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Lutte contre le Covid-19 : L’IRSAT met au point un respirateur à ventilation mécanique et un lave-mains automatique et mécanique

Publié le mercredi 15 juillet 2020 à 22h19min

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Lutte contre le Covid-19 : L’IRSAT met au point un respirateur à ventilation mécanique et un lave-mains automatique et mécanique

Pour apporter leur contribution à la lutte contre le Covid-19 au Burkina Faso, les chercheurs de l’Institut de recherches en sciences appliquées et technologies (IRSAT) du CNRST ont mis au point deux technologies. Il s’agit d’un respirateur artificiel à ventilation mécanique et d’un lave-mains automatique et mécanique. Pour en savoir davantage sur ces technologies, nous avons rencontré Frédéric Bationo, docteur en Génie Industriel, Chargé de Recherche CAMES au Département Mécanisation de l’IRSAT. Lisez plutôt !

Lefaso.net : Le département mécanisation de l’IRAST a mis au point deux technologies dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Pouvez-vous nous en parler ?

Dr Fédéric Bationo : En effet, nous avons mis au point un respirateur artificiel à ventilation mécanique et un lave-mains automatique et mécanique.
Le respirateur permet de se substituer partiellement ou totalement à la fonction respiratoire défaillante d’un patient, pendant une durée de quelques minutes à plusieurs semaines en difficulté respiratoire.

Quant au lave-mains, il est automatique et de ce fait permet de se laver les mains sans toucher l’appareil pour éviter les problèmes de contamination du virus. Il est doté d’un autre système mécanique à pédales utilisable au cas où le système automatique venait à être défaillant.

Nous avons mis au point ces deux technologies, pour apporter notre contribution à la lutte contre le Covid-19, qui a fait beaucoup de victimes. On s’est vraiment dit qu’il fallait faire quelque chose. L’IRSAT s’est mobilisé et nous avons mis en place une équipe pluridisciplinaire composée d’ingénieurs, de techniciens, de chercheurs en mécanique, électronique, électrotechnique et biomédicale pour travailler sur ces deux technologies.

Avez-vous rencontré des difficultés dans le processus de mise au point de ces technologies ?

Nous avons eu des difficultés parce qu’il fallait commander certains composants qui n’étaient pas disponibles à cause de la fermeture des frontières, et cela à ralentis un peu le processus de mise au point des équipements. Mais nous y sommes arrivés. Comme difficulté aussi, il fallait rapidement trouver les financements. A cet effet, un appui financier au niveau du CNRST a été déployé pour permettre à ces technologies de voir jour.

Qu’est ce qui est prévu pour la dissémination de ces technologies ?

Déjà je peux dire que pour ce qui est du respirateur, on peut très bien procéder à une vulgarisation, parce que techniquement c’est un équipement qui fonctionne très bien. Nous avons fait des essais de fonctionnement et nous pensons qu’à ce stade, ce prototype peut être reproduit et distribué au sein des hôpitaux et des CSPS pour permettre à des malades qui ont des difficultés respiratoires de pouvoir s’en sortir.

Nous attendons de faire les essais cliniques avant de procéder à la dissémination.
Pour ce qui est du lave-mains, nous avons fait un prototype avec un seul poste. On peut en faire avec deux, quatre, six postes pour tenir compte de l’aspect communautaire. On pourra l’utiliser par exemple au niveau des restaurants universitaires, des entreprises, des banques, des écoles et des hôpitaux ...

Le lave-mains est autonome avec le dispositif solaire, donc ça veut dire qu’on n’a pas besoin de le brancher au secteur électrique de la SONABEL. On peut le brancher au réseau ONEA avec une évacuation d’eaux usées vers les égouts ou un puit perdu. L’automatisme a une autonomie de plus de cinq (5) jours sans soleil. Si le dispositif automatique venait à être défaillant, on peut utiliser le dispositif mécanique en attendant la remise en état de fonctionnement de l’automatisme. Il est facile à fabriquer et à maintenir puisqu’il a été entièrement réalisé avec des composants et matériaux d’œuvre que l’on trouve habituellement sur place au Burkina. Ce qui montre que nous avons proposé un équipement qui est totalement adapté à notre contexte sociotechnique, économique et environnemental.

Pour ce qui est du respirateur, c’est pareil. Nous avons une autonomie de trois à six heures. Il peut fonctionner aussi avec le solaire, ce qui veut dire qu’il est pratiquement sûr et certain que s’il y a coupure de courant, c’est un dispositif qui va toujours fonctionner pour assurer la respiration artificielle du malade. C’est aussi un appareil qui est robuste et peut être maintenu facilement, c’est-à-dire qu’on n’a pas besoin de faire venir des spécialistes d’ailleurs pour le réparer.

En ce qui concerne la vulgarisation, pour ce qui est du respirateur, le prototype, nous l’avons réalisé autour de 900 000 F CFA et le lave-mains, nous l’avons réalisé autour de 400 000 F CFA. Ce qui veut dire que si nous voulons nous mettre en mode production en quantité, c’est sûr et certain que ces coûts vont baisser.

Sur le plan technique aussi, nous pensons que nous sommes au Burkina et les fabricants peuvent également prendre le relai. Nous les chercheurs, ce que nous faisons, c’est de mettre au point une technologie et si nous pensons que la technologie est mûre, nous la mettons à la disposition des fabricants pour leur permettre de pouvoir la vulgariser. Mais tout cela est fait dans un cadre réglementaire avec des contrats.

Depuis le début de la pandémie du Covid-19, nous avons vu plusieurs personnes mettre au point des lave-mains, mais aussi des respirateurs. Vous n’êtes donc pas les seuls. Qu’est ce qui fait la différence avec les autres ?

Je pense qu’il faut qu’on fasse la différence. On sait qu’il y a des gens qui fabriquent des équipements au Burkina Faso. Nous ne sommes pas les seuls à faire des respirateurs, ni des lave-mains. Mais la différence, c’est qu’avec la recherche, nos technologies sont mieux élaborées et respectent une démarche scientifique. Nous sommes dans un pays où nous avons besoin d’appareils robustes, fiables et qui tiennent compte de nos difficultés énergétiques et techniques.

Entretien réalisée par Justine Bonkoungou
Photos et vidéo : Mariam Sagnon
Lefaso.net

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