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Crise politique au Mali : La mauvaise foi de la classe politique

Publié le lundi 20 juillet 2020 à 21h50min

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Crise politique au Mali : La mauvaise foi de la classe politique

La crise sociopolitique qui secoue le Mali depuis un certain temps continue de s’enliser. Pour désamorcer cette crise, une délégation de médiation de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) avec à sa tête l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, s’est rendue au Mali dans l’espoir d’aider le pays à résoudre la grave crise qui oppose Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) au M5-RFP (Mouvement du 5-Juin – Rassemblement des forces patriotiques). Après d’âpres négociations avec les parties prenantes de la crise, la CEDEAO a échoué à concilier les protagonistes.

Face à la crise qui secoue le Mali, la CEDEAO a envoyé une mission conduite par l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, et composée de constitutionnalistes francophones, a tour à tour échangé avec le président de la République, plusieurs fois avec l’Imam Dicko et le M5-RFP, le Premier ministre, le camp de la majorité et la société civile. Mais au terme de ces différents entretiens, les propositions de solutions de la mission de la CEDEAO ne correspondent absolument pas aux aspirations et attentes exprimées par le M5-RFP.

En effet, la CEDEAO a recommandé, sans surprise, le maintien d’IBK au pouvoir, la formation d’un gouvernement d’union nationale avec la moitié des membres choisis par le président IBK et le reste réparti entre le M5-RFP et la société civile ; la nomination de six nouveaux juges de la Cour constitutionnelle à raison de trois par le Conseil supérieur de la magistrature et trois par le président de la République.

Avec cette feuille de route proposée par la CEDEAO, certains Maliens se retrouvent dans les doléances du M5-RFP dont la principale demeure la démission du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita ; d’autres, au contraire, restent réticents.

Certes, le président IBK a failli, au regard des résultats. Mais certains opposants exagèrent en lui attribuant tous les problèmes du Mali. C’est pourquoi le plan de la CEDEAO a été très vite rejeté par le M5-RFP, qui reproche aux médiateurs d’avoir procédé à des arrangements qui violent l’actuelle Constitution, et qui ne tiennent aucunement compte du contexte sociopolitique.

Aujourd’hui, tous les Maliens sont unanimes que le pays est dans une posture difficile. Et la plupart des doléances du M5-RFP, qui concernent la crise scolaire, la crise sécuritaire, la mauvaise gouvernance, la corruption, le truquage des élections législatives, sont pertinentes. Mais le seul problème est la qualité et la moralité des leaders qui conduisent le M5-RFP.

Nombre d’entre eux ont été déjà vus à l’œuvre depuis 1991 et sous le régime d’IBK. D’où la méfiance des analystes de la scène politique à leur égard. Ceux-là qui dénoncent la mauvaise gouvernance d’IBK et exigent sa démission, ont contribué, hier comme aujourd’hui, à la destruction du Mali. Et les résultats de la gouvernance d’IBK sont aussi les résultats de ces leaders du M5-RFP.

Ils ont tous occupé de hautes fonctions au Mali. Sans aucun résultat. Le hic est que quand certains d’entre eux étaient très allergiques aux critiques, lorsqu’ils étaient dans le gouvernement d’IBK. Pis, ils ont défendu bec et ongles le bilan du pouvoir.

On se rappelle encore les propos de Mohamed Aly Bathily qui défendait IBK en ces termes : « IBK a hérité d’un Mali qui se trouvait au fond du puits. Il est difficile de cacher les rayons du soleil avec les mains ». Des propos qui frisent l’hypocrisie. D’autres, comme Moutaga Tall et Choguel Kokala Maiga, ont également brillamment défendu le bilan d’IBK.

L’imam Mahmoud Dicko, qui tire aujourd’hui les ficelles du M5- RFP, en tant qu’autorité morale, n’a-t-il pas, pendant son règne au Haut-conseil islamique, activement assisté à la destruction du Mali ?

Certains analystes politiques vont plus loin en mettant le président IBK et les dirigeants du M5- RFP dans le même panier. Pour eux, il n’y a aucune différence entre le président et ceux qui crient aujourd’hui à la mal gouvernance. Ce sont les mêmes personnalités qui défilaient avec le pouvoir. Ce serait donc une erreur de casting de compter sur ces leaders du M5-RFP pour sortir le Mali de l’ornière.

O.I.
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 24 juillet 2020 à 10:41, par hv En réponse à : Crise politique au Mali : La mauvaise foi de la classe politique

    Démission de IBK, ligne rouge à ne pas franchir selon les Chefs d’Etats mandatés pour la médiation dans la crise malienne parce que ce serait à ce qu’il disent,un changement anticonstitutionnel.soit ! Qu’ils nous disent la couleur de la ligne que s’apprêtent à franchir Alassane Ouattara et Alpha Condé, qu’ont franchi Ali Bongo, Faure ?Ne serait-ce pas une continuité ou une continuation anti-légitimité ?La légitimité à notre sens est au dessus de la Constitution car celle-ci ( Constitution)est toujours le fruit, l’oeuvre de bricoleurs, d’apprentis sorciers en laboratoire, l’émanation de la volonté du prince ou du groupe fort du moment ! C’est au nom de la CONSTITUTION que Paul Biya est au pouvoir voilà maintenant 4 décennies ! Donc si ça ne va pas, la LEGITIMITE doit se mettre en place ou en branle comme c’est le cas aujourd’hui au Mali !

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