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Double salaire : Des vauriens dans l’Administration

Publié le vendredi 23 septembre 2005 à 07h40min

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Ça s’appelle de la mauvaise foi : des fonctionnaires animés par le désir
effréné du gain facile, sucent l’Etat jusqu’à la moelle. Ils perçoivent deux
salaires, dont un injustifié, puisqu’ils n’exercent pas en même temps deux
fonctions dans l’Administration publique. Ils ont quitté un poste de
responsabilité pour un autre, dans un autre secteur d’activité, mais continuent
de recevoir leur premier salaire.

Et ils n’informent pas le service chargé de la
solde. Préférant ainsi se faire du fric sur le dos de l’Etat, donc du contribuable
burkinabè. Nous avons déjà donné l’alerte dans l’une de nos récentes
éditions. Dans cette Administration publique, à l’évidence, la morale est
devenue une chimère.
Il y a des dysfonctionnements criards. Car le "salaire de trop", versé dans le
compte du bénéficiaire, a suivi un circuit. Si les services concernés étaient
bien organisés, donc animés de conscience professionnelle, ils auraient pu
détecter la faille.

Mais il y a des complices qui plombent le système, creusant
ainsi l’économie nationale. C’est à se demander s’il existe un réel système de
contrôle. Certes, il y a des opérations ponctuelles de suivi des mouvements
financiers. Mais ces efforts pourraient être à la longue annihilés, si l’on n’y
prend garde. Car déjà, si l’Etat, en toute âme et conscience, prenait la peine
d’évaluer ces pertes, il se rendrait compte des graves conséquences sur les
élans de développement.

Aussi faut-il qu’il y ait un bon système de contrôle, susceptible de détecter les
brebis galeuses et de les soumettre à des sanctions, conformément à la
réglementation en vigueur. Pour que cette action soit efficace, il faut oeuvrer,
autant que possible, à combattre la corruption, le clientélisme, le népotisme et
tous les autres maux qui minent l’Administration. Sinon, ce serait peine
perdue.

Il faut que l’Etat use de stratégies adéquates pour mettre de l’ordre dans les
différents secteurs d’activités. Car, bien souvent, ceux qui perçoivent les
doubles salaires se croient indécrottables. Ils se permettent même, dans
certains cas, de narguer ceux qui osent leur rappeler qu’ils sont des fautifs.

Allant souvent jusqu’à vouloir compromettre leur carrière. A cette allure,
certains agents de contrôle finissent par se réfugier dans la résignation. Ils
n’osent pas broncher, de peur de perdre leur poste. Ainsi, l’Administration,
l’un des outils fondamentaux du développement, est prise en otage par des
individus ou des groupes d’individus à la recherche permanente du profit
indu.

On se souvient encore des déclarations d’un membre de la sphère dirigeante
de la direction des Impôts : sur la trentaine de ministres du gouvernement
burkinabè, environ 1/3 seulement est à jour de ses impôts et taxes. Le même
problème se pose dans certaines mairies, avait-il déploré, il y a près d’un an.
Sont-ils tous aujourd’hui en règle ? Rien n’est moins sûr. Dans tous les cas, il
serait injuste de sauter à bras raccourcis sur les pauvres et les faibles, sans
protection politique, alors que les riches et les puissants n’honorent pas le
fisc.

Le développement ne saurait être effectif dans un univers où l’injustice et
l’impunité sont en train de régner en maîtres.
La conscience citoyenne et professionnelle devrait être de mise si l’on veut
donner une impulsion au progrès national. Le cas échéant, le cumul de
frustrations chez les citoyens pourrait conduire à des frondes sociales. Et ce
serait bien dommage pour un pays qui aspire, selon le Premier ministre
Paramanga Ernest Yonli, à être "la première puissance économique
sous-régionale en 2015".

Certes, le projet est louable, mais il convient de
définir un schéma pratique, à la fois efficace et efficient, assainir
l’environnement moral. Autrement, on continuera dans la logique de l’à-peu-
près, sans jamais se résoudre à atteindre des objectifs de développement
humain durable. Ce sont, finalement, les citoyens honnêtes qui paient le
lourd tribut.

C’est pourquoi, par un engagement farouche, l’Etat doit
débarrasser l’Administration publique des paresseux, des tricheurs, de toutes
les saletés morales qui la tirent vers le bas. Si, à tout cela, il faut ajouter la
corruption, on se demande sérieusement où on va. Peut-être vers un
méga-audit du PNUD, comme en Centrafrique ? En tout cas, il y a lieu de
sonner le tocsin pour un véritable réarmement moral.

"Le Pays"

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