LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Culture : « Le Sankarisme de nos jours, c’est souvent juste des slogans », dixit Art Melody, artiste musicien

Publié le mercredi 15 juillet 2020 à 21h50min

PARTAGER :                          
Culture : « Le Sankarisme de nos jours, c’est souvent juste des slogans », dixit Art Melody, artiste musicien

La musique et lui, c’est une histoire d’héritage. De 2009 à nos jours, il compte à son actif, six (06) albums. C’est un panafricaniste né. Pour joindre l’acte à la parole, il est devenu en 2015, un agrobusiness man. Il croit dur comme fer, que chacun devrait retourner à ses racines. Lui, c’est Konkobo Mamadou Armel, plus connu sous son nom d’artiste « Art Melody ». Focus sur l’homme, musicien la nuit, agriculteur le jour.

Konkobo Mamadou Armel est né le 1er janvier 1974 à Bobo dioulasso. C’est aussi dans la capitale économique burkinabè qu’il grandit. La musique et lui, c’est une histoire d’héritage. Il raconte : « Ma mère est une griotte. Elle aimait chanter. Tout petit, j’ai été bercé par ses chansons. J’ai grandi avec cela ». Les années passent, le môme est à l’école. Il apprend à lire et écrire. Dans les années 1990, le mouvement Hip-Hop fait son apparition dans le pays. Les flow réveillent l’instinct de musicien du jeune Konkobo. Il commence à écrire ses propres textes et il toaste avec de temps en temps.

2009, le début de sa carrière musicale

L’aspiration de faire des chansons est là. L’inspiration aussi. Mais, il faut attendre l’année 2009 pour voir la sortie de son premier album. Il est sans nom mais le succès est au rendez-vous. Le jeune homme s’appelle maintenant « Art Melody ». Cinq autres albums suivront. Deux en collaboration avec d’autres artistes. Le deuxième est sorti en 2011. Il est intitulé « Zound zandé ». Le 3e voit le jour en 2013. Il s’appelle « Wogdog blues ». Il produit en 2015 « Noogo ». en 2019, c’est « Zoodo » qui est édité. Son 6e est sorti le 5 juin dernier. Il est intitulé « FC paysans ». Entendez par là, « Football club paysans ».


Cliquez ici pour lire aussi Culture : « La musique Burkinabè se porte bien », dixit Massa Deme, artiste musicien


Pour son dernier album, il justifie le titre : « j’ai pris le coté football pour illustrer un peu l’esprit d’équipe. Nous avons un problème. Tout le monde parle de famine, de conflits partout. Dans ma tête, quand notre nombre sera élevé, en tant que jeunes à pratiquer la terre, nous aurons gagné le combat. » Pour lui, le combat est économique. L’on est donc dominé sur le plan économique. « Nous sommes une société de consommation », peste-t-il. Il est convaincu que les populations doivent produire ce qu’elles-mêmes consomment. Ainsi, elles n’auront même pas besoin de sortir avec des pancartes pour revendiquer.

Chaque année, Art Melody vend entre 500 et 600 poulets

Musicien la nuit, agriculteur le jour

Art Melody ne se contente pas seulement de la musique. En 2015, il décide de retourner à la terre. Le voici donc paysan. Grâce à la musique, des partenaires l’aident à disposer d’un terrain d’une superficie de 5 hectares 900m2. C’est dans la commune de Pabré, à la sortie Nord-Est de Ouagadougou. Il y fait de l’élevage de poules, de pintades, d’oies, de gros et de petits ruminants. Il fait également des reboisements d’arbres fruitiers. Il a aussi un potager. Il cultive du mil, du maïs, des arachides… A l’aide d’une fontaine, il arrose à tout moment ses plants. Pour le travail, il a deux salariés permanents et quatre saisonniers.

Art Melody prône pour le retour aux sources. Ici il est arrêté à côté d’un manguier

L’agriculture, c’est un retour aux sources. Quand on lui demande sa motivation, il répond sans hésiter : « Je suis né d’une famille d’agriculteurs. Mon père et ma mère le sont. J’ai grandi dans ça. Je me suis rendu compte que tout ce que je dis dans mes chansons, je ne suis pas acteur de cela. C’est comme si on critique le système parce qu’ils n’ont pas fait ceci ou cela. Qu’est-ce que toi-même tu as fait ? » C’est donc une façon claire pour lui, de joindre l’acte à la parole. « Pour avoir le culot de dire à quelqu’un de faire, il faut qu’on me voit faire », ajoute-t-il.

La plupart des Sankariste de nos jours, c’est juste des slogans

Art Melody à travers cet arc, se soucie également de ce qu’il mange. « J’ai des poules pondeuses à la maison. Le maïs, c’est de mon champ. Les arachides également ». L’artiste est fan des idées du Capitaine Thomas Sankara, le leader de la révolution d’Août 1983. Pour lui, on ne doit pas seulement utiliser les slogans de l’homme.

l’artiste est un panafricaniste, il joint l’acte à la parole en produisant ce qu’il consomme

Il se désole de la réalité du moment. « La plupart des Sankaristes de nos jours, c’est juste des slogans. Sankara a dit tant, tant, mais on ne les voit pas sur le terrain. Pourtant au lieu de parler de ça, moi je viens faire les actions de Sankara sur le terrain », explique-t-il. Il est convaincu que l’on n’a même pas besoin qu’un Sankara vienne dire de produire ce que l’on consomme. C’est tout à fait naturel.

Musicien et agriculteur, ce n’est pas facile. Mais, l’artiste dit pourvoir tenir le coup. Il souligne, « quand je suis au champ, je me donne au maximum. Quand je suis en tournée, je donne tout le maximum également pour la musique ». Pour le moment au champ, l’heure n’est pas encore à la réalisation de gros chiffre d’affaires.

l’artiste cultive dans son espace du mil, du maïs et des arachides. Il a également un potager.

Néanmoins, chaque année, il a au moins une tonne de maïs, une tonne de mil. 500 à 600 poulets sont vendus par an. « Pour le moment, on ne gagne pas encore. On essaie de stabiliser et de payer les salaires. Cette année, je pourrai dire que les salaires viendront du champ » explique, le paysan musicien. Mari d’une femme et père de deux enfants, il espère que demain sera meilleur.

Dimitri OUEDRAOGO
Adjaratou Tall (vidéo)
Bonaventure Pare (photo)
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 16 juillet 2020 à 08:56, par kwiliga En réponse à : Culture : « Le Sankarisme de nos jours, c’est souvent juste des slogans », dixit Art Melody, artiste musicien

    "La plupart des Sankaristes de nos jours, c’est juste des slogans."
    Et de la récupération de symboles idéologiques, qui ne servent qu’a provoquer une inflation délirante sur le faso dan fani, qui ne sert aujourd’hui qu’à vêtir les classes supérieures.
    A mon sens, et pour épouser une grande partie de l’idéologie qui animait Thomas Sankara, il serait désespéré de ce constat.

  • Le 16 juillet 2020 à 09:01, par Sacksida En réponse à : Culture : « Le Sankarisme de nos jours, c’est souvent juste des slogans », dixit Art Melody, artiste musicien

    Courage a cet Artiste Musicien et Paysan, une belle initiative qui traduit concretement l’une des idees de la Revolution Democratique et Populaire. Car les idees de Sankara et la Revolution avaient impacte beaucoup de domaines : Prise de conscience et une transformation des mentalites, conditions pour impacter les domaines sociaux, economiques et bien sur culturels. Dans le Sankarisme, il y’a les politiciens, les artistes et les militants de la societe civile ; chacun de ces groupes vivent et agissent selon qu’ils peuvent en tant que "Sankaristes" ou "Sankariens" dans son domaine d’activites. En tout etat de cause, la majorite de notre peuple dans les villages et les villes sont des hommes integres. Cependant, les politiques ont des difficultes bien sur a incarner les idees de ce grand homme qu’a ete le Capitaine Thomas Sankara ; panafricaniste et revolutionnaire. Salut.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Dédougou : Le festival des masques signe son retour
Burkina / Musique : Patrick Kabré chante Francis Cabrel