour mieux avancer dans un monde devenu invivable.


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