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Rapprochement B.Compaoré/L. Gbagbo : ne pas jeter le manche après la cognée

Publié le lundi 3 octobre 2005 à 07h47min

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B. Compaoré et L. Gbagbo

L’information a été diffusée comme ça, à la sauvette, dans les médias burkinabé : un émissaire de Laurent Gbagbo serait venu au Faso pour prospecter les voies et moyens d’une réconciliation entre Ouagadougou et Abidjan (scoop du quotidien Le Pays).

Alors que l’opinion en était encore à macérer la nouvelle avec les commentaires contrastés que l’on devine, voilà que celle-ci se met à enfler avec l’annonce coup sur coup de contacts pris entre des négociateurs ivoiriens et la présidence du Faso, et du départ d’une forte délégation burkinabé à Abidjan pour conférer avec le président ivoirien.

Ce dernier scoop venant de l’Observateur-Paalga, les choses prenaient des tournures encore plus sérieuses. Que Djibril Bassolet et Salif Diallo se rendent en Côte d’Ivoire pour préparer une rencontre entre les deux présidents à Yamoussoukro, voilà qui pouvait embrumer mais à la fois aussi éclairer bien des visages.

Si la guerre en Côte d’Ivoire nourrit bien des hommes, il faut reconnaître qu’elle en désole un plus grand nombre, ce qui fait que beaucoup espèrent sincèrement son règlement durable et attendent par-dessus tout, que le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire acceptent de se mettre autour d’une table ronde pour mettre à plat leurs problèmes. C’est, on le sait, la position défendue par " Alternance 2005 " lors de sa visite en Côte d’Ivoire avec un réel écho au sein de la communauté burkinabé.

Mais pourquoi, alors que l’Observateur-Paalga se promettait d’en dire plus sur cette sortie, le quotidien Nord-Sud, dans sa parution du 27/09/05, a fait retomber le soufflet en annonçant que le déplacement de la délégation burkinabé n’aurait pas lieu ? Selon l’organe ivoirien en effet, les missionnaires auraient été rappelés in extremis ; le pourquoi se trouvant dans l’énervement de la partie burkinabé qui n’aurait pas digéré que les journaux ivoiriens s’en prennent au président Compaoré, l’accusant de menées déstabilisatrices en Côte d’Ivoire, et de prêter à cet effet main forte au Général Mathias Doué.

Selon Nord Sud en effet : " Tout était prêt quand une campagne calomnieuse s’est déclenchée dans la presse bleue notamment dans les colonnes d’un confrère très proche de la première Dame. Ce journal, dans son édition de samedi, publiait des fac-similés démontrant que Ouaga abritait le général Mathias Doué et lui fournissait des moyens logistiques pour réaliser son dessein de chasser Gbagbo du pouvoir ".Cela aurait été jugé inamical, suspect voire même déloyal par B.Compaoré. et à Nord sud de préciser que "Blaise Compaoré a jugé que Gbagbo était toujours aussi peu crédible et peu digne de confiance. Il a donc rappelé ses émissaires qui devaient se rendre à l’aéroport et mis fin à une équipée qui s’annonçait hasardeuse ".

Mais faut-il y voir les vraies raisons de ce " flop " diplomatique qui a fait coulé le projet de réconciliation ? Il y en a qui en doutent. En effet, tant à Ouaga qu’à Abidjan, les différents organes ne sont pas chiches des critiques les plus acerbes, les plus irrespectueuses vis-à-vis de chacun des présidents. Les journaux burkinabé ne sont pas tendres en effet pour Laurent Gbagbo et à l’inverse, on en trouve en Côte d’Ivoire qui ne ménagent pas non plus Blaise Compaoré. Si à Ouagadougou, on achètera pas pour un sou Laurent Gbagbo, l’inverse est valable pour le président burkinabé en Côte d’Ivoire, en tout cas dans la partie Sud. Il n’y a donc rien de nouveau sous les cieux ivoirien et burkinabé.

Par contre, la nécessité qui s’impose chaque jour davantage est celle qui commande de surpasser les susceptibilités des chefs d’Etat, les ambitions des leaderships individuels pour privilégier l’intérêt des deux Etats et des deux peuples, ivoirien et burkinabé.

La situation est d’autant plus critique qu’elle compromet, au-delà des deux pays, la situation politique, économique, sécuritaire.. de toute la sous-région. Avec des accents à la limite pathétiques, le Gouverneur de la BCEAO a expliqué les préjudices irréparables qui pourraient être causés à l’ensemble régional si on ne mettait pas fin rapidement à la descente aux enfers due à ce conflit. Il n’y a pas que lui à penser cela. Les citoyens des pays de la sous-région, notamment ceux du Burkina Faso, qui souffrent au quotidien de cette situation, n’en appellent que de tous leurs vœux, à la fin de la crise.

On comprend donc la déception qui a suivi ce raté diplomatique et renvoyé aux calendes grecques, l’espérance de réconciliation soulevée par les propos que l’Observateur-Paalga a prêtés au Président Compaoré sur Laurent Gbagbo ; en substance "Laurent Gbagbo est mon ami, mon frère, le seul président que je tutoie ".

Mais les chemins de la paix sont tortueux, alambiqués comme ceux de Damas. Il faut seulement être persévérant, continuer à renforcer le camp de tous ceux qui aspirent à la paix, à la réconciliation entre les deux Etats.

Lamine Koné
San Finna

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