LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Que dit la science sur les cigarettes électroniques plébiscitées comme alternatives moins nocives ?

Publié le samedi 20 juin 2020 à 22h50min

PARTAGER :                          
Que dit la science sur les cigarettes électroniques plébiscitées comme alternatives moins nocives ?

Le 9 mars dernier, l’Institut Américain des Consommateurs (American Consumer Institute) a publié un rapport sur les cigarettes électroniques (e-cigarettes) et la santé publique. Ce rapport s’ajoute à la longue liste d’études qui indiquent que l’e-cigarette est moins nocive que la cigarette conventionnelle (combustible), malgré les controverses.

La mission affichée de cette organisation non gouvernementale est de « promouvoir le bien-être économique en améliorant la compréhension et l’impact des politiques publiques et des régulations sur les consommateurs dans un contexte de libre-marché ». Leur rapport, intitulé La réglementation sur les cigarettes électroniques met-elle en danger la santé publique ? Examen des preuves et faux-pas politiques, met en lumière les idées, souvent contestées, répandues sur les e-cigarettes, et souligne leur potentiel inexploité pour atténuer les dommages causés par le tabac combustible.

La cigarette classique tue chaque année plus de 8 millions de personnes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Depuis quelques années, les e-cigarettes connaissent une popularité grandissante et leur impact sur la santé publique provoque des débats animés. Plusieurs controverses sont, en effet, à noter. L’une des plus récentes concerne un rétropédalage de la revue Journal of American Heart Association (JAHA) dans laquelle deux chercheurs avaient affirmé que l’e-cigarette était un facteur de risque accru de crise cardiaque. Suite à plusieurs protestations sur le bien-fondé de leurs recherches et une contre-expertise, la revue s’est rétractée.

En 2015, le Département de Santé Publique en Angleterre (Public Health England) affirmait que le risque de maladies diminuait de 95% avec la cigarette électronique. Les toxines contenues dans les e-cigarettes seraient, généralement, 100 à 1.000 fois moins présentes que dans les cigarettes combustibles.

Par ailleurs, il a également été démontré que ces alternatives au tabac combustible constituaient les aides au sevrage les plus courantes et les plus efficaces à la disposition des fumeurs. En février 2019, une étude publiée dans la revue New England Journal of Medicine, démontrait que l’e-cigarette allait jusqu’à soutenir les fumeurs qui souhaitent arrêter totalement de fumer. 900 fumeurs candidats à l’arrêt total du tabac ont été suivis.

Durant quatre semaines, la moitié d’entre eux ont utilisé les e-cigarettes et l’autre moitié a disposé des thérapies classiques de remplacement de la nicotine (gommes et pastilles notamment). Un an plus tard, il a été noté que 18% de ceux qui avaient utilisé l’e-cigarette avaient arrêté de fumer, contre 9% parmi ceux qui avaient utilisé les thérapies de remplacement de la nicotine.

Malgré les preuves scientifiques, l’argument principal martelé par les détracteurs de la cigarette électronique est qu’elle est dangereuse pour les jeunes et que son attractivité (arômes sucrés, choix variés, packaging attrayant notamment) en fait des proies faciles. En première ligne, l’OMS qui met en avant la protection des jeunes populations pour justifier une prise de position à l’encontre de l’e-cigarette. L’autorité américaine de réglementation des denrées alimentaires et des médicaments (FDA), quant à elle, va jusqu’à parler d’épidémie de vapotage qui pousserait les jeunes à basculer vers le tabac ensuite. Un grand nombre de taxes et de régulations restrictives ont, de ce fait, été mises en place.

Des millions de personnes dans le monde utilisent les e-cigarettes et pourtant le cadre législatif semble inadapté. Les études scientifiques prouvant une nocivité moindre par rapport au tabac combustible s’accumulent. Au même moment, les interdictions, restrictions et taxations pleuvent.

La FDA a mis en place des mesures qui forcent les vendeurs à soumettre au préalable une demande d’autorisation de vente (Premarket Tobacco Application). Par ailleurs, l’Etat du New Jersey est en passe de mettre un terme à la vente d’e-cigarettes d’ici avril 2020. L’Etat du Massachussets a voté une loi pour la mise en place d’une taxe de 75% sur les ventes.

Pourtant, le rapport de l’Institut Américain des Consommateurs insiste : « Certaines preuves empiriques indiquent que le vapotage par des mineurs ou des non-fumeurs est peu fréquent ». Et d’ajouter : « la réalité est plus nuancée. Les e-cigarettes sont bien moins nocives que les cigarettes combustibles et constituent un des moyens les plus utilisés et efficaces dans le cadre d’un arrêt total du tabac ».

Nombreux sont ceux qui appellent les législateurs et régulateurs à positionner l’e-cigarette dans le cadre une stratégie globale de réduction de la nocivité. Pour l’Institut Américain des Consommateurs, « ils doivent déterminer quelles politiques sont les plus appropriées pour protéger la population tout en encourageant les fumeurs à envisager l’e-cigarette comme une alternative plus saine ».

Le danger, indique le rapport, ne se situe pas dans le produit, mais dans des décisions inadaptées et « des restrictions trop zélées ou mal conçues sur le vapotage, combinées à des informations trompeuses sur les véritables risques pour la santé qui dissuadent les fumeurs de rechercher une alternative potentiellement vitale ».

En Afrique, la cigarette électronique ne constitue pas un phénomène répandu et fait face à de nombreuses interdictions et taxations. Notamment au Kenya, au Rwanda, en Tanzanie et plus récemment au Ghana et en Afrique du sud. Néanmoins, le continent devrait également être concerné par ce débat de spécialistes car la vente des nouveaux produits du tabac prend malgré tout de l’ampleur, notamment sur internet.

Tous s’accordent néanmoins sur ce point : l’arrêt pur et simple de la cigarette est le moyen le plus sûr de se prémunir de maladies graves.

MARIE CAMARA

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 20 juin 2020 à 23:42, par Nabiiga En réponse à : Que dit la science sur les cigarettes électroniques plébiscitées comme alternatives moins nocives ?

    Au lieu de chercher des alternatives, il faut quitter carrément car à quoi bon se tuer en fumant les poumons tout en sachant que tôt ou tard, on sera sur des respiratoires incapable de respirer de soi-même. C’est l’homme lui-même qui cherche ses problèmes.

  • Le 21 juin 2020 à 22:04, par jeunedame seret En réponse à : Que dit la science sur les cigarettes électroniques plébiscitées comme alternatives moins nocives ?

    Tabac c’est tabac. Qu’il soit électronique ou naturel, il est tabac nocif. Les capitalistes trouveront les tactiques pour vous exacerber les caprices et vous vendre plus. Et dans certains pays développés, le tabac dit électronique se fume même en classe par les adolescents parce c’est un mode poli et moderne. Malheureusement le nombre de consommateurs orgueilleux a triplé ; pour faire l’affaire des usines au détriment de vos poumons. Quelle imbécilité ! Nabbiga, c’est vrai ; l’homme même aime les problèmes. On voit le mal et on dépense pour l’acheter à tout prix.

  • Le 22 juin 2020 à 09:44, par Gerard Audureau En réponse à : Que dit la science sur les cigarettes électroniques plébiscitées comme alternatives moins nocives ?

    Oui la cigarette électronique est un excellent moyen de sortir du tabac, à condition que ce soit son seul objectif

    Considérer que l’e-cig participe à la "réduction du risque" est aussi vrai que trompeur. En effet,

    1. diminuer sa consommation de tabac ne procure guère d’avantages en termes de santé tant que le tabagisme perdure
    2. favoriser l’adoption du vapotage aux plus jeunes pour suivre l’exemple des plus grands débouche statistiquement sur un risque de passage plus important vers d’autres pratiques
    3. permettre aux industriels du tabac de redorer leur blason en se présentant comme défenseurs de la santé publique par le biais de la "réduction du risque" avec des produits de tabac chauffés est une erreur majeure

    Le vapotage passif existe et est prouvé par le taux de Cotinine dans les urine des vapoteurs passifs.

    Si la cigarette électronique doit être considérée comme une excellente aide à l’arrêt, à l’exemple des autres substituts nicotiniques, elle doit satisfaire au contrôle rigoureux des agences de santé et avec l’assistance de tabacologues formés. Elle ne doit pas, non plus être utilisée dans des lieux à usage collectif.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Ouagadougou : Des voleurs appréhendés au quartier Somgandé