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Lutte contre la pauvreté : à chacun sa gamelle

Publié le jeudi 22 septembre 2005 à 07h17min

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L’Afrique pourra-t-elle jamais s’affranchir des chaînes obscures de
l’Occident ? Se décider enfin à rompre les liens de dépendance, de
domination et de vassalisation qui l’unissent aux anciennes métropoles ?

Après plus de quarante-cinq années d’indépendance, il est constant que les
nombreuses aides injectées sur le continent n’ont, en général, pas réussi à le
conduire sur les prairies ensoleillées du développement, et à la débarrasser
définitivement des haillons du misérabilisme.

Une Afrique qui, décidément,
peine à trouver ses marques et qui n’a de cesse de tourner en rond.
Après les Programmes d’ajustement structurel imposés par les institutions
financières internationales à une majorité de pays du continent, ceux-ci se
voient en train de s’essayer à un autre concept, tout aussi similaire, dicté,
une fois encore, par l’étranger. Il s’agit du Cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté, dont la finalité est d’apporter un mieux-être aux populations
africaines.

Un programme dont on peut déjà douter de la pertinence, parce
que justement non conçu par les Africains eux-mêmes. Cela fait, réussira-t-il
à sortir nos populations de la misère ambiante ? On peut en douter. D’abord,
parce qu’il a été imposé par l’Occident. Et ensuite, à cause du contexte
généralisé de corruption qui caractérise nos Etats, un fléau pour lequel
malheureusement, bon nombre de décideurs politiques africains n’ont pas,
jusqu’à présent, montré une réelle volonté de prendre le mal à bras-le-corps.

Dans un climat où les fonds destinés au bien-être des populations cibles ne
vont pas toujours là où il faut, c’est avec juste raison qu’on peut se demander
si ce nouveau programme de lutte contre la pauvreté ne fera pas surtout
l’affaire de quelques-uns, qui ajouteront du beurre dans leurs épinards et
lutteront pour ainsi dire contre leur propre pauvreté, au détriment de la
grande masse, toujours à porter le poids de la misère et à espérer vainement
des lendemains meilleurs.

Et puis, l’Afrique peut-elle sortir du gouffre du
sous-développement alors que l’élaboration des projets sur le continent
(parfois très budgétivores) est, en général, assortie de conditions qui
empêchent son décollage ? Quand un bailleur de fonds, pour investir en terre
africaine, impose ses techniciens, son matériel, ses fournisseurs, quand la
quasi-totalité des fonds investis repart là d’où elle provient sous d’autres
formes, c’est à se demander si, en définitive, ce bailleur de fonds, ce
soi-disant bienfaiteur, veut réellement le bien de ceux qu’il prétend aider.
Cela ne traduit-il pas quelque part, l’hypocrisie de ce "bienfaiteur" ?

En tout
cas, si ce genre de comportements ne passe pas pour une aide à la
recolonisation, il ressemble de fort belle manière à un refinancement des
économies du Nord. Un système fait de sorte que les "bienfaiteurs" de ce
genre en tirent le meilleur parti, toutes choses de nature à fragiliser
davantage le continent. Tout se passe comme si on aidait l’Afrique à être
solvable avant d’être mieux exploitée.
Ainsi, voir la lueur au bout du tunnel, c’est-à-dire le développement du
continent, ce n’est pas demain la veille. Après les salaires mirobolants, les
véhicules de luxe, etc., il ne reste généralement pas grand-chose sur le
terrain. Cela doit cesser.

Si l’Afrique en est toujours à tourner en rond, c’est sans doute aussi par la
faute de bon nombre de ses dirigeants qui n’ont pas de vision prospective du
développement. Pour beaucoup, la seule chose qui compte, c’est que leur
fauteuil ne soit pas ébranlé.

Face à la quasi-impossibilité, pour le continent, de se mettre debout et
d’entamer sa marche résolue vers le progrès, les plus pessimistes croient
qu’il faut laisser l’Afrique se battre toute seule, sans la tutelle de l’Occident,
avançant que les pays du Nord ont pu dompter leur environnement qui était,
à une étape de leur histoire, encore plus sauvage et plus austère.

Qu’abandonnée à elle-même, son genie va véritablement éclore pour
prendre le destin du continent en main. Sont de ceux-là Raymond Cartier,
avec sa théorie du cartérisme.

Mais d’aucuns rétorqueront que très peu de
chefs d’Etat, parce qu’ils n’ ont pas les mains libres, sont obligés de se
comporter en victimes consentantes face aux parrains occidentaux. Reste
qu’il faut avouer que beaucoup d’entre eux sont si obnubilés par la
préservation de leur pouvoir qu’ils n’ont pas toujours eu le sens de l’Etat.

Le décollage ne semble assurément pas être pour demain. Il suffit de se
rendre à 10 km à la ronde des capitales africaines pour constater comment le
contraste entre la capitale et la campagne est saisissant, en termes de
misère. Enfants au ventre ballonné, manque d’eau potable, analphabétisme
famine, insalubrité, etc., on se croirait vraiment au Moyen-âge.

A l’évidence,
ce n’est pas la capitale qui fait un pays, mais plutôt le développement
homogène constaté sur l’ensemble du territoire. Comme à Taïwan, en
Malaisie, etc., des pays dont les premiers plans de développement datent des
années 70, c’est-à-dire après nos célèbres années d’indépendance.

Le Pays

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