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Salfo Soré alias « Jah Press » :« Notre Label, « les Kundé » est protégé par l’OAPI »

samedi 31 mars 2007.

 
Salfo Soré

Salfo Soré, très connu sous le pseudonyme de Jah Press, est selon certaines langues, le « patron » du show-biz au Faso. D’abord, journaliste puis promoteur culturel, il est actuellement directeur général de Biz’Art Productions et commissaire général des Kundé, cérémonie de récompense des artistes-musiciens au Burkina Faso qui lui vaut aujourd’hui, des galons dans le show-biz. A cœur ouvert avec Jah Press et les « Kundé ».

Sidwaya plus (S.P.) : Qui est Salfo Soré ?

S.S. : Je m’appelle Salfo Soré à l’état civil. Je suis né un 3 avril 1968 à Zitenga. J’ai fait mon cursus scolaire en Côte d’Ivoire. Je suis communicateur parce que j’ai fait la radio (radio Multimédia, radio Energie, Ouaga FM). Aujourd’hui, je suis le directeur général de Biz’Art Productions, une structure de production et de promotion œuvrant uniquement dans le domaine de l’événement.

Nous organisons de grands spectacles pour des institutions, des actions-terrain pour des entreprises qui veulent faire la promotion de leurs produits de consommation. Indépendamment, nous organisons, annuellement, une grande manifestation dénommé « les trophées Kundé ».

S.P. : On vous connaît également sous le sobriquet Jah Press. Comment ce nom vous a-t-il été attribué ?

S.S. : J’avoue que c’est un hasard (heureux ou pas, je n’en sais rien) parce que j’ai longtemps évolué dans le domaine de la presse. En fait, dans les années 1980, à la suite du décès de Bob Marley, il y a eu un phénomène parti de la Jamaïque qui a fait que les gens se sont attribués des noms américains qui, comme on le sait, se terminent souvent par « son ». Au début, on m’appelait Jah Presson, à Dabou (une ville située à une trentaine de km d’Abidjan). Lorsque je suis arrivé au Burkina, j’ai fait le lycée Zinda, ensuite la faculté de droit. C’est à la suite que j’ai fait mes débuts à la radio. Je me suis alors dit que mon pseudonyme Jah Presson, était un peu long. J’ai donc haché le « on » et voilà Jah Press.

S. : Vous avez passé un bout de temps à Ouaga FM. Comment avez-vous apprécié le métier de journaliste ?

S.S. : Cela a été une expérience assez intéressante. Bien avant Ouaga FM, je suis passé par Radio Energie, ensuite l’agence de communication Edifice, notamment dans la section photogravure. L’idée de faire le journalisme à Ouaga FM a ensuite émergé et j’y ai découvert une très bonne dynamique de travail d’autant plus que nous étions de la même génération.

S.P. : Pourquoi alors avoir abandonné la radio pour le show-biz ?

S.S. : Il s’est trouvé qu’à un moment donné, en même temps que je faisais la radio, je développais des activités parallèles surtout au niveau de l’événementiel. Il me fallait alors beaucoup plus de temps pour cela alors qu’au niveau de la radio, je n’étais qu’un simple employé. Ne pouvant pas tout faire en même temps, j’ai donc fait le choix d’aller au show-biz.

S. P. : Vous êtes maintenant le directeur général de Biz’Art Productions. Quelles sont ses actions et ses domaines d’intervention ?

S.S. : Biz’Art Productions est une structure spécialisée dans l’événementiel. Nous mettons à la disposition de sociétés de la place des hôtesses pour faire la promotion de leurs produits. Nous initions et organisons des concepts pour leur permettre de vendre leurs produits. Nous organisons de grands événements sur lesquels nous imprimons des marques. Nous travaillons avec des sociétés de la place qui vendent des produits de grande consommation, notamment Nestlé, BAT, etc.

S.P. : On vous connaît également comme l’initiateur des trophées de la musique au Burkina Faso. Comment est née cette initiative ?

S.S. : Les Kundé remontent aux années 1997 (je veux parler de l’idée). Au début, nous avons conçu l’événement sous l’appellation « Balafon d’or ». Nous avons lancé le projet, prospecté, mais nous nous sommes rendus compte qu’il nous manquait la matière (les productions musicales). Il y a eu des années où il n’y avait pratiquement pas de productions parce que les artistes étaient obligés d’aller à Abidjan, louer un hôtel, faire tout le travail de production d’un album et cela coûtait extrêmement cher.

Il y a eu des années où il n’y avait qu’une à deux sorties d’albums. Nous avons vu que dans un tel contexte, on risquait très vite de mettre un terme au projet. Nous avons décidé de mettre le projet en stand by. Au début de l’année 1999, il y a eu l’installation du studio Seydoni et le ministre Mahamoudou Ouédraogo à la tête du département en charge de la Culture. Nous avons ressorti le projet.

Nous avons approché le ministre qui a apprécié mais nous a conseillés de changer l’appellation « Balafon d’or » (le balafon pour lui n’étant pas un instrument assez fédérateur et qu’on ne retrouve pas partout en Afrique). Je me suis rendu au Musée de la musique par deux fois pour observer tous les instruments de musique qui s’y trouvaient. Avec le guide du musée, nous avons échangé sur la guitare à trois cordes et qu’on appelle « Kundi » chez les Bissa, « Kundé » chez les Moosé. Cet instrument, on le trouvait également chez les Dioula, au Mali, etc.

Les prononciations variant, nous avons opté pour le terme « le (les) Kundé tout comme le terme « le (les) Burkinabè ». Le ministre a positivement apprécié. Durant l’année 2000, on s’est apprêté pour la première édition en 2001 et Seydoni nous avait facilité la tâche en produisant tous les artistes qu’elle avait sous la main.
La première édition s’est déroulée au ciné Neerwaya sous le parrainage du ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Mahamoudou Ouédraogo.

S.P. : Est-ce aisé d’organiser une telle manifestation au Burkina Faso ?

S.S. : Ce n’est pas du tout aisé. Il s’agit d’une manifestation qui demande beaucoup d’argent. Les Kundé sont un événement qui fait rêver, pendant lequel le public veut voir des stars, des gens qu’il n’a pas l’habitude d’approcher.

Dans notre politique de promotion de la musique, il faut qu’à chaque édition, nous fassions venir des musiciens d’autres contrées et d’autres personnalités du show-biz qui, en retour, peuvent aider à faire la promotion de la musique burkinabè à l’extérieur.

Nous avons donc eu à inviter Boncana Maïga, David Tayrault. A la dernière édition, l’équipe de RTI Music Awards était représentée. A la suite donc, des Kundé, certains artistes-musiciens burkinabè ont pu se produire à d’autres festivals similaires au Bénin, au Mali, en Côte d’Ivoire. Cela demande alors beaucoup d’investissements pour monter l’opération.

A cela s’ajoute le fait qu’au Burkina, nous les promoteurs culturels, sommes pas du tout gâtés en ce qui concerne le sponsoring des manifestations culturelles. Cela est en partie dû au fait que le marché n’est pas du tout important par rapport à d’autres pays de la sous-région à cause de notre niveau de vie jugé bas.

S.P. : Malgré tout, on constate que l’événement a pris de l’envergure et les habitués deviennent de plus en plus exigeants. Pensez-vous pouvoir maintenir le cap ?

S.S. : Notre but, c’est de pérenniser cette manifestation. Ce n’est pas à toutes les éditions que nous arrivons à boucler le budget. Il y a un engouement pour la manifestation et Nous le sentons, l’affluence du public, le vote des mélomanes. Cela nous encourage et nous amène à travailler à honorer le rendez-vous.
Que ce soit au niveau des artistes-musiciens, les Kundé demeurent un événement-phare parce que c’est d’abord en leur honneur, ensuite, il permet de faire le point des productions de l’année artistique écoulée, de connaître ceux qui l’on marquée par leurs qualités.

S. : L’édition de 2007 (la 6e édition) est prévue dans un mois. Quelles sont les grandes innovations attendues ?

SS. : Les grandes innovations seront avant tout, de prendre en compte les suggestions et les appréhensions du public par rapport à l’édition passée : le prix du public, la durée de la cérémonie, les petites imperfections, et vous savez, lorsque vous êtes un organisateur et vous sentez qu’une partie du public n’est pas contente après l’événement, cela vous met mal à l’aise. Le but premier recherché, c’est que les invités à votre manifestation soient heureux. Nous allons tenir compte des critiques et faire en sorte que le public n’ait plus à se plaindre.
Nous voulons placer l’édition de cette année sous le signe de la transparence.

S. : Pour une telle manifestation, le public s’attend toujours à voir de grosses pointures de la musique. A qui peut-on s’attendre ?

SS. : Euh.....(Rires). C’est vrai que c’est maintenant une habitude des Kundé. Comme chaque année, nous sommes en train de nous attaquer aux détails pour que les mélomanes aient droit à de grosses pointures de la musique à travers l’Afrique et dans le monde. Pour le moment, tout s’annonce bien. Des surprises, il y en aura, même pour ce qui est de la musique rétro. Nous allons tenter de réveiller certains que d’aucuns considèrent comme « morts » sur le plan musical.
L’un dans l’autre, tout se passe bien et la fête promet d’être très belle.

S. : L’affaire « Kundé bars-restaurants » est venue semer un peu de confusion dans les esprits. Que comptez-vous faire pour protéger votre label ?

SS. : Le label « Kundé » (trophées de la musique) sur le plan du droit, est protégé. Le premier bar Kundé a été inauguré autour du 3 ou 4 octobre 2004. Il s’agit de « Guitare bar » à Larlé (secteur n°10 de Ouagadougou). Depuis lors, nous avons entrepris des démarches pour breveter « les Kundé » (trophées de la musique). Nous avons tous les papiers de l’OAPI. Mais comme les bars-restaurants Kundé, se sont annoncés en force, l’on s’est demandé si notre démarche en valait la peine et si même les propriétaires de ces bars-restaurants allaient la comprendre au cas où on leur demandait de changer d’appellation. A l’époque, nous n’avons pas jugé opportun de brandir nos papiers.

Aujourd’hui, nous nous posons des questions parce que quelque part, nous avons subi un préjudice (qui n’est peut-être pas comparable au leur). Nous compatissons à leur douceur mais en même temps, nous tirons les conséquences par rapport à cette situation.

S. : L’un des objectifs des Kundé, c’est la promotion de la musique burkinabè. Comment jugez-vous cette musique aujourd’hui ?

SS. : Honnêtement, je trouve que chaque année, la production va croissante. Au niveau du nombre, cela est important parce que dans les années 1980, 1990, il y avait souvent une seule production dans l’année. Aujourd’hui, il y a plus d’une centaine par an et parmi les œuvres, il y a de la variété. L’on peut se permettre aujourd’hui, de faire une animation musicale d’une, deux heures de temps avec seulement de la musique burkinabè. Je trouve qu’on est sur le bon chemin. A partir du moment où il y a de la production, des œuvres variées pour permettre de danser, la situation est plus qu’appréciable.

Entretien réalisé par Ismaël BICABA

Sidwaya



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