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Gestion du Covid-19 au Burkina : La réouverture des frontières terrestres et la vaccination des masses en réflexion

2 avril 2021, 13:02, par Sidpassata Veritas

A mon humble avis, la pandémie de la covid-19 montre au pays africains que leurs réalités leur sont spécifiques et qu’ils doivent s’affranchir du complexe infériorité qui les pousse souvent à imiter les solutions conçues ailleurs pour des réalités qui ne sont pas celles de l’Afrique.
Les militaires ont leur principe qui dit que "le terrain commande". Je crois que pour la lutte contre une pandémie, c’est aussi le terrain qui commande les mesures sanitaires à prendre. Il faut donc que les autorités politiques et sanitaires de Burkina aient le courage et culot de regarder et de se conformer à la réalité du terrain burkinabè, sous-régional ouest-africain, panafricain et international (mondial).
- 1- A l’international, la pandémie sévit gravement dans des pays riches et surpeuplés. Pour eux, il y a urgence avec péril en la demeure. Alors à défaut de médicament, il faut vacciner tout le monde pour provoquer une immunité collective qui permettra de résister au virus. Et comme la pandémie provoque beaucoup de mort, chaque pays se fait tout pour avoir la quantité de vaccin nécessaire pour immuniser sa population et la règle du "chacun pour soi" s’est imposée malgré toutes les bonnes résolutions de lutte commune. Preuve que "c’est le terrain qui commande".
- 2- Ces mêmes pays vulnérables au coronavirus savent pertinemment que pour leur propre sécurité sanitaire, il faut que même les population des pays pauvres et sous-peuplés soient vaccinées pour éviter à moyen ou long terme que le virus qui pourrait survivre dans ces populations-là ne fasse un retour fulgurant chez eux plus tard après mutations (nouvelles variantes du virus). C’est bien pour cela qu’à l’OMS et même chez certains dirigeants occidentaux, on travaille à pouvoir mettre des doses de vaccins à la dispositions des pays pauvres et sous-peuplés comme le nôtre.
- 3- Sur le continent africain, la menace (taux de mortalité) est globalement moins forte qu’en occident. Mais la réalité du terrain est contrastée. Certains pays comme l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Nigeria et dans une moindre mesure le Sénégal, le Kenya, sont plus éprouvé. Ils n’ont pas hésité à postulé comme preneurs pour les doses de vaccins et à lancer dès que possible la vaccination de masse de leur populations. On constate d’une manière générale que le virus circule dans les capitales et les grandes villes avec fortes densité de populations.
- 4- Dans la sous-région ouest-africaine les situations sont à peu près similaires : taux de contamination et de mortalité relativement faible (un peu moins bon au Sénégal et au Nigeria). Les organisations sous-régionales comme l’UEMOA et la CEDEOA sont des cadres de concertations pour des solutions adaptées à la réalité pandémique, économique et sociale de l’Afrique de l’Ouest.
- 5- La réalité du terrain qui est le nôtre est différente et les craintes et les urgences doivent être différentes pour s’y conformer : ici, en raison des facteurs non encore définitivement et scientifiquement déterminés, le coronavirus est moins virulent et moins mortel. En une année de pandémie, nous avons totalisé moins de 200 décès. Par rapport à d’autre maladie qui tuent beaucoup plus dans notre pays, ce qui doit nous inquiéter davantage pour la covid-19, ce n’est pas le taux de mortalité mais sa contagiosité. Le virus du covid-19 semble se propager plus vite que celui du sida ou les vecteurs d’autres maladie (paludisme, tuberculose, poliomyélite...) qui font plus de ravage dans nos populations. On peut tirer de cette situation, au moins les deux conséquences suivantes :
- Il ne faut pas que la panique générale qui se justifie ailleurs dans des pays réelle en situation d’urgence-covid vienne nous submerger ici au point de nous détourner de nos propres urgences. Il faut donc avoir une échelle bien claire des urgences pour ne pas nous tromper des priorités de chaque moments.
- Puisque les malades guéris acquiert une certaine immunité même si on n’en connait pas encore la durée ; et puisque le virus se propage facilement alors que nous constatons une faible mortalité, on peut déduire logiquement que ce phénomène entraine dans notre population un processus d’immunité collective spontanée et naturelle qui rira grandissant. Il nous faut donc, pour favoriser ce phénomène, nous concentrer davantage dans les modalités de prise en charge des cas les plus graves afin de réduire encore mieux le taux de mortalité par covid-19.
En conclusion : s’il s’agit de discuter sur l’opportunité de « la réouverture des frontières terrestres et de la possibilité de vacciner la population de notre pays contre le Coronavirus »
on peut dire la réouverture des frontière est nécessaire pour la relance de l’économie, mais que cela peut être envisager en accord avec les autres pays de l’UEMOA et de la CEDEAO pour fixer les conditions de circulations de populations avec les conditions objectives à imposer pour réduire la propagation du virus.
Par contre la vaccination de masse qui peut se justifier pour les pays fortement impacté par l’épidémie, pourrait se limiter dans notre pays à des catégories cibles comme les professions à risque (personnel de la santé, ou de service accueillant un public nombreux, services de secours...) et ceux qui désirent se faire vacciner.
Toujours est-il que le terrain doit commander et non les idées reçues ou la pannique irrationnelle.


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