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Situation nationale des Etats africains : Quelle démocratie pour l’Afrique occidentale anciennement française ?

Publié le jeudi 20 août 2020 à 22h50min

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Situation nationale des Etats africains : Quelle démocratie pour l’Afrique occidentale anciennement française ?

L’actualité politique ouest africaine de ces dernières années n’est-elle pas propice pour s’interroger sur la démocratie africaine ? Du Mali en 2012 au Mali en 2020 en passant par le Burkina Faso (2014), la Guinée (2020) et la Côte d’Ivoire (2020), la démocratie répond-elle aux aspirations profondes des populations ?

Pourquoi l’Etat, l’entreprise la plus noble, n’exige pas pour sa gestion des dirigeants dignes et compétents alors que la plus petite des entreprises exige des compétences intellectuelles et morales confirmées à tout prétendant à sa gouvernance ? Pourquoi pour gouverner les régions qui vivent une insécurité élevée on fait appel à des militaires ou à des membres de la sécurité d’Etat alors qu’on dénie aux militaires la gestion d’un département ministériel ou la possibilité de prétendre à une candidature pour diriger un pays ? Est-ce un pays qui connaît une insécurité endémique ne serait pas mieux protéger par un premier responsable formé pour gérer la sécurité ?

Est-ce vraiment le choix des peuples de ne pas confier leur sort aux militaires ? Faut-il se référer aux douloureux événements du passé pour interdire les militaire d’emploi au sommet de l’Etat ? Il n’y a-t-il pas eu des régimes civils aussi sanguinaires que certains régimes militaires ? La discipline est-elle l’ennemie de la démocratie ?

La Révolution démocratique et populaire n’est-elle pas citée en exemple comme un régime qui a produit des résultats ? Faut-il se priver de l’apport des militaires au sommet de l’Etat même si celui qui veut y prétendre en a les capacités ? Les impératifs du contexte africain n’invitent-elles pas à considérer certains principes de la démocratie occidentale, importée et expérimentée sur le continent sans résultats satisfaisants sur la gouvernance et le développement des Etats depuis trois décennies ?

La conférence de la Baule a maintenant plus de trente ans et les acquis sont-ils à la hauteur des promesses et des conditionnalités ? Faut-il continuer à agir de la même manière qui semble contre-productive depuis une trentaine d’années ? Einstein a-t-il raison d’affirmer que la folie c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ?

Pourquoi pour l’actualité au Mali, la communauté internationale exige le retour à l’ordre constitutionnel sans pour autant exiger des gouvernants le respect des principes de la gouvernance vertueuse : transparence, responsabilité, participation et inclusion ? Pourquoi la communauté internationale et son bras local la CEDEAO demeure dans un mutisme assourdissant quand des Chefs d’Etat érigent leurs missions en obligations prophétiques découlant d’un destin divin ?

Et si on accordait plus de responsabilités aux femmes et aux filles, nos démocraties connaîtraient-elles un visage différent ? Ces questions ne sont-elles pas contraires aux intérêts des professionnels de la démocratie ? Pourquoi le seul fait de disposer de ressources financières, d’avoir des réseaux pour mobiliser quelques centaines de milliers de personnes est-il suffisant pour octroyer une avenue à certains, qui peinent à répondre aux attentes des populations, pour diriger tout un pays ?

Pourquoi s’étonne-t-on que les présidents biens élus, souvent avec des scores élevés, se retrouvent du jour au lendemain contestés et vomis par leurs électeurs ou par ceux qui, souvent plus nombreux ne votent pas mais influencent par la rue ?
En somme, les questions sont-elles aussi importantes que les réponses ? Si oui, pouvons-nous nous poser les bonnes questions pour espérer faire bouger les lignes ?

Dr Poussi Sawadogo
Coach – formateur, Enseignant – chercheur et Diplomate - écrivain
Conseiller en formation de l’IACDI

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Vos commentaires

  • Le 20 août 2020 à 13:39, par PARE Niongui Henri En réponse à : Situation nationale des Etats africains : Quelle démocratie pour l’Afrique occidentale anciennement française ?

    Tant que la CEDEAO vas continuer de se comporter comme une association de chef d’état prompte pour la défense des intérêts de ses membres, il en sera toujours ainsi. La CEDEAO a échoué au Burkina et au Mali. Elle échouera en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Sénégal. La CEDEAO ne répond plus au aspirations des peuples. Il faut une réforme profonde de ces organes.

  • Le 20 août 2020 à 14:19, par Hussein En réponse à : Situation nationale des Etats africains : Quelle démocratie pour l’Afrique occidentale anciennement française ?

    Nous Africains, nous devons apprendre à être nous-mêmes. Quand les francais sont arrivés chez nous, ils ont trouvé un empire mossi très bien organisé, avec un pouvoir monarchique très bien structuré. Cet empire mossi qui existe dépuis le XIe siècle fonctionnait démocratiquement déjà très bien, pendant des siècles où les leucodermes vivaient encore dans les grottes au tour des montagnes européennes et luttaient contre les famines et les ours bruns pour leur survie. Avec l’épistémicide qui a été faite sous l’égide de l’église catholique apostologique romaine contre l’Afrique, nous avons de la peine à nous remettre. Nous devons nous réapproprier notre culture , nos traditions africaines et nous raligner avec nos Ancêtres Africains pour reconstruire l’Afrique. Mais tant que nous voudrions être comme les leucodermes, nous serons toujours dominés par eux car ils seront toujours devant nous dans leur système. La démocratie à l’occidentale chez nous n’est rien pour nous, déjà que sa forme nous est imposée ou qu’elle est copiée.

  • Le 20 août 2020 à 16:02, par Sacksida En réponse à : Situation nationale des Etats africains : Quelle démocratie pour l’Afrique occidentale anciennement française ?

    Beaucoup de questionnement legitime et de fonds, mais bien sur la question centrale est : que voulons nous faire de ce qu’on a fait de nous et de notre culture et experience africaine ?
    Depuis l’esclavage, la colonisation et passant par la neocolonisation actuelle qui ont detruit nos valeurs ancestrales et notre dignite. Mais depuis, nos independances formelle, nous avons continuer a singer les colonisateurs et tous nos leaders qui ont tente comme Nkwame Nkrumah de sortir des sentiers battus pour Unir l’Afrique et avec bien sur des paradigmes endogenes ont ete tues et souvent avec la complicite des Africains eux memes.
    Donc cette democratie occidentalisee et qui n’est pas la notre doit etre revue et refonder une autre democratie adaptee a notre contexte et basee sur notre experience de 60 ans d’independance. En outre, pour le cas du Burkina Faso, il faut rebattir un Etat Democratique et Populaire de type nouveau en en synthetisant toutes nos experience en la matiere et sortir du carcan neocolonial impose par des forces exterieurs et exploiteuses. Ainsi, nous aurons notre ideologie, notre politique qui doit etre populaire, notre droit national et notre justice, notre art et notre culture, notre armee avec des valeurs d’integrite, de patriotisme et d’abnegation au travail pour servir la cause des peuples ou populations. C’est seulement dans ces conditions endogenes que nous pouvons amorcer avec ardiesse un veritable developpement economique, social et culturel et rejeter les non valeurs qui detruisent notre vie. Salut.

  • Le 20 août 2020 à 16:04, par RJ En réponse à : Situation nationale des Etats africains : Quelle démocratie pour l’Afrique occidentale anciennement française ?

    La dignité politique de nos États est mise à rude épreuve dans ce siècle ou nous accusons déjà un retard général de 400 ans sur les autres civilisations du monde.
    Les gouvernements militaires ont déjà fait leur preuve et les civiles également.
    ils faut donc que les populations en toute objectivité et en fonction du contexte sécuritaire aggravé dans la sous régions Ouest Africaine fasse le meilleur choix en terme de gouvernance pour avoir un avenir radieux dans nos pays.
    Le coup de force du Mali est un exemple illustratif d’initiative civilo-militaire elle était si je peut le dire une évidence et une nécessiter.
    De grand combat son à mener aujourd’hui pour la gloire de l’Afrique ; et resté au pouvoir sans vouloir laisser la place à de nouveaux personnages pour faire leurs preuves est inadmissible.
    Chacun à son tour (hommes politique) doit apporter une solution à la résolution des crises dans les pays de la sous région.
    Ainsi chaque président en Afrique à en moyenne un temps de réalisation au sommet de L’État de 10 ans et cela est peut-être peut mais c’est un challenge. Réaliser l’essentielle de sa vision doit être l’objectif premier pour un avenir radieux de son pays.
    Alors à chacun son tour une réalisation concrète seras mener.
    Au Burkina Faso en 4 ans la révolution a fait ses preuves et a été un succès féliciter ici et partout ailleurs.
    On doit retenir qu’en temps de crises il est impossible, il est périlleux de placé les civiles en avant et les militaires en arrière dans les instances de gouvernance.
    Noter Bien que les preuves racontent quelques fois des histoires que la raison contredit.
    De tout les façons, le temps nous le dira et l’histoire retiendra.

  • Le 21 août 2020 à 06:20, par Kinkester En réponse à : Situation nationale des Etats africains : Quelle démocratie pour l’Afrique occidentale anciennement française ?

    Hussein merci pour ton écrit. Il n’y a rien à ajouter. C’est exactement ce que je pense. Nos ancêtres avaient leur mode de fonctionnement. Il faut qu’on s’en inspire. En apportant des améliorations là où il faut. Sinon on ne s’en sortira jamais

  • Le 21 août 2020 à 06:55, par Toto le Neuf En réponse à : Situation nationale des Etats africains : Quelle démocratie pour l’Afrique occidentale anciennement française ?

    La grave erreur est de croire naïvement que la démocratie est la forme PARFAITE de gouverner. Non, non et non. Il aurait fallu pour cela que le peuple fut parfait. Et pour que le peuple soit parfait, il faut que les individus qui le composent soient parfaits. La démocratie est et sera toujours à l’image du peuple. Et le peuple est la moyenne de la somme des individus qui le composent. Un peuple dont majorité de ceux qui le composent sont ignorant est un peuple globalement ignorant et la démocratie qui peu en découler est nécessairement une démocratie "ignorante". Un peuple dont la majorité de ceux qui le composent sont inciviques ou corrompus est nécessairement un peuple globalement incivique ou corrompu et sa démocratie sera nécessairement entachée par l’incivisme et la corruption. Il ne peut en être autrement.
    C’est également une grave erreur de penser qu’un retour aux systèmes de gouvernance des peuples africains précoloniaux sera une solution. Si ces systèmes étaient efficaces (ne parlons même pas de perfection) les grands empires et royaumes africains ne se seraient pas écroulés si facilement devant les conquêtes occidentales. C’est aussi simple que ça.
    On a beau dire que la démocratie est la meilleure forme de gouvernance, force est de constater qu’aucun pays, aucun peuple ne s’est développé sur la base de la démocratie du moins sous sa forme moderne et occidentale. Le développement de l’Occident a été possible grâce à autre chose que je me réserve de nommer ici. C’est seulement quand l’Occident a atteint un niveau de développement très élevé que la démocratie s’est imposée. Et en soit, la démocratie n’est pas mauvaise . Elle nécessite suppose tout simplement une maturité du peuple. Malheureusement cette démocratie occidentale s’est construite progressivement en opposition à ce qui avait été le socle même du développement de l’Occident. Du coup la démocratie est en train d’être le socle de la d’échéance, de la dégénérescence et du déclin de l’Occident. La démocratie est en train de précipiter inexorablement le déclin de l’Occident. Et l’occident entraînera dans sa chute, tous ceux qui singent aveuglément son système démocratique. C’est ça la vérité.

  • Le 21 août 2020 à 10:44, par Camille Desmoulins En réponse à : Situation nationale des Etats africains : Quelle démocratie pour l’Afrique occidentale anciennement française ?

    Belles questions Docteur ! Mais la cause de tous ces dysfonctionnements est unique : l’égoïsme des élites. C’est tout ! Cela amène avec soi la mauvaise pratique de la DEMOCRATIE (noble) à travers la ruse, le mensonge, la félonie, les vices de gouvernance, en toile de fond juste dans un esprit de conservation du pouvoir d’Etat pour soi, sa famille, son clan, son ethnie, etc. La démocratie n’a aucun problème. Ce n’est pas parce que ce n’est pas une création africaine qu’il y a des problèmes. La voiture, les avions, le téléphone portable, le numérique, bref, tous ces outils de blancs, ne sont pas nos créations. Nous les avons empruntés, assimilés à notre vie de tous les jours et maitrisés autant que les premiers créateurs. Avons nous des problèmes ? Non, aucunement ! Pourquoi alors avec la Démocratie et ses principes, on essaie de trouver des excuses. C’est notre égoïsme. Nos intellectuels doivent continuer de prêcher la démocratie et non nous ramener en arrière. La question des militaire avec le pouvoir ? Comme vous l’avez si bien dit, les militaires amènent en politique leurs armes. Le recours systématique à la force et à la violence font qu’ils ne peuvent pas être des démocrates. L’expérience a également montrer que rares de militaires peuvent être comme Thomas Sankara et Charles De Gaulle en politique. Continuons de construire notre démocratie, quelque soit les remises en cause observées ca et la, on réussira vaille que vaille à la redresser dans la bonne direction. Tous ces potentats passeront, mais nos Etats demeureront comme bien éternel et immense pour nos enfants et nos petits qui récolteront les fruits de nos luttes pour la vraie démocratie. C’était Camille Desmoulins, nom de ce jeune révolutionnaire Français de 1789 !

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