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Burkina : La limitation du nombre de partis politiques, une arme à double tranchant

12 février 2021, 10:44, par Tahirou Diao

Bravo sur cet article qui explique clairement le bien-fondé du multipartisme dans le cadre de la démocratie de style français que les anciennes colonies ont toutes adoptée dans la foulée des indépendances. Soixante après l’exercice démocratique a pris du plomb dans l’aile que ce soit d’ailleurs en Afrique, en France ou aux Etats-Unis, pour ne citer que ces pays. L’histoire récente foisonne d’exemples de tripatouillages de constitutions, d’achats de votes, d’assassinats et d’utilisation de la force pour se maintenir au pouvoir. Ces dérives sont, somme toute, naturelles compte tenu de notre nature d’humains faillibles et corruptibles. Face à ce constat il serait me semble-t-il pertinent de nous pencher à nouveau sur notre patrimoine africain et notre propre expérience de la démocratie pour corriger les dérives de l’héritage colonial. Nous avons suffisamment de recul maintenant pour commencer à réfléchir par nous-mêmes et de façon argumentée à l’avenir politique de nos pays. Chaque groupe ethnique du Burkina avait mis au point un système de gouvernance propre qui a assuré sa survie au cours des années. Ce système survit toujours et cohabite avec les systèmes mis en place par le pouvoir colonial pour soit disant unifier des "peuplades" disparates sans langue écrite. Ce qui fait l’union c’est la culture dont la langue n’est qu’une des expressions. Nous avons épousé une langue étrangère sans en avoir assimilé la culture. Et cette même langue sert surtout aux échanges avec l’extérieur et non pas entre les populations. C’est une des sources majeures de la perversion de la démocratie qui peine à se mettre en place. D’une façon générale dans le contexte africain le temps semble venu de rebattre les cartes en transformant les handicaps en atouts. En permettant par exemple que la fluidité de la langue étrangère permette de maximiser les acquis des cultures et gouvernances anciennes dans un dialogue politique plus porteur. Le cadre de ce dialogue pourrait être une forme de démocratie parlementaire où les élus seraient des représentants de partis politiques internes à chaque groupe ethnique. Et parmi eux sera choisi un premier ministre plus facile à remplacer en cas de défaillance. En tout cas plus facilement que dans un système présidentiel qui ouvre la voie à des dictatures. Le système britannique combinant le système de checks and balances américain sont aussi des sources d’inspiration, à condition d’en corriger les dérives.

Tahirou Diao