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Centre-Sud : Le ministre de l’Eau à l’école de résilience du barrage de Konioudou

Publié le lundi 6 juillet 2020 à 21h20min

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Centre-Sud : Le ministre de l’Eau à l’école de résilience du barrage de Konioudou

Le ministre en charge de l’Eau, Niouga Ambroise Ouédraogo, a organisé une tournée de constat des barrages dans les régions du Centre-Sud et Centre-Ouest. Parmi les barrages menacés dans ces zones, le Comité d’usagers de l’eau (CUE) du barrage de Konioudou, dans la province de Kombissiri, a fait preuve d’une résilience qui est un cas d’école.

Dans le jargon de l’hydraulique, le type de barrage du Bazèga est appelé « barrage Maton », parce que c’est l’un des premiers barrages du Burkina Faso. Réalisé en 1962, ce barrage se trouve dans un état moyen actuellement mais « la digue est fortement végétalisée, l’ouvrage est envasé », souligne la direction régionale de l’Eau du Centre-Sud.

Situé dans la commune de Toécé, le barrage de Bazèga a une capacité de 1 075 125 m3. En plus de sa vocation agricole, cette infrastructure a un bassin de 30 hectares pour la pisciculture, construit en 2019.

Mais dans la matinée du samedi 4 juillet 2020, c’est un triste constat qui a été fait par le ministre en charge de l’Eau, Niouga Ambroise Ouédraogo et ses collaborateurs. « Malheureusement, nous avons vu un barrage menacé. Il y a l’effet anthropique, c’est-à-dire que tout le monde s’installe au tour, tout le monde vient pomper, personne ne se soucie de la préservation de la ressource. Conséquence, cette année, c’est la toute première fois que le barrage s’est asséché totalement. Alors que c’est le barrage qui héberge les premiers bassins piscicoles du Burkina Faso », a-t-il déploré.

Le ministre de l’Eau, Niouga Ambroise Ouédraogo, a visité une dizaine de barrages

Pour lui, il y a deux principaux problèmes qu’il faut régler dans ce barrage. Premièrement, il n’y a pas d’organisation des producteurs, ce qu’on appelle le Comité d’usagers de l’eau (CUE). Le deuxième problème, les exploitants sont installés dans la cuvette du barrage. « En ce qui concerne la dégradation physique du barrage, l’Etat est disposé à le faire. Mais il le fera que lorsqu’il est rassuré qu’après avoir investi, les usagers qui tirent tant de ressources financières vont aussi s’impliquer », a-t-il prêché aux différents acteurs de la localité.

Une vue du barrage de Bazega

« Une seule personne peut gagner 4 ou 5 millions de francs CFA »
Parmi les milliers de barrages que compte le Burkina Faso, il y a du bon grain dans l’ivraie. L’un des bons modèles est celui du barrage de Konioudou, dans la commune de Kombissiri. Selon le ministre Niouga Ambroise Ouédraogo, le barrage de Konioudou est « complètement le contre-pied » de celui du Bazèga, du point de vue comportemental.

La digue du barrage de Kouherma, dans la commune de Saponé réalisé en 1992, a cédé.

« Heureusement, ils ont un Comité d’usagers de l’eau dynamique. Ils ont mis de l’argent. Et avant de mettre de l’argent, il faut y croire ; c’est ce qu’ils ont fait », se réjouit le ministre. Et ce n’est pas le secrétaire du CUE de Konioudou, Adama Ouédraogo qui dira le contraire. « Le comité a organisé les membres. Nous avons fait une cotisation. La profondeur était de six mètres donc nous avons payé des sacs de riz et de haricot, de l’huile pour manger et travailler », a-t-il indiqué.

Avec sa capacité de 4.000.000 m3, le barrage de Bion (province de Zoundwéogo) est le plus grand du Centre-Sud

De son explication, le chef du village a été d’un grand appui dans l’organisation pratique parce qu’il a donné l’information à tout le monde. « Ce sont les jardiniers qui se sont organisés et ont travaillé. Les cotisations ont varié entre 15 000 et 25 000 francs CFA. Le total faisait 23 825 000 francs CFA », a précisé Adama Ouédraogo. Il a, d’ailleurs, profité de l’occasion pour demander le ministre de leur venir en aide, car « ce n’est pas facile ». Il s’agit de faire la réhabilitation du barrage.

Une doléance que le premier responsable des barrages du Burkina a bien noté, car de son avis, c’est le plus grand barrage de la commune de Kombissiri et ce sont 10 000 personnes qui exploitent ce barrage. Les statistiques montrent que les barrages participent à l’économie. Selon Adama Ouédraogo, les exploitants de ce barrage réalisent des chiffres d’affaire évalués à des millions dans l’année : « une seule personne peut gagner 4 ou 5 millions de francs CFA », a-t-il confié.

Adama Ouédraogo, le secrétaire du Comité d’usagers de l’eau (CUE) de Konioudou

Du 2 au 5 juillet 2020, la tournée du ministre dans les régions du Centre-Sud et Centre-Ouest a permis de visiter treize barrages dans cinq provinces. De manière générale, le ministre Niouga Ambroise Ouédraogo note que dans beaucoup de barrages, il manque une organisation chez les producteurs pour l’entretien courant. « Nous avons constaté des barrages dans un état de dégradation avancée. Le cas le plus patent, c’est celui de Kaya Navio (commune de Tiébélé dans la province du Nahouri) », a-t-il déploré.

Cryspin Masneang Laoundiki
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 6 juillet 2020 à 17:10, par N’Gouakou En réponse à : Centre-Sud : Le ministre de l’Eau à l’école de résilience du barrage de Konioudou

    Que le Chef de Konioudou soit un des acteurs de cette réussite n’est vraiment pas étonnant pour celui qui le connait. Très humble et plein d’idées et de rigueur.
    Chapeau bas au Konioudou.

  • Le 7 juillet 2020 à 20:03, par pitoyable ! En réponse à : Centre-Sud : Le ministre de l’Eau à l’école de résilience du barrage de Konioudou

    D’une manière générale, nos barrages, lacs et autres sont très mal gérés. Le code de l’environnement n’est pas respecté à savoir la bande de servitude de 100 mètres pour protéger la retenue d’eau d’ensablement, pollution.Nous avons un ministre de l’eau, un ministre de l’environnement, un ministre de l’agriculture et un ministre des ressources animales soit au moins 4 mais hélas, nous sommes incapable de gérer rationnellement ces ouvrages qui coûtent des centaines voire des milliards de F CFA. Et, pourtant, parmi ceux qui utilisent cette eau pour leurs activités, certains peuvent avoir des revenus qui se chiffrent en millions de F CFA par an mais sont incapable de dépenser quelques dizaines de milliers de F CFA pour leur entretien. Combien de digues sont envahis par les arbustes/arbres et autres broussailles car non entretenus chaque année ou une simple pierre enlevée et que personne prend la peine de remettre pour éviter que l’eau s’infiltre dans la digue ? C’est triste mais nous sommes nous même les propres fossoyeurs de notre mal développement. Le développement, c’est d’abord un changement de comportement et de mentalité. Bannissons notre mentalité d’assisté permanent !

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