LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

Publié le samedi 22 août 2020 à 11h09min

PARTAGER :                          
Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

Le militant dira qu’il vaudrait encore mieux échouer, si l’échec est la règle, comme tous les autres, mais par excès de sens plutôt que par déficit de sens. Cet optimisme ne changerait toutefois rien au problème qui est que l’action politique se moque du sens, qu’il soit en excès ou en manque. Ou, si l’on veut, que la priorité de la (bonne) politique est moins le sens que des résultats tangibles et visibles pour une meilleure vie des moins chanceux de la vie.

Le sens se trouve du côté de la théorie et de la doctrine, toujours justes et vraies à l’intérieur de leurs limites, pas ou rarement dans la pratique. Voilà pourquoi l’existence en soi d’un mouvement politique qui fait du sens son nom et sa philosophie d’action ne peut que susciter de l’intérêt et de la curiosité, qui peuvent et doivent aussi aller jusqu’au contre-sens ; c’est-à-dire aller en sens inverse du SENS, sans aller contre lui.

A contresens

Le mouvement SENS (Servir et non se servir, qui peut aussi bien se lire « se servir et non servir » si l’on ne redouble pas le S de la fin pour faire SENSS !) ne déroge absolument pas à la routine de commencer par le sens en politique, malgré sa volonté et son intention réelles de rompre avec le classique de la politique dans notre pays et sur notre continent en particulier : des valeurs qui désignent le mal ou les maux à combattre et éradiquer, et qui légitiment par là même l’existence du nouveau parti ou mouvement. Si nous sommes là, c’est que nous voulons bien et mieux faire : voilà ce qu’il y a de plus classique et routinier chez toutes les organisations qui naissent et entrent en politique ; elles y entrent toutes sans exception par le sens

En voici plutôt le contre-sens qui romprait véritablement avec cette routine :
1/ Les organisations politiques (partis ou mouvements) ne devraient pas être légitimées par les seuls sens et valeurs dont elles commencent toujours par s’auto-justifier, mais par les actions d’intérêt général qu’elles initient et réalisent. Le simple fait de naître et d’exister à côté d’autres ne devrait légitimer aucun parti ou mouvement politique, comme si l’essentiel était d’attendre dans l’antichambre de l’action politique avant d’être porté par des élections à la direction de l’Etat.
Or la pratique et le sens de l’intérêt général ne peuvent s’improviser et s’acquérir du jour au lendemain par les victoires électorales : il faudrait donc que toute organisation politique se fasse périodiquement reconnaître et légitimer par l’Etat en posant des actes concrets d’intérêt général dans divers domaines ( éducation, culture, sécurité, vivre-ensemble, tourisme, etc…) qui constitueraient son véritable acte de naissance ou certificat d’existence politique, avant d’accéder au pouvoir. En clair, que le certificat des partis politiques leur soit retirés s’ils ne peuvent justifier d’actions concrètes d’intérêt général…

2/ La politique la plus sensée et vertueuse qui commence par s’ériger contre le vidage des caisses de l’Etat n’est qu’une politique négative qui suppose que ces caisses sont toujours déjà bien remplies, ce qui est un mythe. Il faut la compléter et renforcer par une politique plus positive qui consisterait à travailler aussi à remplir ces caisses de l’Etat. On ne devrait pas seulement se contenter de dire qu’il ne faut pas vider ces caisses et se servir, mais aussi comment les remplir ensemble, produire des richesses, ce qui demande là encore des mesures et actions concrètes et lisibles.

3/ Faire fond sur des valeurs dites endogènes pour refonder la politique dans notre pays et sur notre continent africain exige une réflexion préalable sur ces valeurs qui les évalue quant à leurs pertinence et efficacité pour nous-mêmes, au lieu de les considérer d’emblée comme des trésors cachés qu’il suffit de déterrer. Car, d’une part, ou bien ces valeurs nous sont propres et « naturelles », et alors nous n’avons pas besoin d’une élite éclaireuse pour nous les rendre sensibles et vivantes ; ou bien il s’agit de nous approprier les valeurs humaines universelles sans propriétaire désigné, et alors il ne serait pas approprié de parler d’endogénéisation mais d’assimilation (assimiler ou apprendre ce qui vaut aussi ailleurs et partout).

D’autre part : pourquoi Yirgou, si nous sommes si assurés et certains que cela de la positivité de nos valeurs ? Pourquoi la corruption ? Plus loin, pourquoi nos valeurs endogènes africaines n’ont-elles pas empêché le génocide rwandais de 1994 ? La main de l’Occident pour certains : mais pourquoi décidément nos valeurs africaines ne sont-elles jamais suffisamment puissantes pour empêcher de subir et suivre cet Occident ? Il suffirait pour beaucoup d’évoquer « nos valeurs » pour que la solution à nos problèmes récurrents se présente d’elle-même immédiatement. Ainsi est-il routinier et de bon ton d’en appeler à « nos valeurs » pour nous réconcilier au Burkina, mais sans jamais s’interroger sur ce qui, malgré ces valeurs nôtres, n’a pas empêché les violences et ruptures à réconcilier, et continue de ne pas empêcher la corruption. Ne faut-il pas d’autres valeurs pour évaluer et juger nos valeurs, seraient-elles aussi les valeurs d’autres ?...
4/ Le mouvement SENS révèle son paradoxe de faire bruyamment son entrée sur la scène politique en grande pompe (publicité oblige), et de rester en même temps discret sur la prise du pouvoir politique. Sachez que nous sommes là pour faire de la politique, comme tous les autres, mais nous ne voulons pas le pouvoir, contrairement aux autres ! Du moins pas tout de suite. Il semble cependant qu’il n’y a qu’une seule façon de programmer ainsi l’accession au pouvoir, d’en choisir et fixer la date : c’est le coup d’Etat ! Le plaisant paradoxe du SENS, c’est celui d’un coup d’Etat démocratique et non militaire : refaire ce qu’ont fait Sankara et ses camarades en 1983, symboliquement du moins, pour marquer et instaurer la rupture et le changement véritables.

5/ De fait, par souci de sens, le mouvement SENS reste à l’écart des grands blocs qui se constituent pour l’élection présidentielle de novembre prochain (MPP et satellites, UPC-CDP-ADF/RDA…), alors même qu’il partage avec la Coalition Rupture (MPS, APP/Burkindi…) l’héritage de la révolution de 2014 et le panafricanisme. De sorte que le troisième bloc politique qu’on aurait pu attendre, celui des acteurs principaux de 2014 et de la Transition, est désuni (ou en chantier ?), ce qui peut contredire les valeurs de solidarité et d’unité du SENS, et discréditer aussi cette révolution de 2014 dont se réclame le nouveau mouvement (la désunion de ses acteurs insurgés indique qu’ils ne se font pas confiance, une question de personnes plus qu’une priorité d’orientation et de sens communs). De sorte que le nouveau mouvement politique risque d’apparaître comme le mouvement du trop de sens, du sens au-dessus du sens même commun…

Trop de sens tue la politique

Mais c’est un pléonasme que de parler de trop de sens : le sens est toujours en excès de lui-même, dans cette mesure où c’est encore au sens qu’on aura recours pour justifier du sens, s’enfermant ainsi sur lui-même. Ayant toujours raison : nous agissons ainsi parce que nous sommes le sens, et que sans nous ou en dehors de nous c’est le non-sens. Tous les désastres politiques de l’histoire mondiale et africaine ont procédé de ce monopole du sens fondé dans des théories ou doctrines plus ou moins louables : marxisme-léninisme, fascisme et nazisme, africanité et authenticité zaïroises de Mobutu…

Au point qu’Aimé Césaire a dû quitter le Parti communiste Français, et faire de la politique complètement à contresens de la doctrine de la Négritude et de la critique du colonialisme. Parce que la théorie et la doctrine sont toujours vraies et justes, et que la catastrophe et l’échec accompagnent toujours leur mise en pratique : « Je crois en avoir assez dit pour faire comprendre que ce n’est ni le marxisme ni le communisme que je renie, que c’est l’usage que certains ont fait du marxisme et du communisme que je réprouve », écrivait-il à Maurice Thorez secrétaire général du PCF dans sa lettre de démission.

Et, l’a-t-on remarqué, il n’ y a jamais eu de politique de la Négritude chez Césaire politicien : député à l’Assemblée nationale française, il demanda et obtint l’assimilation de la Guadeloupe et de la Martinique à la France colonialiste qu’il dénonce et pourfend à juste titre, leur refusant l’indépendance. Cela n’a rien d’un non-sens, mais nous conseille seulement ceci : que pour faire de la politique, il faut laisser la doctrine et la théorie, autrement dit le sens de côté. Être plus modeste et humble…

Or je reproche aux « intellectuels » ou diplômés africains (dont je suis, jusqu’à preuve du contraire) de toujours s’enfermer dans le sens quand ils font de la politique. Comme si le manque de sens était la première cause des problèmes de l’Afrique. C’est le contraire qui est vrai et révoltant en même temps : il y a trop de sens, ou il n’y a que du sens en Afrique ! En effet, tout le monde, en Afrique, ne sait que trop ce que les Africains ne veulent pas ou ne veulent plus, et le dit plus ou moins bruyamment, depuis au moins soixante ans. Les plus malins puisent aujourd’hui dans ce trop de sens pour faire leur business en vendant et commercialisant du sens, et appellent panafricanisme cet afro-business qui n’est que la version endogène du capitalisme…

Tout Africain sait ce que la politique dans nos Etats devrait être, devrait faire. Il y a aujourd’hui plus de diplômés, de femmes et d’hommes éclairés qu’il y a soixante ans. Pourtant, quand ces mêmes « intellectuels », individuellement les plus intelligents de la terre, sont aux affaires et font de la politique, ça mal-gouverne et n’en finit jamais de mal-gouverner ! Plus ça étudie, et plus ça mal-gouverne ; plus il y a de lumière et de diplômés en Afrique, et moins nos Etats et notre continent avancent vraiment. Ce n’est pas un mystère, c’est un problème…

La vraie rupture politique en Afrique ne peut faire l’économie de ce problème à ne plus contourner qui demande une (auto-)critique sans complaisance des « intellectuels » africains qui toujours, encombrés de diplômes et de titres pour leurs nom et intérêt personnel, prétendent éclairer et penser vrai et juste (ce qui n’est toutefois requis et exigé que dans la théorie et la doctrines intellectuelles), mais sont incapables de bien gouverner. Ce sont eux en réalité qui vendent et livrent l’Afrique à l’Occident, et attachent avec leurs connaissances et titres les Africains au colonialisme et à l’Occident qu’ils critiquent tous les jours : des négriers intellectuels…

On comprend donc (et applaudit) que le mouvement SENS veuille en finir avec une situation qui dure au moins depuis soixante ans. A cette condition donc de commencer non par le sens pour risquer à coup sûr de s’y enfermer comme tous les autres, mais par la critique du sens ! la refondation de la politique au Burkina et en Afrique ne peut commencer que par la critique et l’auto-critique de ceux qui, diplômés éclairés, sont habilités voire destinés à gouverner nos pays dont les populations dans leur majorité ne sont pas éduquées et instruites.

Mais un « Appel aux intellectuels et aux artistes » du mouvement SENS évoque pourtant la lettre d’Aimé Césaire à Maurice Thorez sans se douter que c’est proprement aussi de la critique du sens qu’il s’agit dans sa démission du PCF : ce trop de sens dont l’occident même communiste s’affuble et s’enorgueillit pour asservir les peuples noirs qu’il exclut de l’histoire, c’est-à-dire de l’humanité, et dont il leur faut sortir : sortir du sens pour faire de la politique au plus près de nos réalités africaines…

Ma réponse à cet « Appel » du SENS consisterait donc à mettre personnellement en garde le Secrétaire chargé du Panafricanisme et des relations extérieures du mouvement, mon frère et camarade SOMET Yoporéka (= le nom de celui qui n’a pas de nom, et n’en cherche donc pas, condamné du coup à être simple et discret, parce que celui/celle qui doit lui donner un nom et le baptiser ne peut se trouver), qui est un égyptologue sérieux à côté de Théophile OBENGA et d’autres panafricanistes, contre la tentation de vouloir appliquer l’égyptologie dans la politique.

Contre la tentation de se servir de l’égyptologie comme la théorie ou la doctrine bien négro-africaine qu’il faudrait enfin aux Africains, après l’échec politique du marxisme-léninisme auquel ils se sont souvent référés pour se libérer du colonialisme, même s’il n’est pas interdit de s’en inspirer, et de mettre sur le même plan la refondation intellectuelle de l’Afrique dont participe grandement l’égyptologie et une refondation politique que nous voulons tous et attendons depuis soixante ans :
en insistant notamment sur la Maat des anciens Egyptiens, tant dans le Manifeste du SENS que dans cet « Appel aux intellectuels et aux artistes », une Maat qui ne parle guère à nos populations qui ignorent même où se trouvent les Egyptiens d’aujourd’hui ; comme s’il s’agissait de faire des burkinabè d’aujourd’hui et de demain des Egyptiens anciens ! Il m’importe, autrement dit, de protéger la refondation intellectuelle qu’est l’Egyptologie contre les dérives possibles et inévitables d’une mise en application politique qui rejailliraient sur cette égyptologie pour la discréditer, comme cela a toujours et déjà été le cas de toutes les belles théories et doctrines que la politique a voulu appliquer. Thomas SANKARA n’avait pas de théorie ou doctrine assignée ; il avait des idées, ce qui est le propre de l’homme d’action

Nos populations sont aveugles d’illettrisme et d’analphabétisme, pas d’intelligence : une véritable politique de rupture doit avant toute chose commencer par leur donner des yeux pour voir (= l’éducation), au lieu de prétendre parler à leur place et les éclairer d’en haut : à quoi sert la lumière la plus éclatante à un aveugle ? Et donner aux peuples africains et burkinabè des yeux par lesquels ils pourront voir n’importe lumière et n’importe quelle obscurité n’est pas de la théorie, c’est de la politique…

Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE


PS : Ce commentaire sur SENS était rédigé avant le coup d’Etat au Mali qui appelle deux réflexions courtes : 1/ Le président échu, M.KEITA, n’était donc pas un paysan analphabète ou illettré, mais un intellectuel de haut vol qui échoue politiquement. 2/ Pendant que la « communauté internationale » s’énerve ou se désole et condamne le coup, le peuple malien dans sa majorité jubile et l’applaudit : cela est suffisant pour penser et se convaincre que la démocratie sans les peuples, la démocratie pour la démocratie, qui s’installe en Afrique, n’est pas plus enviable et défendable que l’absence de démocratie. C’est la démocratie doctrinaire de la pure légitimité des élections et des conventions internationales, qui mal-gouverne et laisse la survie des gens compter pour rien : cette démocratie-là est encore une variante politique du (trop de ) sens, qu’il est comme sacrilège de critiquer, mais qui ne nous fait que tourner en rond, piétiner sans avancer…

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 22 août 2020 à 12:53, par Bao-yam En réponse à : Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

    Il y a beaucoup à dire de l’écrit de C. Dabiré mais essayons d’être bref. En gros, M Dabiré détruit du sens sans proposer de sens. On ne peut agir sans penser et l’idée défendue ici semble être qu’il faut des idées spontanées sans arrière plan idéologique. Ça n’existe simplement pas. Sankara avait un arrière plan idéologique qui était le marxisme-léninisme combiné avec du panafricanisme et la prise de conscience que la libération politique de l’Afrique est impossible sans la libération culturelle.

    M Dabiré ressemble à l’intellectuel typique africain bien formaté à l’école de l’Occident qui devient systématiquement nerveux à l’idée qu’il faille faire une rupture épistémologique avec l’Occident et simplement construire la théorie de notre propre pensée philosophique et politique (normal quand on sait qu’aucun autre peuple sur cette terre n’étudie la « philosophie » de l’autre sauf l’Afrique). Ce sont les mêmes, nerveux à l’idée de se départir des chemins tracés pour eux par l’Occident et dont les penseurs occidentaux ne prennent pas au sérieux en réalité. Vous voulez d’une histoire qui n’a pas de dent (enseigné comme un chapitre à quelques étudiants en histoire) alors que la perception du monde que nous avons est bâtie sur des présuppositions adossées à une histoire construite par d’autres. L’apparente absence d’idéologie que vous semblez percevoir n’est rien d’autre qu’une mère d’idéologie dans laquelle vous baignez à tel point que vous ne la percevez plus.

    Le paysan africain ne comprend rien à la Grèce non plus, pourtant si on retire le leg de la Grèce antique, toute la philosophie que vous avez étudiée va s’effondrer et cet écrit n’aurait probablement pas lieu. Bref, d’autres ont déjà réfuté ce type de raisonnement dans pleins de livres...Allez-y lire vous même.

    Là où on peut être d’accord, c’est que l’idéologie sans pensée pratique ne créera pas des résultats sur le terrain. Donc il faut accompagner le rêve avec une pensée pratique et pragmatique.

    Là où on peut être aussi d’accord c’est que la pensée seule ne saurait réussir en politique. S’enfermer dans les débats intellectuels ne mènera pas au succès. Ce n’est toutefois pas pour autant qu’il ne faille pas mobiliser les intellectuels et les convaincre de passer de la théorie à l’action. Eux aussi peuvent s’intégrer et aider les masses à s’organiser.

    • Le 22 août 2020 à 20:25, par Ame noire En réponse à : Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

      On dirait que je n’ai pas lu le même DABIRE que vous, désolé !

    • Le 23 août 2020 à 09:11, par CDKD En réponse à : Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

      Bao-yam,
      Les contresens, contradictions et hors-sujets sont tellement nombreux qu’ils donnent un semblant de profondeur à votre propos. Tout ce mélange me donne l’image décevante et désagréable de l’intellectuel qui paraît savoir lire, mais qui ne lit pas mieux qu’un illettré. Me voilà obligé, pour aider votre capacité de compréhension, de procéder à une explication de texte, ce qui est un comble d’avoir à écrire une deuxième dois pour l’intellectuel profond que vous êtes : 1/ Je pense avoir proposé (ce que j’appelle aller à contre-sens du SENS sans aller contre lui) certaines idées qui renouvelleraient la politique, ici même, et dans bien d’autres articles publiés sur lefasonet . 2/ Et même si de sens je n’en proposais pas, cela est parfaitement cohérent et intelligible, puisqu’il s’agit pour moi de sortir du sens toujours en excès de lui-même (vous en donnez la parfaite illustration : si l’on ne tient pas le bon discours du SENS, et si on n’est pas scotché au sens, on n’est pas, pour vous, le bon intellectuel !). Le sens dont il faut sortir, pour faire de la politique efficace, c’est la théorie ou la doctrine ; c’est l’Occident même communiste (d’où la référence à la lettre de Césaire), c’est encore, en PS, la démocratie pour la démocratie (exemple récent du Mali). 3/ Si mot "idéologie" n’apparaît nulle part dans mon texte, au profit de ceux de théorie et de doctrine, c’est parce qu’ils ne sont pas aussi simplement synonymes et substituables que vous le pensez et montrez en ne parlant que d’idéologie. Ce faisant, vous en décrétez que je défendrais ici l’idée d’une action sans pensée ou sans idéologie (encore une grave confusion, pour vous pensée = idéologie). Au passage, tout le blabla sur SANKARA est faux (donnez-moi l’occasion de vous répondre sur tout ceci en dehors de ce forum) : qu’est-ce qu’une idéologie au fond pour vous, et le marxisme-léninisme est-il une idéologie quand on est marxiste-léniniste ?? Vous confondez encore inspiration et mise en application d’une théorie ou d’une doctrine : la politique révolutionnaire de SANKARA n’était l’application aveugle d’aucun marxisme-léninisme, nom générique de plusieurs marxismes en réalité qu’il est donc impossible d’appliquer dans une seule politique. Que l’inspiration sankariste soit incontestablement marxiste-léniniste ne veut pas dire que Thomas SANKARA voulait en appliquer telle ou telle variante en particulier au Burkina Faso. 4/ D’où, dirais-je, aussi bien SANKARA que CESAIRE (le Césaire qui a demandé et obtenu l’assimilation des Antilles à la France plutôt que leur indépendance : dites donc aussi qu’il est formaté à l’école de l’Occident !!) sont sortis du sens, c’est-à-dire encore une fois de la doctrine et de la théorie intellectuelles pour faire une politique ajustée à leurs pays (Césaire appelait la Martinique "mon pays"). 5/ Qui vous parle de la Grèce au paysan africain ? Vous débitez des préjugés contre quelqu’un (moi) que vous ne connaissez pas, en récitant des poncifs d’authenticité intellectuel africaine que vous me présumez ignorer ; tout comme vous présumez, parce que vous vous égarez tout seul dans vos confusions et hors-sujets, que je suis "nerveux à l’idée qu’il faille faire une rupture épistémologique avec l’Occident", autrement dit à la solde de cet Occident. Sauf que vous ne connaissez absolument pas mes posture et position intellectuelles et politiques par rapport à l’Occident, et que, surtout, je ne suis pas du tout certain que vous connaissiez plus ou mieux que moi ce que cet Occident a de répulsif et, comme disait Césaire, "indéfendable" ! Parlons-en davantage si vous voulez, et sans masques : puisque vous voulez m’en donner des leçons (me demandant même d’ aller lire des textes... alors que vous êtes manifestement incapable de lire et comprendre ces quelques lignes ici proposées, en dehors du fait d’être d’accord ou pas !!), faites-le publiquement, cela profitera à beaucoup d’autres africains "inauthentiques" comme moi, intellectuels ou pas : mais comptez sur moi pour vous répondre sans réflexe mais sans gangs non plus, avec le peu de culture intellectuelle que j’ai de l’Afrique et de l’occident ! 6/ Le bouquet final, inattendu et incohérent au vu de ce que vous développez précédemment, c’est que vous êtes tout de même d’accord avec l’idée que "la pensée seule ne saurait réussir en politique" (encore que la pensée n’est pas, là encore, simplement la théorie et la doctrine ! toute pensée n’est pas doctrine ni théorie !) : c’est pourtant l’essentiel du texte, tout le texte même, qui soutient que l’action politique ne peut pas consister à appliquer des théories ou des doctrines (d’où ma mise en garde : que l’égyptologie ne soit pas le nouveau miroir aux alouettes pour soit-disant refonder la politique au Burkina et en Afrique)...

  • Le 22 août 2020 à 17:32, par Sidnoma En réponse à : Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

    Chapeau bas !
    Beaucoup de plaisir à lire KDCD !
    Longue vie à toi, M. DABIRE et continue de nous servir de ta belle plume.
    Dieu bénisse le Burkina !

  • Le 22 août 2020 à 20:09, par Maix En réponse à : Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

    Bel article. Mais ce monsieur n’a sûrement pas pris la précaution d’échanger avec des membres de SENS car sinon, il saurait que ce mouvement n’est pas né le 02 août 2020, et qu’il a déjà beaucoup de réalisations d’intérêt général à son actif.
    Par ailleurs, il y a une contradiction à vouloir que ce soit l’État aux mains de ceux là mêmes dont on ne veut plus de la manière de faire, qui donne les certificats de naissance aux partis et mouvements politiques d’une nature différente...
    Bref, monsieur Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE a toute sa place à SENS si tant est qu’il souhaite passer du commentaire à l’action.

    Maix.

    • Le 23 août 2020 à 06:53, par CDKD En réponse à : Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

      A Maix :
      1/ Sur l’intérêt général, si vous preniez la précaution de bien lire pour remarquer qu’il s’agit d’une proposition générale qui concernerait tous les partis ou mouvements politiques, et pas seulement SENS . Si tous entrent en politique par le sens, il n’est pas sûr que tous puissent régulièrement justifier d’actions d’intérêt général. 2/ Votre sens de la contradiction étonne : parce que vous paraissez convaincu que n’importe quelle organisation politique ou non a le droit de voir le jour sans être redevable à l’Etat, sous prétexte qu’elle veut changer de manière de gouverner dans cet Etat. Ou, parce qu’on est LE sens, on aurait un droit d’anarchie. Si c’était le cas, je ne m’étonne plus, je m’inquiète... 3/ Vous voyez bien qu’il est même utile à SENS que tous ne soient pas à SENS, sauf s’il est sens unique, ou...parti unique ! Le SENS ou rien ? Deuxième inquiétude. Le commentaire est en soi une action, si vous me rassurez que dans SENS aussi il y a des commentaires et des analyses. Sinon ce serait ma troisième inquiétude...

    • Le 23 août 2020 à 10:07, par Alex En réponse à : Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

      Moi j’ai pas connaissance d’un mouvement politique ou même d’uns OSC qui s’appelaient SENS avant le 02 août 2020.

  • Le 22 août 2020 à 20:13, par Yek En réponse à : Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

    Monsieur DABIRE aime donner du fil à retordre même aux intellectuels professionnels si je peux dire. Un gentil conseil à Vous : ne demandez surtout pas aux intellectuels africains de faire leur autocritique, ils diront que vous êtes un traitre inauthentique rejeton de l’occident. On vous reprochera d’être des fois un communiste pur sang nostalgique du passé, des fois un porte parole valet de l’occident, parce que vous sortez du sens unique. Sinon je suis mille fois d’accord avec votre proposition d’exiger des partis politiques qu’ils fassent des actions d’intérêt général pour être reconnu. Merci

  • Le 22 août 2020 à 23:06, par Dedegueba SANON En réponse à : Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

    Whaou !, lorsque les philosophes s’empoignent, nous autres "lamda litteraires", sommes forcément débarqués, tellement le niveau culmine trop haut.
    Sur ce forum j’ai cru comprendre que c’est le "français facile " que les lecteurs assimilent le plus. Alors Monsieur Dabire et Monsieur Bao Yam, sans vouloir vous obliger, j’aimerais que vous nous parlez en " français facile ", si tant est que vous voulez ,et j’espère que c’est votre but, que nous autres "analphabètes philosophiques" puissent vous comprendre.
    Sinon vous allez comme nous réduire, en spectateurs de combats philosophiques entre deux philosophes aguerris.
    Personnellement je ne me risquerai pas à dire que j’ai compris tout ce que Dabire a dit tout comme même en étant plus court Monsieur Bao Yam, m’a débarqué par endroits.
    Sans rancune.

  • Le 23 août 2020 à 07:56, par Kinkester En réponse à : Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

    Qu’est ce que Mr Dabiré nous propose concrètement. C’est bien beau de dire à ceux qui s’engagent qu’ils font fausse route. Mais qu’est ce que l’intelluel Dabiré nous propose concrètement. Vous avez raison de dire que les intellectuels de ce continent constituent son problème. Ils passent le plus clair de leur temps à critiquer, à montrer les failles de tout ce que veulent faire les autres et ils se crèpent le chignon pour des détails. Et pendant ce temps bah rien n’avance. Et si vous approchiez les membres de SENS pour discuter des lacunes du mouvement afin de mettre en place quelque chose de solide, ça serait bien non ? Ou bien construire ce pays et ce continent ne vous intéresse pas

  • Le 23 août 2020 à 16:52, par Manuel En réponse à : Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

    Bonjour
    Vraiment difficile à comprendre pour nous autres !
    Mais vous citez des partis tels que le votre, MPS du fuyard pour ne pas le nommer, qui pactisent avec le CDP que vous avez contribuer à chasser !
    Dommage que certains tentent de se cacher derrière des raisonnements de profs d’université, le peuple veut des changements à tous les niveaux

  • Le 24 août 2020 à 17:59, par Jupiter En réponse à : Mouvement SENS : Pour ne pas échouer par trop de sens

    Quant à moi, mon problème réel ici en deux mots, c’est de ne point arriver à me laisser convaincre, de la sincérité de tous ceux qui, après avoir goûté à la transition parce qu’on les y avait placé par confiance en leur probité, se découvrent soudain une âme de politiciens donneurs de leçons ( ZIDA...,KAM Hervé, SOMA Abdoulaye, LOADA Augustin etc.) .Au contraire, cela ne témoigne t-il pas plutôt de leur rapacité vis à vis d’un paradis perdu pour eux, et avec lequel ils veulent à tout prix renouer ?

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?