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Coupures de courant : La SONABEL s’explique

3 mai 2021, 12:10, par Sidpassata Veritas

J’ai deux réaction à ces n-ièmes "explications" de la SONABEL :

- 1- Nous ne vous demandons plus des explications à propos des coupures, mais des solutions pour éviter les coupures d’électricités.
« En ce qui concerne le déficit de communication qui est reproché à la nationale d’électricité, Baba Ahmed Coulibaly explique que... » Heeeh ! comme dit l’autre, arrêtez de nous embrouiller ? Qui vous a dit que le problème est un déficit de communication ? Vous n’êtes pas la RTB mais la SONABEL ! Alors le problème c’est le déficit de production d’électricité : on vous demande de nous fournir suffisamment d’électricité. C’est quoi cette manière de laisser le vrai problème pour traiter le faux problème. Dites-nous quelle est la solution pour que le Burkina produise enfin l’électricité qu’il consomme. Dites comme faire pour être comme les autres qui nous vendent leurs surplus de production au lieu de nous expliquer les problèmes que ceux-là ont à nous vendre de l’électricité !

- 2- Le vrai problème de de la SONABEL, c’est que c’est une société commerciale qui ne se comporte pas comme un commerçant, mais comme un pirate, et pour cause :
A- Elle pénalise ses clients qu’elle sur-exploite : Coût élevé des frais de branchement et de vente de l’électricité, pénalités financières sur le moindre retard de paiement de facture, irresponsabilité de la société pour les conséquences de ses multiples coupures d’électricité (manque à gagner quand on ne peut pas travailler par manque d’électricité ou pour les longues files à la caisse, les appareils et outils électriques endommagés, les produits frais avariés pour rupture de la chaine de froid...)
B- Les pratiques de sa mauvaise gestion au détriment de ses clients et qui tient au fait qu’elle est une société d’état. C’est le principal péché de la SONABEL qui se traduit par une grande injustice instituée et un handicap structurel de la société.
. L’injustice, c’est le fait que l’état qui est un gros client ne paye pas ses factures, n’est jamais pénalisé ni financièrement et encore moins pas la rupture du service comme c’est le cas des autres clients. En plus ce client indélicat est celui qui empoche les bénéfices de la société et ne réinvestit que très peu des ressources générées par l’activité. Cela n’est pas une gestion orthodoxe en matière de commerce. Cela n’est possible que parce qu’il y a un quasi-monopole de la société pour la distribution de l’électricité. Ce qui augmente cette injustice, c’est qu’il y a une fausse ouverture du monopole à des sociétés de distribution d’électricité qui, en réalité, ne produisent que très peu d’énergie avec des groupes vétustes, mais qui achètent de l’électricité à la SONABEL pour la revendre (une deuxième revente !) plus chère sur leurs réseaux. L’injustice est alors énorme : ceux qui dépendent de ces réseaux de revendeurs d’électricité ont souvent un service encore médiocre et une électricité qu’ils payent plus cher qu’avec la SONABEL qui, elle-même, achète de l’électricité à l’étranger. Il y a là non seulement l’injustice, mais une inégalité de traitement des populations surexploitées par ces sociétés qui « re-revendent » de l’électricité achetée à la SONABEL. Oui, alors-là que la SONABEL explique pourquoi elle sous-traite de la vente, qui pénalise davantage certaines populations.
Le gros handicap de la SONABEL, c’est que tant que son client étatique ne sera pas traité comme tous les autres clients, la société ne pourra jamais s’orienter vers une production suffisante de l’électricité et elle sera toujours tentée de vendre très cher le peu qu’elle produit ou achète. Elle sera toujours tentée de rançonner sévèrement et impitoyablement les autres clients pour satisfaire les besoins du client étatique. Il faut alors que l’État (gouvernement et agents de l’État) accepte de réduire sa consommation et de se convertir à la rigueur de la gestion. Il faut que dans le budget de chaque service, il soit inclue les frais de l’électricité et que ce budget épuisé, la SONABEL soit autorisée à suspendre la fourniture. En même temps, il faudra réduire le gaspillage dans les services (climatisation, ventilation, lumière et appareils allumés en permanence sans aucune réelle nécessité). C’est une aberration que la SONABEL en soit à faire des spots publicitaires dans les médias publics pour inciter à l’économie d’énergie dans les services publics ! Cette anomalie grotesque, à laquelle nos dirigeants et nos fonctionnaires sont tous habituées, ne semble plus poser de question à personne. Ce n’est pas en gaspillant de l’énergie achetée à l’étranger ou chèrement produite, que le Burkina va aller vers le développement. La SONABEL devait vendre toute l’électricité de manière commerciale sans aucun privilège pour les services étatiques pour pouvoir d’abord se stabiliser et ensuite reverser des ressources importantes au trésor public qui pourra ainsi payer sa consommation maîtrisée (parce que sans gaspillage. Pour réussir cette conversion, il faut des mesures contraignantes pour les agents de l’État accompagnées d’incitations financières : beaucoup qui poussent la clim à fond dans leur bureau n’ont peut-être même pas de ventilateur sur leur moto et dans leur chambre à domicile. Il faut donc les contraindre à la modération pour les besoins de toute la nation. Bien sûr que certains services (de santé et de sécurité par exemple) devraient être traités autrement, mais dans tous les cas, la facture de l’électricité doit être pris en compte dans leurs budgets pour éviter la tentation au gaspillage et contribuer à assurer ainsi la production de cette nécessaire énergie.
La mauvaise gestion et l’injustice, mêmes assumées avec les meilleurs sentiments, ne produiront jamais le développement et la sécurité énergétique de notre pays ! : Celui qui consomme doit payer et rien ne peut justifier une insécurité énergétique structurelle ! Pas d’explication mais la conversion


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