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Tabaski 2020 : Quand le Covid-19 et l’insécurité s’invitent à la fête, les chiffres d’affaires valsent !

Publié le jeudi 30 juillet 2020 à 21h55min

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Tabaski 2020 : Quand le Covid-19 et l’insécurité s’invitent à la fête, les chiffres d’affaires valsent !

L’Aid-El-Kebir ou Tabaski sera célébré le vendredi 31 juillet 2020 au Burkina Faso. Les préparatifs de cette fête, véritable moment de partage et de communion, ne sont pas de tout repos. Constat au grand marché de Ouagadougou, dans un salon de coiffure et chez un couturier.

Il est 16h, ce mercredi 29 juillet 2020 à Rood Wooko, le grand marché de Ouagadougou. A peine arrivée, un brouhaha nous accueille. Ici, le tintamarre des engins et des klaxons sont presque assourdissants. Il y aussi les rabatteurs qui se collent à tout potentiel client et ne lâchent prise qu’après avoir réalisé une vente.

Tout se vend dans ce grand marché : des vêtements, des ustensiles de cuisine, des meubles, des chaussures, des condiments, de la viande... A l’entrée Est, des étals de viande de mouton et de bœuf. « Oui madame, y a bonne viande ! », nous lance un boucher, avant de se rendre compte que nous ne sommes pas intéressée. Youssouf Koné est boucher au grand marché depuis des années. Il avoue être déçu du manque d’affluence des clients à quelques jours de la fête.

Youssouf Koné

En plus, le prix des animaux a flambé : « Avant, pour avoir deux gigots, il fallait débourser 100 000 francs. Mais cette année, même 150 000 francs ne suffisent pas pour cela ». La cherté est liée, selon ce boucher, à la situation sécuritaire qui empêche le trafic de bétail depuis la ville de Djibo.

Même son de cloche chez Pierre Ouédraogo. Pour lui, la Tabaski n’a jamais été une bonne affaire pour les bouchers, puisque les musulmans préfèrent se procurer un mouton toujours vivant plutôt que d’acheter des morceaux de viande. « C’est difficile pour les musulmans de payer un mouton et venir encore pour acheter de la viande », soupire-t-il.

Pierre Ouédraogo

Plus loin, en prenant les escaliers du marché, puis des couloirs tracés par les stands des commerçants, collés les uns aux autres, nous arrivons dans la boutique d’Abdoul Aziz Nikiema. Chez lui, on trouve toute sorte de basins cousus ou non. Les prix de ces basins vont de 10 000 à 30 000 francs, et ceux déjà cousus vont de 12 500 à 60 000 francs. Aziz Nikiema arrive tant bien que mal à écouler ses produits et dit ne pas se plaindre, car les clients sont présents même si l’affluence a diminué par rapport aux années antérieures. Cependant, il n’espère plus avoir beaucoup de clients les jours à venir, car « les tailleurs ne pourront pas coudre à temps ».

Abdoul Aziz Nikiema

Nous quittons donc le grand marché à la recherche d’un couturier. « C’est à la dernière minute que les clients viennent », introduit Mika, un jeune couturier que nous retrouvons au quartier Gounghin. Il nous confie qu’il reçoit entre six et huit clients par jour. Un nombre qu’il trouve raisonnable. Par ailleurs, il craint la venue massive des personnes de dernière minute, car c’est dans ces situations que les tissus sont découpés mais pas assemblés à temps.

Dans tous les cas, tous restent unanimes sur l’impact du Covid-19 et de l’insécurité sur leur commerce.

Mika

Nous continuons plus loin dans le salon de coiffure de Fifi, toujours dans le quartier Gounghin. Ici, nous rencontrons une cliente qui vient juste de terminer ses tresses. Roukiatou Batia a choisi de faire une coiffure simple moins chère. « C’est parce que les temps sont durs que je fais cette coiffure simple », justifie-t-elle, ajoutant que la crise sanitaire et sécuritaire du pays a poussé tous les commerçants à augmenter les prix.

Salon de coiffure « Soleil Ivoir » de Fifi

De son côté, Fifi ne se plaint pas de la clientèle. L’approche des fêtes est une occasion pour elle de faire plus de profit. Elle a récemment changé de salon pour offrir un meilleur cadre à ses clientes et leur proposer aussi des produits de beauté. Selon Guitty Fatima, une des employés de Fifi, par jour, le salon peut recevoir une vingtaine de clientes. Elle reste consciente que ce n’est pas comme les années passées, mais comprend que la situation est générale et indépendante de leur volonté.

Roukiatou Batia

De façon générale, l’engouement n’était pas encore à son comble, à quelques jours de la fête. Cependant, tous sont convaincus que le chiffre d’affaires peut basculer à la dernière minute.

Adjaratou Tall (stagiaire)
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