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Accusations de l’IGE : Transparence à la sénégalaise

Publié le vendredi 23 septembre 2005 à 07h25min

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L’affaire dite des « chantiers de Thiès », au Sénégal, a enregistré une nouvelle victime, même s’il ne s’agit pour le moment que d’accusations. L’ex-premier ministre Idrissa Seck, en prison depuis deux mois déjà, n’a pas encore compris ce qui lui arrive, qu’un autre « gros poisson » du sérail politique sénégalais vient de tomber dans la nasse de l’Inspection générale d’Etat (IGE).

La machine de la transparence est donc résolument mise en marche au pays de Senghor, et bien malin est celui qui saura dire quand elle s’arrêtera. Dans son sillage cette fois-ci, le très réservé ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop, qui se trouve être lui aussi un natif de Thiès comme son ex-patron, Idrissa Seck. Il est porté contre lui de sérieuses accusations sur l’affaire des chantiers de la capitale du rail. Le ministre Diop, inspecteur du Trésor, a toujours été cité dans cette affaire, mais n’avait jamais été inquiété par la Justice sénégalaise.

On susurre que lui qui détient la carte de résident permanent du Canada, l’équivalent de la nationalité canadienne, y possède des revenus colossaux qu’il aurait investis dans le secteur de l’immobilier entre autres. Malgré son parcours jusqu’alors sans faute, Abdoulaye Diop est pourtant cité dans plusieurs affaires de trafic d’influence, de dépassement de fonds d’équipement, d’acquisition et de distribution de terrains et même de corruption.

Avec ces accusations portées par l’inspectrice d’Etat Nafi Ngom Keïta relatives à son implication dans les chantiers de Thiès, l’argentier de Wade aura fort à faire ; une sérieuse équation qu’il doit en bon matheux pouvoir résoudre. La sortie de l’inspectrice est venue conforter des propos déjà tenus dans certains milieux, qui soutenaient que l’« On ne pouvait mettre en accusation des hauts-fonctionnaires pour des questions de malversations financières, en laissant de côté le principal financier, l’ordonnateur des dépenses de l’Etat ».

La question qu’on se pose maintenant que les accusations sont clairement faites contre le ministre des Finances sénégalais, c’est de savoir si ce dernier aura le courage de quitter le navire du gouvernement de Macky Sall. S’il n’est pas décidé à le faire, Wade pourrait alors se voir obligé de se passer de ses services, histoire d’éviter qu’il gêne l’équipe gouvernementale, mais aussi pour sauver la face du Sénégal devant les bailleurs de fonds et les institutions financières internationales.

C’est la première fois qu’un membre de l’IGE porte des accusations contre un ministre de la République et c’est même pour cela que les autorités compétentes se doivent de réagir conséquemment pour éviter de créer un précédent dangereux. Dans les milieux bien introduits, on estime qu’« Avec cette nouvelle donne, synonyme de doute sur la moralité de l’argentier de la nation, le sac gouvernemental de Macky Sall est désormais infesté par un fruit pourri, dans son domaine le plus névralgique et le plus délicat, que sont les finances ». Ce fruit sera-t-il jamais extirpé ? Ce qu’on sait, c’est que le principal accusé crie à tout vent que les gens perdent leur temps et qu’il n’est pas question pour lui de rendre le tablier.

Pour sa propre image, il est bien préférable pour monsieur l’inspecteur de revoir sa copie. La morale et le sens de l’honneur le commandent. Il n’a donc qu’à prendre l’exemple sur son collègue des Infrastructures et des Transports, Mamadou Seck, qu’un incident de moindre envergure et de moindre gravité avait contraint à rendre le tablier en 2001, avant de rejoindre le gouvernement après avoir été blanchi des supposées malversations financières dont il avait été accusé.

Ce qui est sûr, du côté de Dakar, on avance la transparence et la bonne gouvernance comme un modèle de gestion. C’est d’ailleurs pour cela que l’homme du sopi a institué la Commission nationale de lutte contre la corruption et la concussion. Pour éviter le paradoxe, le célèbre avocat sénégalais doit trancher sur cette affaire qui met aujourd’hui en cause son ministre des Finances. La transparence, c’est le maître mot au Sénégal aujourd’hui. Au début et à la fin de l’action gouvernementale, c’est presqu’un défi quotidien que Wade entend relever avec les siens.

D. Evariste Ouédraogo

Observateur Paalga

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