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Baccalauréat au Burkina Faso : Ce qu’il faut retenir des réformes en cours

18 mars 2021, 23:33, par Sidpawalemde Sebgo

Ah, les gens aussi...

A force de vouloir critiquer le régime au pouvoir on raconte tout et n’importe quoi. Attention à ne pas devenir comme certains pays où les gens ne disent même plus bonjour à leur voisin parce qu’il est de "l’autre" parti et des drames familiaux naissent d’une différence de choix politique !

Plus sérieusement, tous les arguments détaillés, pour ceux qui connaissent le milieu, sont fondés. A part peut être cette histoire de "promesse de campagne". Sauf qu’ils ont trop tardé à communiquer !
On peut même dire qu’ils ont évité de parler de certains problèmes pour ne pas froisser des acteurs. Ainsi on peut ajouter :

1°) L’office du BAC est une enclave au sein de l’université Joseph Ki-Zerbo qui organise le BAC en "autarcie" avec des agents issus de l’enseignement secondaire. Ceux du Supérieur n’interviennent que pour la présidence des Jurys. (Pourquoi d’ailleurs cette seule université pendant qu’il y en a maintenant plusieurs ?)
Rattacher cette structure au MENA, même en changeant de nom et d’arrimage dans l’organigramme aura peu d’impact, sauf peut être en termes d’économies réalisées.

2°) Ces dernier temps, les enseignants du supérieur rechignent à participer au BAC. Les prises en charge seraient "trop faibles". Beaucoup refusent même au regard de l’insécurité d’aller dans certaines zones, alors même que les épreuves du BEPC (qui a plus de centres et de candidats) ont déjà été organisés là bas sans problème.
Leur nombre est insuffisant, de sorte qu’on leur fait présider depuis quelques temps deux jurys simultanément.
Se passer de ces "VIP" qui en fait n’apportent rien à l’examen n’est pas seulement une bonne idée mais une nécessité sinon on risque de ne pas pouvoir organiser le BAC dans le futur !

3°) La présidence de jury par les enseignants du supérieur ne se fait pas sans grincements de dents. Certains ne se gênent pas pour les taxer de "suffisants" et d’incompétents. Cette dernière remarque est simplement due à leur méconnaissance de l’enseignement secondaire.
Ils ne connaissent pas les durées des épreuves, qui a droit à une calculatrice ou pas, mélangent les coefficients et séries, se méfient de leurs collaborateurs du secondaire qu’ils pensent tous corrompus ou à peine plus gradés que des plantons.

Cela crée souvent des couacs pendant les examens, qui vont des échanges "amers" avec les correcteurs ou secrétaires à la reprise pure et simple des PV parce que "monsieur le président" a voulu tout faire tout seul et a tout mélangé.

4°) La valeur du BAC n’est pas liée à la signature en bas d’un document. elle est liée à la qualité des contenus des programmes d’enseignement (qui ne change pas), à la qualité des enseignants en classe, à la qualité des sujets (proposés par ces mêmes enseignants) et enfin à la rigueur dans l’organisation des épreuves.

Tous les autres facteurs étant sans changement, le vrai risque d’une réforme réside dans ce dernier point, celui de fuites possibles (le fameux pétrole) dues à l’implication de trop d’acteurs nouveaux dans l’organisation ayant accès aux épreuves.

Ceux qui s’inquiètent de la valeur de notre BAC devraient plutôt pointer cela au lieu d’insulter tout le système éducatif Burkinabè en liant la bonne formation sur 13 ans d’un bachelier au seul statut du président du jury la dernière année !


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