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Bouaké : Quand l’administration porte le treillis

Publié le mardi 4 octobre 2005 à 07h24min

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Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, avec à leur tête Tuo Fozié, Chérif
Ousmane, Ouattara Issiaka dit Wattao, Touré Hervé dit Vetcho, des jeunes
soldats ivoiriens revenus de l’exil et ayant subi de nombreux préjudices sous
différents régimes pour avoir réclamé justice, réussirent à provoquer un
soulèvement militaire qui, face au refus du président Gbagbo de négocier la
paix, se transforma en une rébellion.

Les ex-rebelles de Côte d’Ivoire
aujourd’hui appelés Forces nouvelles ont la lourde tâche d’administrer plus
de 70 % du territoire ivoirien, les retombées d’une guerre qui a fait des
milliers de morts et qui continue de causer de nombreux dommages aux
populations.

Ces hommes, dont la mission devait s’arrêter juste quelques jours après
l’insurrection et après la " libération du pays ", sont aujourd’hui devenus les
décideurs de l’ensemble du territoire conquis. Ils ont la lourde tâche de faire
combler le vide laissé par l’exode massif des agents de l’administration
publique ivoirienne vers la zone gouvernementale, et de pallier le manque
d’infrastructures. Les nouveaux maîtres des lieux se sont donné pour mission,
de tout mettre en oeuvre pour répondre aux attentes des populations.

Les Forces nouvelles joue leur partition

Les Forces nouvelles ivoiriennes font actuellement face à de nombreuses
difficultés. L’exode des agents de l’administration publique vers la zone
gouvernementale n’a pas été sans conséquence sur les conditions de vie des
populations. L’administration est dorénavant dirigée par des militaires et des
volontaires. Les infrastructures sanitaires et scolaires roulent "au ralenti" ;
l’approvisionnement en eau des populations reste un casse-tête jusqu’à ce
jour, et les infrastructures routières ont pris un grand coup.

Devant cette situation et avec l’aide d’ONG internationales, les Forces
nouvelles ont mis en place un dispositif pouvant permettre d’assurer le
service minimum. A la tête de toutes les grandes villes de la zone, ont été
nommés des commandants qui ont pour tâche de superviser toutes les
activités qui s’y déroulent.

Des taxes frappent toutes les activités menées par
les opérateurs économiques nationaux et étrangers. La sécurité des citoyens
est assurée par des chefs de sécurité qui ont été nommés dans toutes les
grandes villes. La réfection des principales voies est assurée avec les
moyens de bord. L’information est assurée par la radiotélévision des Forces
armées des Forces nouvelles, la radiotélévision de Côte d’Ivoire (RTI) et
d’autres chaînes internationales mises à la disposition des populations.

Des
produits pharmaceutiques
(médicaments génériques) sont subventionnés par des ONG. L’électricité est
jusqu’à ce jour distribuée gratuitement aux populations.
Au niveau de l’éducation, les cours continuent dans les zones occupées par
les Forces nouvelles. Ils sont assurés par des enseignants qui ont choisi de
rester et par des bénévoles. Les salaires de ces derniers sont pris en charge
la plupart du temps par les parents d’élèves.

Des infrastructures financières, les Caisses d’épargne populaires et de
crédits de Côte d’Ivoire (CEPC-CI), ont été mises en place dans la plupart
des grandes villes, afin de permettre aux populations de mieux gérer leurs
fonds. Les taxes de douane ne sont plus de vigueur, ce qui a contribué à la
baisse des prix des produits dans cette zone.

De la lutte pour la liberté à la chasse à l’argent

Les populations de la zone ne restent pas indifférentes aux difficultés
rencontrées par leurs nouveaux administrateurs.
" Nous sommes dans le même bateau. Et pour arriver à bon port, il faut qu’on
s’aide et que chacun apporte sa contribution à l’édification de la nouvelle
Côte d’Ivoire". C’est en substance ce que font savoir la majorité des habitants
de la région.

Les Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) restent toujours bien
organisées avec à leur tête, le commandant Soumaïla Bakayoko, chef
d’état-major des FAFN. Elles sont accompagnées dans leur tâche par un
nombre élevé de volontaires qui sont convaincus du bien fondé du combat
mené.

Certains chefs des FAFN, dont Chérif Ousmane, commandant de la zone
sud (Bouaké), Fofié, commandant de la zone de Korhogo, se sont illustrés
dans leur région par des réalisations au profit des populations et les
nombreuses aides apportées aux démunis. D’autres ont plutôt choisi de
s’enrichir et de profiter au maximum de cette guerre et de la situation qui se
présente à eux.

Comme le faisait savoir un des responsables des FAFN à
Bouaké, " certains ont choisi de s’enrichir sur le dos des autres et ont presque
oublié les raisons de cette insurrection. Ils sont devenus des chasseurs
d’argent, des hommes d’affaires. Si on n’arrive pas à les ramener sur la bonne
voie, cela risque de coûter cher aux Forces nouvelles". Et d’ajouter que ce qui
prime, c’est la cause pour laquelle les FN ont pris les armes.

Par Alain DABILOUGOU (Envoyé spécial)

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