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Tabaski : « Celui qui n’a pas les moyens n’est pas obligé de sacrifier une bête », enseigne l’imam Tiégo Tiemtoré

Publié le samedi 25 juillet 2020 à 13h16min

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Tabaski : « Celui qui n’a pas les moyens n’est pas obligé de sacrifier une bête », enseigne l’imam Tiégo Tiemtoré

L’Aïd el-kebir, appelé communément Tabaski, sera célébré le vendredi 31 juillet 2020 au Burkina Faso. A cette occasion, Lefaso.net est allé à la rencontre de l’imam Tiégo Tiemtoré, des mosquées de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina Faso (AEEMB) et du Cercle d’études, de recherches et de formation islamiques (CERFI) pour comprendre l’origine de la fête, l’esprit qu’elle incarne pour le musulman et les actes prioritaires à respecter.

Lefaso.net : Quel est l’historique de cette grande fête musulmane en quelques mots ?

Imam Tiégo Tiemtoré : La Tabaski, appelé aussi Aid-el-kebir, qui signifie littéralement « la grande fête », est la fête la plus importante de l’islam après l’Aid-el-fitr (la fête qui célèbre la fin du ramadan). Selon l’histoire, la Tabaski commémore la soumission d’Abraham à Dieu qui lui a ordonné de sacrifier son fils Ismaël. La célébration de l’Aid-el-kebir couronne la pratique du 5e pilier qu’est le pèlerinage aux Lieux saints et nous rappelle au souvenir d’Ibrahim, le patriarche, dont la figure emblématique illumine tous les itinéraires spirituels.

Le Seigneur lui avait dit : « Je vais faire de toi un exemple à suivre pour les gens ». Il a vécu des épreuves dures : quitter son père, son pays, sa famille, être insulté être rejeté par son peuple, obéir au sens du sacrifice de son fils jusqu’à l’ultime limite. Durant son parcours, on voit un homme éprouvé, mais gardant une totale confiance en son Seigneur et cherchant des signes qui apaisent son cœur. C’est une leçon pour tous : on a besoin d’être apaisé intérieurement pour être extérieurement apte à vivre avec les autres.

La deuxième leçon c’est que ceux qui déploient toutes leurs forces pour la cause de la vérité et la rectitude et placent leur confiance en Dieu, obtiennent de lui, soulagement et réconfort. Abraham demandait toujours à Dieu de parler à son cœur « pour que mon cœur s’apaise », dit-il.

Il fut l’exemple de ceux qui portent la foi, « l’ami de Dieu » choisi, élevé et rapproché. Abraham est le père-modèle, l’invocateur assidu et confiant, l’amoureux de Dieu, le patriote ; autant de repères pour tous et toutes qui nous exhortent à développer une spiritualité citoyenne, c’est-à-dire cheminer sur la terre de Dieu, avec ses signes, au profit de l’humanité et être un citoyen utile à toute la communauté des créatures de Dieu.

Nous sommes à quelques jours de la fête de Tabaski. Que faut-il faire pour respecter l’esprit de la fête ? Est-il obligatoire pour musulman d’égorger le jour de la Tabaski et quelles sont les conditions liées à l’animal de sacrifice et les types d’animaux à sacrifier ?

Cette parole du Prophète Muhammad : « Il n’y a pas une œuvre plus agréable auprès de Dieu que l’homme puisse accomplir le jour du sacrifice que de sacrifier une bête. Celle-ci est amenée le jour de la résurrection avec ses cornes, ses poils et ses sabots ; son sang atteint une place élevée auprès de Dieu avant même qu’il ne touche le sol. Réjouissez-vous-en ! »
Pour commémorer le sacrifice d’Abraham, chaque famille, dans la mesure de ses moyens, sacrifie un animal qui peut être un ovin (mouton, brebis ou bélier), un bovin (vache, taureau ou veau), un caprin (chèvre ou bouc) ou encore un camélidé (chameau ou dromadaire).

Le sacrifice est considéré comme une tradition prophétique très recommandée pour les musulmans qui disposent de moyens financiers pour le faire. Cela étant, le musulman n’a pas à s’endetter pour acheter une bête pour le sacrifice.
Pour plusieurs écoles juridiques de l’islam, celui qui n’en a pas les moyens n’est pas obligé de sacrifier une bête.

Tout musulman pubère peut sacrifier un animal et il n’est pas interdit aux personnes majeures d’une même famille de le faire en même temps que le chef. Donc, une femme peut sacrifier, en plus de l’animal de son époux. C’est un acte d’adoration et chacun a sa part de récompenses.

Le Coran dit à la sourate 22, que ce ne sont pas la chair ni le sang des animaux sacrifiés qui parviennent à Dieu, mais seulement votre crainte pieuse qui l’atteint, pour montrer la dimension spirituelle de l’acte de sacrifice.

La prière de la fête de Tabaski est-elle obligatoire ? Quels comportements adopter ?

La Tabaski fait partie des deux grandes fêtes des musulmans, avec la fête de Ramadan. La prière n’est pas obligatoire comme les cinq prières quotidiennes, mais très recommandée, en raison des bienfaits. Il est même recommandé aux femmes qui ne sont pas en état de prière, de se rendre tout de même sur l’espace de prière, afin de profiter des bienfaits spirituels liés à la prière.

Très souvent, on observe aussi qu’après la prière, les fidèles se précipitent pour s’en aller sans prendre le soin d’écouter le sermon de l’imam, ce qui n’est pas normal. La règle, c’est de rester pour écouter le sermon car il est pédagogique et renforce la foi du musulman. La prière et le sermon ne dureront qu’une trentaine de minutes. On doit pouvoir faire cet effort, je pense.

A quel moment le sacrifice du bélier est conseillé pour le fidèle musulman ?

La journée de l’Aïd doit commencer par la prière spéciale. Ensuite, le sacrifice de la bête peut avoir lieu. Si l’animal est tué avant la prière, il ne sera pas considéré comme un sacrifice, même s’il reste halal et donc propre à la consommation. Il est permis de sacrifier de jour comme de nuit, mais il est préférable de le faire de jour. La Tabaski est une fête qui dure trois jours, abattage de l’animal compris.

Il y a des propriétaires de mouton qui ne veulent pas égorger eux-mêmes ? Est-ce indiqué ?

La tradition commande au chef de famille de tuer l’animal lui-même. Mais cela n’est pas obligatoire, il peut mandater une autre personne pour le faire à sa place. L’essentiel est de pouvoir réciter les invocations liées à l’acte.

Comment se fait la distribution de la viande du sacrifice ?

Placée sous le signe du partage et de la solidarité, la fête de l’Aïd-el-kébir est l’occasion pour les musulmans de se retrouver et de resserrer les liens entre les membres de la communauté et notamment de ceux qui vivent dans le besoin.
Lors de cette fête, la tradition veut que le premier tiers de la viande soit donné aux pauvres et aux nécessiteux, le deuxième tiers aux amis et aux voisins et le troisième tiers à la famille. Mais, il n’est pas interdit de garder toute la viande pour la famille.

On parle d’actes d’adorations fortement récompensées dans ces jours qui conduisent à la fête de tabaski et du jour d’Arafat. Qu’en est-il ?

Allah dit dans la sourate de l’Aube, « par l’Aube, et par les dix nuits. » Et dans la sourate 22 (le Pèlerinage, « Et pour invoquer le nom d’Allah aux jours fixés…
Les commentateurs du Coran disent qu’il s’agit des dix premiers jours du mois de Zoul Hijja, le mois du pèlerinage.

Le Prophète Mouhamed (saw) a déclaré : « Il n’y a pas d’acte qui soit meilleur aux yeux d’Allah ni plus largement récompensé qu’un bon acte accompli au cours des dix premiers dix jours de ce mois.

Il est donc fortement recommandé d’amplifier toutes les bonnes actions, comme à l’image des dix dernières nuits du Ramadan. Parmi mes actions méritoires et recommandées : lire le coran, faire du zikr, jeûner, prier la nuit, rendre visite aux malades, être généreux, se réconcilier avec ses proches, etc. Le Jour d’Arafat est à veille de la fête de tabaski et le jeûne est fortement recommandé. La tradition prophétique dit que le jeûne du jour d’Arafat est une expiation pour les péchés l’année précédente et pour l’année à venir.

Propos recueillis par Issoufou Ouédraogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 25 juillet 2020 à 17:33, par jeunedame seret En réponse à : Tabaski : « Celui qui n’a pas les moyens n’est pas obligé de sacrifier une bête », enseigne l’imam Tiégo Tiemtoré

    TABASKI !! « Pour commémorer le sacrifice d’Abraham, chaque famille, dans la mesure de ses moyens, sacrifie un animal qui peut être un ovin (mouton, brebis ou bélier), un bovin (vache, taureau ou veau), un caprin (chèvre ou bouc) ou encore un camélidé (chameau ou dromadaire). » Et pourquoi alors cette fête du mouton ? En quoi le mouton est-il plus précieux que le bouc ? Je n’ai rien contre l’aspect religieux dans ce choix ; mais c’est le prix des moutons qui m’indispose. Car j’aime manger. Alors si on pouvait réduire l’aspect prestigieux ou grandiose de la fête du mouton, juste pour permettre à n,importe qui comme moi de sauver son appétit mouton.Cela est possible ; si les fidèles fans du mouton s’entendaient pour sacrifier un mouton par équipe familiale ou quartier, voire pays. Dans le seul but de contribuer à la réduction du coût de ce mouton. L’esprit de partage est dans ça aussi. Ou bien Imam Dick Kéita ? Bonne fête aux croyants. Bonne chance de viande mouton aux rêveuses comme moi.

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